Ce que la chaleur fait vraiment à notre organisme
Fès, Marrakech, Errachidia, Zagora : chaque jour, de nouvelles alertes rouges sont émises par la Direction de la Météorologie nationale. Dans les services d’urgences, les médecins sonnent l’alarme. « Nous recevons de plus en plus de personnes âgées, mais aussi des jeunes sportifs, des ouvriers, des pèlerins revenant du Hajj... Tous touchés par des malaises thermiques », explique le Dr Youssef B., urgentiste à l’hôpital Ibn Tofail de Marrakech.
Si la chaleur est un phénomène naturel, la canicule, elle, est une agression. Au-delà de 42 degrés, le corps humain se bat littéralement pour ne pas s’effondrer. Et souvent, il perd la bataille.
Dès que la température extérieure dépasse celle de notre corps (37°C), le système de thermorégulation est débordé. Le Dr Najat A., médecin généraliste à Casablanca, résume : « Transpirer permet de réguler la température corporelle. Mais sous des chaleurs extrêmes, la sueur s’évapore mal, et la température interne grimpe dangereusement. »
Résultat :
Vertiges, nausées, confusion mentale : premiers signes d’un coup de chaleur.
Au-delà de 40,5°C internes, les organes vitaux (cerveau, reins, cœur) peuvent commencer à dysfonctionner.
Dans certains cas, une hospitalisation en soins intensifs est nécessaire. Et chaque heure compte.
« Le cerveau est le premier organe à souffrir. C’est pour cela que l’un des signes les plus graves est le délire ou l’incohérence verbale », ajoute le Dr Hicham M., neurologue à Rabat.
Qui sont les plus à risque ?
Les médecins interrogés s’accordent : les plus fragiles paient le prix fort. Cela inclut :
Les personnes âgées, dont la perception de la soif est altérée.
Les nourrissons et jeunes enfants, qui se déshydratent très vite.
Les personnes chroniquement malades (diabète, hypertension, insuffisance rénale...).
Les travailleurs exposés au soleil, comme les ouvriers du BTP, les vendeurs ambulants ou les agriculteurs.
Le Dr Sara M., pédiatre à Meknès, alerte : « On voit de plus en plus de bébés amenés en état léthargique, parfois avec des convulsions. Des parents les couvrent de trop, pensant les protéger. C’est une erreur dramatique. »
Hydratation : pas si simple qu’on croit
Boire de l’eau ne suffit pas toujours. Le Dr Youssef précise : « Sous la canicule, on perd aussi des sels minéraux (sodium, potassium, magnésium) essentiels au bon fonctionnement du corps. Les eaux minéralisées ou les boissons réhydratantes sont plus efficaces. »
Autres conseils :
Éviter les boissons sucrées ou caféinées, qui augmentent la diurèse.
Manger léger et salé (soupes froides, bouillons, salades).
Ne pas attendre d’avoir soif pour boire : c’est déjà un signal d’alerte du corps.
Le "coup de chaleur domestique", un danger sous-estimé
Contrairement à ce que l’on croit, le danger n’est pas toujours dehors. Dans certaines maisons mal isolées ou sans ventilation, la température intérieure dépasse facilement les 40 degrés. Le Dr Souad K., urgentiste à Errachidia, déplore : « Beaucoup de décès de personnes âgées surviennent la nuit, dans des pièces étouffantes. »
Recommandations :
Créer des courants d’air, même minimes.
Fermer les volets le jour et aérer dès que la température baisse.
Mouiller le corps régulièrement (douche, serviette humide).
Une partie de la population continue à minimiser la canicule. Le Dr Hicham note : « Il y a une idée ancrée selon laquelle "on est habitués", comme si le corps devenait résistant avec les années. C’est faux. Même les corps acclimatés peuvent céder. »
De plus, les pressions sociales et économiques poussent certains à sortir ou travailler malgré tout : « Un marchand ambulant à Derb Omar ne peut pas se permettre de rester chez lui par quarante-six degrés. Mais il y va au prix de sa santé. »
Témoignages : en première ligne contre la chaleur
Dr Rachid T., urgentiste à Zagora :
Dr Amina D., généraliste à Agadir :
Les bons réflexes pour survivre à la canicule
Boire au moins deux litres d’eau par jour (davantage si activité physique).
Se mouiller le visage, les poignets, la nuque toutes les heures.
Éviter de sortir entre onze heures et seize heures.
Porter des vêtements amples, en coton clair.
Prendre des nouvelles régulières des personnes vulnérables.
Ne jamais laisser un enfant ou un animal dans une voiture stationnée. Même quelques minutes.
Si la chaleur est un phénomène naturel, la canicule, elle, est une agression. Au-delà de 42 degrés, le corps humain se bat littéralement pour ne pas s’effondrer. Et souvent, il perd la bataille.
