Quand la Chine encadre la parole numérique
Derrière cette décision, il ne s’agit pas d’un simple contrôle politique, mais d’une volonté d’encadrer le savoir à l’ère numérique : rétablir une hiérarchie de la crédibilité dans un monde saturé d’opinions.
Cette approche traduit une idée fondamentale : parler de santé publique, d’éducation, de droit ou d’économie sans qualification, c’est aussi risquer de désinformer, d’inquiéter, ou d’induire en erreur.
Un enjeu similaire pour le Maroc :
Au Maroc, où la transformation numérique s’accélère avec les stratégies Maroc Digital 2030 et IA Maroc 2030, il devient urgent d’instaurer un cadre de responsabilité et de légitimité pour celles et ceux qui interviennent dans le champ du numérique et de l’intelligence artificielle.
Car l’IA, plus encore que le numérique, n’est pas une simple technologie : elle touche à la connaissance, à la décision, à la confiance collective.
Dans un pays qui investit dans sa souveraineté numérique, qui se dote de data centers, de plateformes nationales d’IA et de politiques de cybersécurité, il serait cohérent d’exiger que les personnes qui conçoivent, pilotent ou commentent ces sujets sensibles soient qualifiées, formées et responsables.
Une légitimité fondée sur le savoir et l’éthique
1. Technique, pour comprendre la nature et les limites des technologies ;
2. Éthique et systémique, pour en évaluer les impacts humains, sociaux et économiques.
Ce n’est qu’à cette condition que le citoyen, l’entreprise ou l’institution publique peuvent recevoir un conseil éclairé, cohérent et aligné sur les priorités nationales.
Protéger le citoyen et renforcer la confiance :
- Le numérique, mal compris ou mal expliqué, crée de la désorientation cognitive : peur de l’IA, sentiment d’exclusion, perte de repères face à la vitesse du changement.
- Former sans compétence, informer sans légitimité, c’est prendre le risque de fabriquer une anxiété numérique collective.
- Or, ce dont notre pays a besoin, ce n’est pas d’amplifier la peur du futur, mais d’en construire la compréhension partagée.
L’enjeu n’est donc pas de restreindre la liberté d’expression, mais d’établir une éthique de la compétence. Celui qui parle d’intelligence artificielle, de données, d’identité numérique ou de transformation digitale doit être capable de le faire avec rigueur, contextualisation et responsabilité.
Pour une gouvernance cognitive du numérique
C’est aussi une manière de restaurer la confiance entre l’État, les entreprises, les universités et les citoyens, une confiance indispensable pour bâtir une IA marocaine souveraine, inclusive et systémique.
En définitive, il ne s’agit pas d’interdire, mais de garantir :
- Que ceux qui forment soient eux-mêmes formés,
- que ceux qui conseillent soient qualifiés,
- et que ceux qui parlent au nom du numérique soient au service du bien commun.
Par Dr Az-Eddine Bennani












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