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​Anticiper plutôt que subir : l’EPU marocain, nouvel atout pour investisseurs et banques


Rédigé par le Mercredi 29 Octobre 2025

Le nouvel indice marocain d’incertitude de politique économique (EPU) ne relève pas du gadget académique : il change la manière de tarifer le risque, d’allouer le capital et de piloter le timing des décisions d’investissement. Plus fin que les baromètres globaux, il capte les chocs “à la marocaine” (sécheresse, annonces fiscales, blocages politiques) et devient un prédicteur opérationnel pour banques, assureurs et gérants d’actifs.



Du signal macro au prix du capital

Trois effets concrets relient l’EPU aux marchés :

Prime de risque : quand l’incertitude grimpe, les investisseurs exigent davantage – sur actions (rendement implicite), dettes privées (spreads), et financements structurés.
Crédit bancaire : perception de risque ↑ ⇒ marges d’intermédiation ↑, exigences de collatéral ↑, maturités raccourcies.
Liquidité : ménages et entreprises basculent vers le cash (spécificité marocaine), comprimant les dépôts et donc la capacité de prêt. Résultat : l’économie réelle respire moins.

La nouveauté, c’est que l’EPU local explique mieux nos cycles que les indices internationaux :

il “entend” les réformes, les épisodes climatiques et les séquences politiques qui structurent réellement l’activité. Pour un risk manager, c’est un gain de granularité qui se convertit en décisions tarifaires plus justes.

Banques : tarifer le risque… sans étouffer l’investissement

1) Barème contracyclique. Plutôt que d’appliquer des hausses uniformes de marge en période de stress, indexer une partie de la marge sur un couloir EPU (bas/central/haut). Objectif : lisser la hausse de coût du crédit tout en préservant le ROE.
2) Garantie publique ciblée. Lorsque l’EPU franchit un seuil, activer automatiquement des garanties partielles (fonds publics/para-publics) pour maintenir le flux de crédit productif aux PME, sans dégrader le capital réglementaire des banques.
3) Covenants intelligents. Assouplir temporairement certains ratios (DSCR, ICR) à l’entrée si l’emprunteur investit dans des actifs à fort multiplicateur (eau, énergie, agro-transformation), avec rattrapage automatique quand l’EPU retombe.
4) Produits “coussin de trésorerie”. Développer des lignes revolving indexées à l’EPU pour lisser les trous d’air de BFR – une assurance anti-stress plutôt qu’un frein à l’investissement.

Assureurs & investisseurs institutionnels : lire la courbe… et les rotations

1) Courbe des taux et duration. Les pics d’EPU s’accompagnent souvent d’aversion au risque : élargissement des spreads et reventes d’actifs longs. Tactique : raccourcir la duration obligataire en phase de pic, puis re-allonger dès que l’EPU reflue et que la prime redevient attractive.
2) Rotations sectorielles. Quand l’incertitude s’élève, les flux privilégient les défensifs (utilities, santé basique) et les modèles cash-rich. Les cycliques (construction, biens durables) souffrent en premier. Stratégie : panier défensif temporaire, puis rotation graduelle vers cycliques à l’approche du reflux EPU.
3) Infrastructure & private assets. Les pics d’EPU génèrent des fenêtres d’entrée sur des projets infra avec revenus régulés (eau, réseaux), à condition d’ancrer clauses de stabilité (tarifs, indexations, mécanismes d’ajustement) dans les contrats.
4) Couverture de queue risk. Utiliser l’EPU comme déclencheur de hedge (options, CDS souverain/para-souverain) sur des horizons courts ; fermer la couverture lorsque l’indice recule sous un seuil statistique (ex. moyenne mobile – x écarts-types).

Marché actions : micro avant macro, mais le macro fait le multiple

Sur actions, l’EPU ne dit rien de la qualité intrinsèque d’une entreprise… mais il influence son multiple et son coût du capital. Trois leviers :

Screening “qualité de cash” : privilégier les bilans nets de dette, les marges résilientes, la visibilité de carnet. L’EPU élevé pénalise les plans de capex agressifs non adossés à des contrats fermes.
Calendrier d’IPO et d’émissions : éviter de sortir en marché lors d’un plateau EPU ; guetter la décélération (delta négatif) plutôt que le niveau absolu.
Facteur “surprise politique” : intégrer dans les modèles un dummy EPU pour estimer la sensibilité du titre aux annonces de politiques (prix administrés, fiscalité sectorielle, subventions).

FX, matières premières, agriculture : la patte marocaine

Le Maroc étant importateur net d’énergie et exposé aux aléas hydriques, l’EPU réagit fort aux nouvelles sur prix des intrants et sécheresse. Pour un desk FX/commodities :

Hedges saisonniers sur intrants agro (semences, engrais) corrélés aux phases d’EPU agricoles.
Fenêtres de couverture des achats d’énergie (swaps, call spreads) quand l’EPU grimpe sur annonce géopolitique.
Communication avec les clients corporate : transformer l’EPU en alerte pédagogique (“fenêtre hedge ouverte/fermée”).

De l’alerte à l’action : protocole CIO en 6 étapes

Dashboard EPU (niveau, variation, contributions thématiques : fiscalité, climat, énergie, social).
Règles quantitatives : mapping EPU → fourchettes de duration, spread target par classe d’actifs.
Comité hebdo : intégrer EPU en point 1 (avant macro global), avec lecture locale des chocs.
Plan de rotation pré-rédigé (défensifs → cycliques) conditionné à des seuils de décrue EPU.
Politique de liquidité : seuils minimaux de cash de portefeuille, relevés automatiquement en zone EPU “haut”.
Communication clients : note mensuelle “EPU & portefeuille”, pour ancrer la confiance (moins de sorties, meilleure stabilité ALM).

Pourquoi l’indice local vaut plus que les grands index

Les indices globaux lissent le contexte ; l’EPU marocain l’extrait. Il capte :

les micro-séquences réglementaires (décrets, circulaires),
les chocs climatiques à forte amplitude macro,
la réaction comportementale locale (cash preference).

Conséquence : meilleure explication de l’investissement, de la consommation et du PIB. Pour un investisseur, cela s’entend en points de base mieux captés – ou mieux évités.

Gouvernance des risques : rendre l’EPU opposable

Pour sortir du déclaratif, il faut rendre l’EPU opposable dans les process :

Politique de crédit : clause EPU = ajustement automatique de limites sectorielles et de LGD/PD de stress.
ALM : coussins de liquidité dynamiques en fonction du régime EPU.
Stress tests : scénarios “EPU haut 2 trimestres” injectés dans P&L et capital économique.
Rémunération variable des équipes risques/coverage : part indexée au respect des bornes EPU dans l’octroi et le pricing.

L’information qui réduit le coût du capital

Un indice local, lisible et régulier, n’est pas un luxe statistique : c’est une réduction du coût du capital pour l’économie. Il permet de calibrer la prudence sans tuer l’appétit d’investir, d’ouvrir des fenêtres de marché au bon moment, et de protéger les bilans contre les mauvaises surprises. Anticiper l’incertitude ne la fait pas disparaître ; mais cela paie – en volatilité évitée, en spreads économisés, en croissance préservée.

​Playbook express “EPU → décisions”

EPU en hausse rapide : raccourcir duration, renforcer défensifs, relever coussin de liquidité, déclencher hedges.
EPU en plateau : maintenir prudence, cibler projets infra régulés, négocier garanties publiques, tarifer finement le crédit.
EPU en décrue : rouvrir le risque (cycliques), allonger duration, relancer IPO/émissions, fermer progressivement les hedges.





Mercredi 29 Octobre 2025

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