Le président américain, Donald Trump, a annoncé, le 18 avril, que les Etats-Unis pourraient « passer à autre chose » concernant la guerre en Ukraine, et ce « très bientôt », s’il paraissait que « la paix n’est pas possible ».

Il n’y a « pas un nombre précis de jours (NDLR : pour que Washington cesse de participer aux pourparlers de paix), mais nous voulons régler ça rapidement », a déclaré Donald Trump depuis le bureau ovale.

Son secrétaire d’Etat, Marco Rubio, a, par ailleurs, indiqué, le même jour, que son pays avait « d’autres priorités ».

Avec l’envoi de plusieurs bombardiers américains à capacités nucléaires B2 Spirit sur la base de Diego Garcia, dans l’océan Pacifique, outre la présence de deux groupes de porte-avions américains et de sous-marins à proximité de l’Iran, il est évident que les Américains ont, actuellement, d’autres plans en tête.

N’ayant plus de doutes que l’Ukraine a perdu la guerre contre la Russie, Trump estime plus rentable de réorienter son attention et ses forces vers d’autres théâtres d’opérations.

Mais le fait que Washington rejette la responsabilité de l’absence d’accord, jusqu’à présent, dans les pourparlers en cours visant à mettre fin au conflit sur la partie ukrainienne plutôt que sur Poutine et la Russie est sûrement le plus difficile à avaler pour les dirigeants européens alliés de Kiev.

Et pour se montrer bien clair au sujet de leur nouveau positionnement par rapport au conflit russo-ukrainien, les Etats-Unis ont non seulement voté, le 17 avril, contre une résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies condamnant les actions de la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine, mais le président Trump a également déclaré, le jour d’après, que son pays était prêt à reconnaître la souveraineté de la Russie sur la Crimée.

Londres, dont l’un des objectifs de son soutien à l’Ukraine est de chasser les Russes du port de Sébastopol et de la mer Noire, ne va sûrement pas apprécier ce revirement dans la politique américaine.

Les dirigeants des pays européens alliés de l’Ukraine ont de la peine à admettre la réalité et préfèrent s’enfermer dans leurs illusions d’une probable victoire militaire sur la Russie, ou du moins des difficultés économiques qui contraindraient Moscou à accepter les conditions de paix qui lui sont posées, même s’il est certain que Poutine ne le ferait jamais.

Sans le soutien militaire américain, les pays européens n’ont quasiment aucune chance de parvenir à soutenir seuls l’Ukraine contre l’avance du rouleau compresseur russe, qui avance lentement mais inexorablement.

Plusieurs sources font état de préparatifs intensifs du côté russe pour une offensive du printemps. Il est même question de troupes d’infanterie de marine pour un débarquement au port d’Odessa. 

L’industrie militaire russe fonctionne à plein régime, ce qui est loin d’être le cas du côté des pays européens. La blague sur les Russes qui prélèvent des microprocesseurs sur des machines à laver pour en équiper leurs missiles ne fait plus rire personne.

Quant à mettre l’économie russe à genoux, les chiffres parlent d’eux-mêmes. La croissance du Pib en Russie a été de 4,1%, en 2024, et de moins de 1% dans l’Union européenne.

Les ménages russes supportent un taux d’inflation de quelques 10%, mais les médias occidentaux ont évité de faire écho à l’information selon laquelle la monnaie russe, le rouble, a été la plus performante au monde, l’année écoulée.

Il est tout simplement stupide de s’imaginer mettre à genoux l’économie d’un pays avec l’énorme potentiel en ressources naturelles de la Russie, adossée à une Chine qui s’est faite un plaisir de remplacer par ses produits ceux qui ne viennent plus sur le marché russe des pays occidentaux.

Plus les dirigeants des pays européens alliés de l’Ukraine vont mettre de temps à prendre conscience que la partie est perdue, plus il y aura de pertes ukrainiennes, humaines et territoriales, et moins la Russie sera disposée à se montrer souple dans les négociations.

Les Américains sont déjà en train de passer à d’autres conflits.