Le marché du travail marocain est confronté à des défis structurels majeurs : un taux de chômage en hausse, atteignant 13,3 % en 2024, et des inégalités persistantes affectant particulièrement les jeunes (36,7 %), les diplômés (19,6 %) et les femmes (19,4 %). Dans ce contexte, l’Alliance des Économistes Istiqlaliens (AEI) propose une approche globale et pragmatique pour dynamiser la création d’emplois et garantir un développement économique plus inclusif et durable.

Une approche structurée en dix mesures

L’AEI recommande une réforme en profondeur du marché du travail à travers dix axes stratégiques, visant à mieux aligner l’offre et la demande d’emplois, soutenir les entreprises et explorer de nouveaux secteurs porteurs.

1. Un diagnostic précis du marché du travail
Avant toute réforme, il est indispensable de comprendre les déséquilibres du marché du travail. Un état des lieux détaillé et transparent permettrait de mieux cibler les politiques publiques et d’adapter les formations aux besoins réels des entreprises.

2. Mieux adapter la formation aux besoins du marché
Le décalage entre les formations et les compétences recherchées par les employeurs est un frein majeur à l’emploi. L’AEI propose une cartographie des besoins en compétences, le développement de formations accélérées et une généralisation de l’alternance pour renforcer l’employabilité des jeunes.

3. Stimuler l’investissement des PME et favoriser l’entrepreneuriat
Les PME, qui représentent 99 % du tissu économique marocain, doivent être mieux accompagnées à travers une simplification administrative, un accès facilité au financement et la création de Startups Stations régionales pour favoriser l’innovation et l’entrepreneuriat.

4. Privilégier le "Made in Morocco"
La commande publique, qui représente 24 % du PIB, doit jouer un rôle central dans le soutien aux entreprises locales. Encourager le "Made in Morocco" permettrait de réduire la dépendance aux importations et de stimuler la production nationale.

5. Intégrer l’économie informelle
Avec 30 % du PIB et 77 % des emplois issus du secteur informel, il est urgent d’accompagner progressivement la formalisation en introduisant des statuts simplifiés, des incitations fiscales et une digitalisation des paiements pour élargir l’accès à la protection sociale.

6. Faciliter l’accès au financement pour les entreprises créatrices d’emplois
Le financement est un frein majeur à la croissance des entreprises. L’AEI propose de réduire les taux d’intérêt pour les entreprises embauchant massivement, d’encourager les financements alternatifs (private equity, crowdfunding) et d’alléger temporairement les charges des entreprises en difficulté.

7. Adapter le marché du travail aux nouvelles formes d’emploi
Le télétravail, le freelancing et le travail à temps partiel doivent être mieux intégrés dans la législation pour favoriser l’emploi des jeunes, des femmes et des personnes en situation de handicap, tout en apportant plus de flexibilité aux entreprises.

8. Revitaliser l’emploi en milieu rural
Les zones rurales, qui concentrent 38 % de la population, doivent bénéficier d’investissements ciblés : modernisation de l’agriculture, développement du tourisme rural, amélioration des infrastructures et de la connectivité numérique, et soutien à la petite production locale.

9. Fixer des objectifs d’investissements aux collectivités territoriales
Les régions doivent être mieux impliquées dans la création d’emplois via la mise en place de Fonds d’Investissement Régionaux (FIR), la mobilisation du foncier et le développement de pôles économiques spécialisés selon leurs spécificités locales.

10. Accélérer l’émergence de nouvelles filières stratégiques
Le Maroc doit saisir les opportunités offertes par l’économie du Care, l’économie bleue, l’économie circulaire et la transformation numérique. Ces secteurs émergents peuvent générer des milliers d’emplois qualifiés et durables tout en renforçant la compétitivité nationale.

Une vision intégrée pour une relance durable de l’emploi

Ces dix mesures s’inscrivent dans une stratégie cohérente, visant à réduire le chômage, dynamiser l’investissement et adapter l’économie marocaine aux défis du futur. L’emploi ne peut être relancé sans une approche globale, intégrant à la fois :
 

•     Un cadre réglementaire modernisé, garantissant plus de flexibilité et de sécurité pour les travailleurs.
•     Un soutien renforcé aux entreprises, facilitant l’investissement et l’innovation.
•     Une meilleure adéquation entre les compétences et les besoins du marché, pour éviter un chômage structurel persistant.

Le Maroc à un tournant décisif

Le Maroc dispose d’atouts considérables : une main-d’œuvre jeune, un positionnement géographique stratégique et un potentiel économique diversifié. Si ces réformes sont mises en place rapidement et efficacement, le pays pourra amorcer une transformation économique majeure et durable.

L’AEI appelle à une mobilisation immédiate des acteurs publics et privés pour concrétiser ces propositions et inscrire le Maroc sur une trajectoire de croissance inclusive et pérenne. L’enjeu est clair : réussir la transition vers une économie plus résiliente, compétitive et génératrice d’emplois.
 

Suite à la publication de la note d’information de l’Alliance des Économistes Istiqlaliens intitulée « Un Plan d’Urgence pour une Création Massive d’Emplois pour le Maroc – 10 mesures stratégiques pour stimuler l’emploi », l’équipe de rédaction de L’ODJ Média, sous la supervision de Adnane Benchakroun, vice-président de l’Alliance, a entrepris, sans prétention aucune et sans engager qui que ce soit d’autre qu’elle-même, l’exercice de développer chaque mesure proposée en tentant de rester fidèle à l’esprit de cette note.

Dans un contexte où le chômage demeure une problématique majeure, frappant durement les jeunes, les diplômés et les femmes, et où les mutations économiques nécessitent une adaptation rapide des politiques publiques, ce livret se veut une lecture approfondie et accessible des recommandations formulées par l’AEI. Il ne s’agit ni d’un commentaire officiel, ni d’une analyse partisane, mais d’une tentative journalistique d’explorer chaque mesure avec des éléments concrets, des arguments développés et des mises en perspective, afin d’aider à mieux comprendre les enjeux, les défis et les opportunités que représente ce plan d’urgence.

En espérant que cette initiative puisse contribuer au débat économique et social, nous avons pris le soin d’exposer, point par point, les leviers d’action suggérés, en mettant en lumière leur impact potentiel sur la dynamique de l’emploi au Maroc. Cette démarche est avant tout pédagogique et analytique, dans un esprit de clarté et de vulgarisation économique, afin que ces propositions puissent nourrir la réflexion de tous ceux qui s’intéressent aux questions de développement et d’emploi dans notre pays.

Quels sont les principaux défis et opportunités du marché du travail marocain en 2024?
Quel est l'objectif principal du document "Emploi Maroc 2025"?
Quelles sont les catégories les plus touchées par chômage?
Quelles mesures l'AEI propose-t-elle pour l'informel?
Quels freins majeurs rencontrent les PME marocaines?
Quelles mesures favorisent l'emploi des jeunes ruraux?
Quels secteurs stratégiques peuvent relancer l'emploi au Maroc ?
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