Non à un pays à deux vitesses
Dans ses discours, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a souvent rappelé une conviction fondamentale : le Maroc ne peut se permettre de se diviser en deux nations coexistant sur un même territoire. D’un côté, un Maroc moderne, connecté, bénéficiant de la croissance, des infrastructures et des opportunités offertes par l’économie mondialisée ; de l’autre, un Maroc périphérique, rural ou urbain marginalisé, condamné à la survie et à la frustration.
Cette vision d’un pays scindé en deux vitesses n’est pas une simple figure rhétorique : elle repose sur une réalité mesurée et documentée par les chiffres du Haut-Commissariat au Plan (HCP), qui témoignent de l’approfondissement inquiétant des inégalités sociales et territoriales.
L’écart de niveau de vie entre les 20 % les plus riches et les 20 % les plus pauvres dépasse aujourd’hui le rapport de 7 à 1, atteignant même 17 à 1 lorsqu’on compare les élites urbaines aux ménages ruraux les plus démunis. Derrière ces statistiques se cache une fracture qui menace le pacte social et la cohésion nationale. Le souverain en est pleinement conscient : un Maroc qui progresse pour certains et régresse pour d’autres ne peut être un Maroc stable, encore moins un Maroc solidaire.
Cette dualité nourrit une spirale dangereuse : la pauvreté urbaine progresse, la classe moyenne s’effrite et le sentiment d’injustice grandit. Si l’on ne rétablit pas l’équilibre, c’est toute la dynamique de développement qui risque de s’enrayer. Voilà pourquoi SM le Roi insiste, dans ses discours, sur la nécessité d’une croissance inclusive, équitable et durable, qui ne laisse personne sur le bord du chemin.
Refuser un Maroc à deux vitesses, c’est d’abord garantir l’égalité des chances. Cela implique de repenser la redistribution, de renforcer l’accès aux services essentiels — santé, éducation, transport, logement — et de s’assurer que la classe moyenne retrouve son rôle moteur. C’est aussi lutter contre la spéculation, les rentes et les intermédiaires qui creusent artificiellement les inégalités, notamment dans l’alimentation et l’énergie.
En définitive, l’appel Royal n’est pas seulement une mise en garde, c’est une feuille de route : transformer la croissance économique en progrès social partagé. Le Maroc de demain, celui que le Roi appelle de ses vœux, ne sera pas une mosaïque de privilèges et d’exclusions, mais une nation unie dans la justice et la dignité.
Cette vision d’un pays scindé en deux vitesses n’est pas une simple figure rhétorique : elle repose sur une réalité mesurée et documentée par les chiffres du Haut-Commissariat au Plan (HCP), qui témoignent de l’approfondissement inquiétant des inégalités sociales et territoriales.
L’écart de niveau de vie entre les 20 % les plus riches et les 20 % les plus pauvres dépasse aujourd’hui le rapport de 7 à 1, atteignant même 17 à 1 lorsqu’on compare les élites urbaines aux ménages ruraux les plus démunis. Derrière ces statistiques se cache une fracture qui menace le pacte social et la cohésion nationale. Le souverain en est pleinement conscient : un Maroc qui progresse pour certains et régresse pour d’autres ne peut être un Maroc stable, encore moins un Maroc solidaire.
Cette dualité nourrit une spirale dangereuse : la pauvreté urbaine progresse, la classe moyenne s’effrite et le sentiment d’injustice grandit. Si l’on ne rétablit pas l’équilibre, c’est toute la dynamique de développement qui risque de s’enrayer. Voilà pourquoi SM le Roi insiste, dans ses discours, sur la nécessité d’une croissance inclusive, équitable et durable, qui ne laisse personne sur le bord du chemin.
Refuser un Maroc à deux vitesses, c’est d’abord garantir l’égalité des chances. Cela implique de repenser la redistribution, de renforcer l’accès aux services essentiels — santé, éducation, transport, logement — et de s’assurer que la classe moyenne retrouve son rôle moteur. C’est aussi lutter contre la spéculation, les rentes et les intermédiaires qui creusent artificiellement les inégalités, notamment dans l’alimentation et l’énergie.