Dès que la température extérieure dépasse celle de notre corps (37°C), le système de thermorégulation est débordé. Le Dr Najat A., médecin généraliste à Casablanca, résume : « Transpirer permet de réguler la température corporelle. Mais sous des chaleurs extrêmes, la sueur s’évapore mal, et la température interne grimpe dangereusement. »
Résultat :
Vertiges, nausées, confusion mentale : premiers signes d’un coup de chaleur.
Au-delà de 40,5°C internes, les organes vitaux (cerveau, reins, cœur) peuvent commencer à dysfonctionner.
Dans certains cas, une hospitalisation en soins intensifs est nécessaire. Et chaque heure compte.
« Le cerveau est le premier organe à souffrir. C’est pour cela que l’un des signes les plus graves est le délire ou l’incohérence verbale », ajoute le Dr Hicham M., neurologue à Rabat.
Qui sont les plus à risque ?
Les médecins interrogés s’accordent : les plus fragiles paient le prix fort. Cela inclut :
Les personnes âgées, dont la perception de la soif est altérée.
Les nourrissons et jeunes enfants, qui se déshydratent très vite.
Les personnes chroniquement malades (diabète, hypertension, insuffisance rénale...).
Les travailleurs exposés au soleil, comme les ouvriers du BTP, les vendeurs ambulants ou les agriculteurs.
Le Dr Sara M., pédiatre à Meknès, alerte : « On voit de plus en plus de bébés amenés en état léthargique, parfois avec des convulsions. Des parents les couvrent de trop, pensant les protéger. C’est une erreur dramatique. »
Hydratation : pas si simple qu’on croit
Boire de l’eau ne suffit pas toujours. Le Dr Youssef précise : « Sous la canicule, on perd aussi des sels minéraux (sodium, potassium, magnésium) essentiels au bon fonctionnement du corps. Les eaux minéralisées ou les boissons réhydratantes sont plus efficaces. »
Autres conseils :
Éviter les boissons sucrées ou caféinées, qui augmentent la diurèse.
Manger léger et salé (soupes froides, bouillons, salades).
Ne pas attendre d’avoir soif pour boire : c’est déjà un signal d’alerte du corps.
Le "coup de chaleur domestique", un danger sous-estimé
Contrairement à ce que l’on croit, le danger n’est pas toujours dehors. Dans certaines maisons mal isolées ou sans ventilation, la température intérieure dépasse facilement les 40 degrés. Le Dr Souad K., urgentiste à Errachidia, déplore : « Beaucoup de décès de personnes âgées surviennent la nuit, dans des pièces étouffantes. »
Recommandations :
Créer des courants d’air, même minimes.
Fermer les volets le jour et aérer dès que la température baisse.
Mouiller le corps régulièrement (douche, serviette humide).
Une partie de la population continue à minimiser la canicule. Le Dr Hicham note : « Il y a une idée ancrée selon laquelle "on est habitués", comme si le corps devenait résistant avec les années. C’est faux. Même les corps acclimatés peuvent céder. »
De plus, les pressions sociales et économiques poussent certains à sortir ou travailler malgré tout : « Un marchand ambulant à Derb Omar ne peut pas se permettre de rester chez lui par quarante-six degrés. Mais il y va au prix de sa santé. »
Témoignages : en première ligne contre la chaleur
Dr Rachid T., urgentiste à Zagora :
« J’ai vu un jeune homme de vingt-huit ans, ouvrier dans un chantier, tomber dans le coma après huit heures d’exposition au soleil. Son corps était à quarante-deux virgule cinq degrés. Il a mis cinq jours à se réveiller. »
Dr Amina D., généraliste à Agadir :
« Une femme de soixante-sept ans a perdu connaissance après avoir pris le bus en pleine chaleur. Sa tension était à huit, elle était déshydratée. Elle ne buvait que du thé. »
Les bons réflexes pour survivre à la canicule
Boire au moins deux litres d’eau par jour (davantage si activité physique).
Se mouiller le visage, les poignets, la nuque toutes les heures.
Éviter de sortir entre onze heures et seize heures.
Porter des vêtements amples, en coton clair.
Prendre des nouvelles régulières des personnes vulnérables.
Ne jamais laisser un enfant ou un animal dans une voiture stationnée. Même quelques minutes.
Une prévention qui reste à construire
Malgré les alertes météo et les conseils partagés sur les réseaux sociaux, la prévention reste faible. Peu d’affiches, peu de spots radio, pas de campagne nationale de sensibilisation.
« Ce n’est pas qu’un problème de météo. C’est un problème de santé publique », conclut le Dr Youssef. « Il faut former, informer, anticiper. Sinon, la chaleur continuera de tuer en silence. »
« Ce n’est pas qu’un problème de météo. C’est un problème de santé publique », conclut le Dr Youssef. « Il faut former, informer, anticiper. Sinon, la chaleur continuera de tuer en silence. »












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