Le fait brut
Lors d’une audition de la sous-commission de la Chambre sur la transparence UAP (le nouveau terme officiel pour « OVNI »), le représentant républicain Eric Burlison (Missouri) a projeté une vidéo datée du 30 octobre 2024, filmée par un drone MQ-9 au large du Yémen. On y distingue un « orbe » brillant se déplaçant au-dessus des vagues, suivi par la caméra d’un Reaper. Soudain, un missile Hellfire – tiré, affirme l’élu, par un second MQ-9 – entre dans le cadre, touche l’objet… qui poursuit sa route. La trajectoire du missile, elle, semble se dévier après l’impact. Le Pentagone n’a pas authentifié publiquement la séquence et a refusé tout commentaire aux médias qui l’ont sollicité.
Ce que montrent (et ne montrent pas) les images
Plusieurs indices techniques, relevés par des analystes défense, méritent l’attention. Sur l’overlay vidéo, la mention « LRD LASE DES » suggère une désignation laser de la cible – typique d’un Hellfire guidé par un « buddy lasing » (un drone éclaire la cible pendant que l’autre tire). Signe intéressant : on ne voit pas de boule de feu caractéristique d’une détonation, mais de petits débris éjectés au point de contact. Cela cadre avec un impact tangent (missile qui « effleure ») ou un défaut de mise à feu du fusible en configuration air-air, un emploi où le Hellfire – conçu pour le sol-sol – est moins optimisé qu’un véritable missile à fusée de proximité. Les mêmes analyses notent qu’il s’agirait du premier cas public d’un Reaper engageant une cible aérienne en opération.
Trois hypothèses de travail (aucune preuve définitive à ce stade)
Drone hostile de type Houthi. Depuis fin 2023, les Houthis multiplient drones et missiles contre la navigation en mer Rouge ; les MQ-9 américains patrouillent en permanence et ont déjà été pris pour cibles. Dans ce contexte, un tir Hellfire « opportuniste » contre un UAS lent est plausible. Un impact sans explosion pourrait s’expliquer par un grazing hit (toucher rasant) ou un fusible non adapté au tir air-air.
Artefact capteur / erreur d’interprétation. La parallaxe – l’illusion de vitesse créée par le mouvement relatif du capteur – peut faire paraître très rapide un objet en réalité lent et proche. L’« orbe » pourrait être un petit objet (ballon, drone compact, même un oiseau filmé en IR/EO) dont la signature est amplifiée par les réglages capteurs. Ce scénario n’explique pas toutefois la déviation visible du missile au contact.
Technologie inconnue / « UAP exotique ». C’est l’hypothèse séduisante, brandie par certains témoins à l’audition. Mais aucun élément vérifiable (télémétries, angle multi-capteurs, seconde vue du tireur) ne l’impose aujourd’hui. Dans l’état, c’est un récit possible, pas une conclusion.
Artefact capteur / erreur d’interprétation. La parallaxe – l’illusion de vitesse créée par le mouvement relatif du capteur – peut faire paraître très rapide un objet en réalité lent et proche. L’« orbe » pourrait être un petit objet (ballon, drone compact, même un oiseau filmé en IR/EO) dont la signature est amplifiée par les réglages capteurs. Ce scénario n’explique pas toutefois la déviation visible du missile au contact.
Technologie inconnue / « UAP exotique ». C’est l’hypothèse séduisante, brandie par certains témoins à l’audition. Mais aucun élément vérifiable (télémétries, angle multi-capteurs, seconde vue du tireur) ne l’impose aujourd’hui. Dans l’état, c’est un récit possible, pas une conclusion.
Le contexte opérationnel
Entre 2023 et 2025, les forces américaines conduisent interceptions et frappes contre des vecteurs houthis en mer Rouge et au Yémen. Les MQ-9 y jouent un rôle central. L’armée américaine a déjà validé, en essais, des capacités air-air pour ses drones (AIM-9X sur Reaper, AGM-114L « Longbow » contre drones), et des chasseurs US utilisent même des roquettes guidées APKWS pour abattre des drones hostiles. Autrement dit : tirer en l’air avec des munitions « sol-sol » n’est plus tabou, surtout en urgence opérationnelle.