En définitive, l’appel Royal n’est pas seulement une mise en garde, c’est une feuille de route : transformer la croissance économique en progrès social partagé. Le Maroc de demain, celui que le Roi appelle de ses vœux, ne sera pas une mosaïque de privilèges et d’exclusions, mais une nation unie dans la justice et la dignité.
Niveau de vie au Maroc : quand les inégalités deviennent structurelles et que la classe moyenne s’essouffle
Les chiffres du Haut-commissariat au plan (HCP) ne laissent place à aucune équivoque : le Maroc connaît un approfondissement de ses fractures sociales.
Alors que l’économie progresse à un rythme modeste mais réel, les bénéfices de cette croissance se concentrent entre les mains d’une minorité, laissant une majorité de citoyens s’enliser dans la précarité ou dans un déclassement silencieux. La classe moyenne, longtemps considérée comme le moteur de la stabilité sociale et de la consommation, est aujourd’hui prise en étau.
L’image d’un Maroc à deux vitesses – d’un côté des élites urbaines surconsommatrices, de l’autre des ménages vulnérables en ville comme à la campagne – devient de plus en plus criante.
Alors que l’économie progresse à un rythme modeste mais réel, les bénéfices de cette croissance se concentrent entre les mains d’une minorité, laissant une majorité de citoyens s’enliser dans la précarité ou dans un déclassement silencieux. La classe moyenne, longtemps considérée comme le moteur de la stabilité sociale et de la consommation, est aujourd’hui prise en étau.
L’image d’un Maroc à deux vitesses – d’un côté des élites urbaines surconsommatrices, de l’autre des ménages vulnérables en ville comme à la campagne – devient de plus en plus criante.
De l’embellie au déclassement : deux périodes contrastées
Le rapport du HCP couvre une décennie charnière, entre 2014 et 2023. La première séquence (2014-2019) semblait prometteuse : les 20 % les plus pauvres ont vu leur niveau de vie croître de 3,9 % par an, mieux que les 20 % les plus riches (+2,8 %). Pour un temps, le Maroc a donné l’impression d’avancer vers plus d’équité.
Mais la décennie a basculé avec la crise sanitaire, l’envolée inflationniste et les sécheresses récurrentes. Entre 2019 et 2022, le niveau de vie des plus pauvres a chuté de 4,6 % par an, contre –1,7 % pour les plus riches. Les classes intermédiaires n’ont pas été épargnées : après une progression de 3,3 % avant 2019, elles ont vu leur niveau de vie reculer de 4,3 % par an.
Là réside l’inquiétude : ce n’est pas seulement la pauvreté qui progresse, c’est la base même de la pyramide sociale marocaine qui se fissure.
Mais la décennie a basculé avec la crise sanitaire, l’envolée inflationniste et les sécheresses récurrentes. Entre 2019 et 2022, le niveau de vie des plus pauvres a chuté de 4,6 % par an, contre –1,7 % pour les plus riches. Les classes intermédiaires n’ont pas été épargnées : après une progression de 3,3 % avant 2019, elles ont vu leur niveau de vie reculer de 4,3 % par an.
Là réside l’inquiétude : ce n’est pas seulement la pauvreté qui progresse, c’est la base même de la pyramide sociale marocaine qui se fissure.
Quand la ville devient précaire aussi
Longtemps, la pauvreté fut perçue comme un mal rural. Désormais, elle s’installe aussi en ville.
En 2014, seulement 36 % des Marocains vulnérables vivaient en milieu urbain ; en 2022, ils sont 47 %. Cette bascule illustre la fragilisation de couches entières de citadins qui, hier encore, se croyaient protégés par l’urbanisation.
