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Vers un encadrement responsable des acteurs du numérique et de l’IA au Maroc


Par Dr Az-Eddine Bennani

Ces dernières années, le monde a vu émerger une nouvelle génération d’acteurs du numérique — influenceurs, experts autoproclamés, formateurs en ligne, consultants improvisés qui occupent désormais un espace considérable dans la formation de l’opinion publique et dans la diffusion du savoir technologique.

Cette « démocratisation de la parole numérique » a ses vertus : elle ouvre le débat, stimule la curiosité, et accélère la diffusion des connaissances.
Mais elle comporte aussi un risque majeur : celui de l’imposture cognitive, où la parole prend le pas sur la compétence, et où la visibilité supplante la légitimité.



Quand la Chine encadre la parole numérique

Récemment, la Chine a adopté une loi obligeant les influenceurs qui traitent de sujets sensibles comme la médecine, le droit, la finance ou l’éducation à prouver qu’ils possèdent une formation officielle reconnue, sous peine de sanctions sévères.

Derrière cette décision, il ne s’agit pas d’un simple contrôle politique, mais d’une volonté d’encadrer le savoir à l’ère numérique : rétablir une hiérarchie de la crédibilité dans un monde saturé d’opinions.
Cette approche traduit une idée fondamentale : parler de santé publique, d’éducation, de droit ou d’économie sans qualification, c’est aussi risquer de désinformer, d’inquiéter, ou d’induire en erreur.

Un enjeu similaire pour le Maroc :

Au Maroc, où la transformation numérique s’accélère avec les stratégies Maroc Digital 2030 et IA Maroc 2030, il devient urgent d’instaurer un cadre de responsabilité et de légitimité pour celles et ceux qui interviennent dans le champ du numérique et de l’intelligence artificielle.
Car l’IA, plus encore que le numérique, n’est pas une simple technologie : elle touche à la connaissance, à la décision, à la confiance collective.

Dans un pays qui investit dans sa souveraineté numérique, qui se dote de data centers, de plateformes nationales d’IA et de politiques de cybersécurité, il serait cohérent d’exiger que les personnes qui conçoivent, pilotent ou commentent ces sujets sensibles soient qualifiées, formées et responsables.

Une légitimité fondée sur le savoir et l’éthique

Les métiers du numérique et de l’IA ne peuvent être réduits à des effets de mode ou à des discours opportunistes. Ils exigent une double compétence :

1. Technique, pour comprendre la nature et les limites des technologies ;
2. Éthique et systémique, pour en évaluer les impacts humains, sociaux et économiques.

Ce n’est qu’à cette condition que le citoyen, l’entreprise ou l’institution publique peuvent recevoir un conseil éclairé, cohérent et aligné sur les priorités nationales.

Protéger le citoyen et renforcer la confiance :

- Le numérique, mal compris ou mal expliqué, crée de la désorientation cognitive : peur de l’IA, sentiment d’exclusion, perte de repères face à la vitesse du changement.
- Former sans compétence, informer sans légitimité, c’est prendre le risque de fabriquer une anxiété numérique collective.
- Or, ce dont notre pays a besoin, ce n’est pas d’amplifier la peur du futur, mais d’en construire la compréhension partagée.

L’enjeu n’est donc pas de restreindre la liberté d’expression, mais d’établir une éthique de la compétence. Celui qui parle d’intelligence artificielle, de données, d’identité numérique ou de transformation digitale doit être capable de le faire avec rigueur, contextualisation et responsabilité.

Pour une gouvernance cognitive du numérique

Encadrer le savoir numérique ne signifie pas le verrouiller. Cela signifie instaurer une gouvernance cognitive, où le partage de la connaissance repose sur des critères clairs de compétence, de transparence et d’engagement public.

C’est aussi une manière de restaurer la confiance entre l’État, les entreprises, les universités et les citoyens, une confiance indispensable pour bâtir une IA marocaine souveraine, inclusive et systémique.

En définitive, il ne s’agit pas d’interdire, mais de garantir :

- Que ceux qui forment soient eux-mêmes formés,
- que ceux qui conseillent soient qualifiés,
- et que ceux qui parlent au nom du numérique soient au service du bien commun.

Par Dr Az-Eddine Bennani



Jeudi 30 Octobre 2025


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