Ce que l’on sait officiellement… et ce qui manque
Validation technique : ni le Pentagone ni l’AARO (bureau « All-domain Anomaly Resolution Office ») n’ont authentifié la séquence à ce jour. L’audition a même mis en scène des critiques d’anciens militaires contre l’AARO, jugé trop prompt à « rationaliser ». Prudence donc : l’absence d’authentification n’est pas la preuve d’un canular, mais limite fortement ce qu’on peut affirmer.
Contexte politique : l’audition s’inscrit dans une campagne de transparence au Congrès autour des UAP, alimentée par des élus (dont Anna Paulina Luna) et des journalistes spécialisés comme George Knapp.
Contexte politique : l’audition s’inscrit dans une campagne de transparence au Congrès autour des UAP, alimentée par des élus (dont Anna Paulina Luna) et des journalistes spécialisés comme George Knapp.
Analyse : à quoi ressemble « un missile qui rebondit » ?
Sur le plan balistique, un Hellfire est une arme hautement létale. Dans un tir air-sol, l’impact est suivi d’une détonation qui disloque la cible. En air-air improvisé, deux choses peuvent faire « mentir » l’image :
- un impact tangentiel qui tord la trajectoire du missile (effet « ricochet » dans l’axe de vol), sans activer le fusible.
- un manque de capteurs de proximité adaptés, d’où non-déclenchement si la fenêtre d’armement n’est pas respectée.
Dans les deux cas, on obtient exactement ce que la vidéo laisse deviner : contact, débris, déflexion, cible toujours en vol. Cela ne prouve pas que l’objet soit exceptionnel ; cela démontre surtout les limites d’un Hellfire hors de son domaine d’emploi.
- un impact tangentiel qui tord la trajectoire du missile (effet « ricochet » dans l’axe de vol), sans activer le fusible.
- un manque de capteurs de proximité adaptés, d’où non-déclenchement si la fenêtre d’armement n’est pas respectée.
Dans les deux cas, on obtient exactement ce que la vidéo laisse deviner : contact, débris, déflexion, cible toujours en vol. Cela ne prouve pas que l’objet soit exceptionnel ; cela démontre surtout les limites d’un Hellfire hors de son domaine d’emploi.
Pourquoi la vidéo ressort maintenant
Au-delà du choc visuel, la séquence sert de levier politique : elle illustre l’argument des élus pro-déclassification (« donnez-nous les données brutes ») et bouscule la communication du Pentagone, surtout lorsque celui-ci ne commente pas. D’où l’emballement médiatique, des chaînes généralistes aux titres plus sensationnalistes, et des appels renouvelés à publier les capteurs, métadonnées, télémétries et comptes rendus d’engagement.
Ce qu’il faut demander maintenant (check-list d’investigation)
- Chaîne de possession : qui a extrait la vidéo, quel escadron MQ-9, quelle base, quel théâtre CENTCOM exact ?
- Données multi-capteurs : existe-t-il l’enregistrement du drone tireur, de la liaison de tir, des pistes radar navales ?
- Munitions : quelle version de Hellfire (AGM-114K/N/R/L, R9X ?) et quel fusible ?
- ROE (règles d’engagement) : sur quelle base juridique et opérationnelle la décision de tir a-t-elle été prise ?
- BDA (battle damage assessment) : y a-t-il eu récupération de débris ou corrélation avec d’autres capteurs (navires, AWACS, satellites) ?
Verdict provisoire
- Fait établi : une vidéo militaire existe, montrée par un élu, datée 30/10/2024 au large du Yémen, avec un Hellfire semblant inefficace sur un objet aérien.
- Contexte crédible : emploi intensif des MQ-9 dans la zone, y compris des tirs air-air improvisés contre drones, avec limites techniques connues.
- Inconnu critique : authentification officielle (Pentagone/AARO), données brutes et ROE restent non publiques.












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