Cela s’explique par l’envolée des prix dans le logement, le transport et l’alimentation, des secteurs où la dépense pèse plus lourdement sur les budgets urbains. Le rêve de l’ascension sociale par la ville se transforme en cauchemar de survie quotidienne.
En 2014, seulement 36 % des Marocains vulnérables vivaient en milieu urbain ; en 2022, ils sont 47 %. Cette bascule illustre la fragilisation de couches entières de citadins qui, hier encore, se croyaient protégés par l’urbanisation.
Cela s’explique par l’envolée des prix dans le logement, le transport et l’alimentation, des secteurs où la dépense pèse plus lourdement sur les budgets urbains. Le rêve de l’ascension sociale par la ville se transforme en cauchemar de survie quotidienne.
Les écarts de richesse : des gouffres vertigineux
En 2022, le niveau de vie annuel des 20 % les plus riches atteignait 49 634 dirhams, contre 6 943 dirhams pour les 20 % les plus pauvres. L’écart est désormais de 7,1 fois, contre 6,2 fois seulement trois ans plus tôt.
Plus frappant encore : les 10 % les plus riches des villes dépensent 81 263 dirhams par an, quand les 10 % les plus pauvres des campagnes doivent se contenter de 4 672 dirhams. Un rapport de 17 pour 1 qui dessine deux Maroc presque étrangers l’un à l’autre.
Plus frappant encore : les 10 % les plus riches des villes dépensent 81 263 dirhams par an, quand les 10 % les plus pauvres des campagnes doivent se contenter de 4 672 dirhams. Un rapport de 17 pour 1 qui dessine deux Maroc presque étrangers l’un à l’autre.
Une croissance inégalitaire par nature
Le rapport du HCP souligne un paradoxe glaçant : une croissance économique de 1 % réduit la pauvreté de 2,6 % lorsqu’elle est équitablement partagée, mais l’aggrave de 3,9 % lorsqu’elle renforce les inégalités. En d’autres termes, une croissance mal redistribuée peut devenir un facteur aggravant de précarité.
Cette dynamique s’observe dans la répartition des revenus du travail. Les salariés les mieux rémunérés gagnent en moyenne 10,7 fois plus que les moins bien lotis. Loin de lisser les écarts, le marché de l’emploi les reproduit et les amplifie.
Cette dynamique s’observe dans la répartition des revenus du travail. Les salariés les mieux rémunérés gagnent en moyenne 10,7 fois plus que les moins bien lotis. Loin de lisser les écarts, le marché de l’emploi les reproduit et les amplifie.
L’alimentation, baromètre cruel de la fracture sociale
Rien n’illustre mieux l’écart de conditions de vie que l’assiette. Les inégalités alimentaires expliquent désormais 30 % des inégalités globales du niveau de vie, contre 26 % en 2014. Les ménages riches dépensent en moyenne 39 fois plus que les pauvres pour les loisirs et la culture, mais c’est sur l’alimentation que l’écart devient le plus destructeur, car il touche à la dignité biologique et sociale des individus.
Là où les familles aisées accèdent à une alimentation diversifiée et de qualité, les plus démunies se rabattent sur des produits de base, souvent moins nutritifs. La fracture ne se mesure pas seulement en dirhams, mais en calories, en santé, en espérance de vie.
Là où les familles aisées accèdent à une alimentation diversifiée et de qualité, les plus démunies se rabattent sur des produits de base, souvent moins nutritifs. La fracture ne se mesure pas seulement en dirhams, mais en calories, en santé, en espérance de vie.
Des politiques sociales utiles mais insuffisantes
Tout n’est pas sombre. Le taux de pauvreté multidimensionnelle a baissé, passant de 9,1 % en 2014 à 5,7 % en 2022. Les aides directes, les programmes de soutien ciblés et la généralisation de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) ont permis d’atténuer les chocs.
Mais ces dispositifs souffrent d’un double handicap : leur mauvaise calibration et leur faible impact sur la classe moyenne. Injecter 8 milliards de dirhams pour soutenir les transporteurs n’a pas allégé de façon visible le budget des familles modestes. La généralisation de l’AMO reste limitée par l’accessibilité financière des soins.
Ces politiques ressemblent davantage à des rustines qu’à des réformes structurelles.
Mais ces dispositifs souffrent d’un double handicap : leur mauvaise calibration et leur faible impact sur la classe moyenne. Injecter 8 milliards de dirhams pour soutenir les transporteurs n’a pas allégé de façon visible le budget des familles modestes. La généralisation de l’AMO reste limitée par l’accessibilité financière des soins.
Ces politiques ressemblent davantage à des rustines qu’à des réformes structurelles.
La classe moyenne : un maillon fragilisé
Le Maroc ne peut espérer stabilité et croissance inclusive si sa classe moyenne continue de s’effriter. Or, celle-ci est aujourd’hui la plus exposée à l’érosion du pouvoir d’achat. Trop riche pour bénéficier des aides sociales, trop pauvre pour profiter de la dynamique économique des élites, elle se retrouve sans protection.
Le risque est politique autant qu’économique : une classe moyenne en déclin, c’est un socle citoyen fragilisé, un électorat déboussolé, et un tissu social menacé d’explosion.
Le risque est politique autant qu’économique : une classe moyenne en déclin, c’est un socle citoyen fragilisé, un électorat déboussolé, et un tissu social menacé d’explosion.
Les réformes nécessaires : fiscalité, redistribution, contrôle des marchés
Le rapport appelle à une refonte des politiques publiques. Trois chantiers sont prioritaires :
Une réforme fiscale équitable : introduire de nouvelles tranches d’imposition et alléger la pression sur les classes moyennes et populaires, tout en augmentant la contribution des plus hauts revenus.
Une redistribution ciblée : renforcer l’accès aux services de base pour les plus pauvres et soutenir directement la consommation de la classe moyenne.
Un contrôle strict des circuits de distribution : lutter contre la spéculation et les intermédiaires qui gonflent artificiellement les prix, notamment dans l’alimentaire.
L’alerte de l’indice de Gini
Le coefficient de Gini, indicateur phare des inégalités de revenus, illustre le recul : passé de 39,5 % en 2014 à 38,5 % en 2019, il est remonté à 40,5 % en 2022. Cette dégradation est un signal d’alarme. Elle confirme que les politiques publiques actuelles ne parviennent pas à freiner la dynamique inégalitaire.
L’objectif du Nouveau Modèle de Développement (NMD) est clair : ramener l’indice de Gini à 32 % d’ici 2035. Un horizon ambitieux, mais qui paraît lointain si les réformes structurelles tardent à être engagées.
L’objectif du Nouveau Modèle de Développement (NMD) est clair : ramener l’indice de Gini à 32 % d’ici 2035. Un horizon ambitieux, mais qui paraît lointain si les réformes structurelles tardent à être engagées.
Les élections 2026 : le temps des propositions politiques et des décisions
Le Maroc a déjà démontré, dans un passé récent, sa capacité à réduire la pauvreté lorsque la croissance était inclusive et les politiques sociales mieux calibrées. Mais le danger actuel réside dans la transformation des inégalités conjoncturelles en fractures structurelles.
Le pays ne manque pas de diagnostics. Les rapports s’accumulent, les alertes se répètent, les chiffres s’alourdissent. Ce qui manque, ce sont des décisions courageuses. Le défi n’est pas seulement économique : il est social, politique et civilisationnel. Construire une croissance inclusive qui profite à tous, voilà la condition d’un Maroc stable et prospère.
Le pays ne manque pas de diagnostics. Les rapports s’accumulent, les alertes se répètent, les chiffres s’alourdissent. Ce qui manque, ce sont des décisions courageuses. Le défi n’est pas seulement économique : il est social, politique et civilisationnel. Construire une croissance inclusive qui profite à tous, voilà la condition d’un Maroc stable et prospère.












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