L'ODJ Média

lodj





​Ceux à qui l’Histoire a donné raison… et ceux à qui elle a bien fait de dire non


Rédigé par le Dimanche 27 Juillet 2025



Il est des idées qui prennent du temps à triompher. Et des hommes qui n’auraient jamais dû gouverner, même si leurs intuitions étaient justes. La postérité a ses justes… et ses mirages.

« L’histoire est assez drôle : les hommes à qui l’histoire a finalement donné raison n’auront jamais gouverné. »

C’est une phrase forte, amère, souvent utilisée pour regretter le sort des lucides oubliés. Elle contient une part de vérité. Mais elle mérite d’être mise en balance, car l'inverse est tout aussi vrai — et rassurant :

Heureusement, certains n’ont jamais gouverné.
Parce qu’avoir raison sur le fond ne suffit pas. Gouverner, c’est autre chose. C’est incarner un équilibre, un cap, une capacité d’action. Et parfois, les plus brillants penseurs peuvent devenir de redoutables tyrans.

Première vérité : les visionnaires écartés
Ils sont nombreux, ces éclaireurs que l’époque n’a pas su comprendre. Nikola Tesla, Rosa Parks, Thomas Sankara, Rachel Carson, Albert Londres, ou plus récemment Julian Assange ou Edward Snowden.
Ils ont pointé du doigt les dérives, anticipé les bascules, compris l’avenir avant tout le monde.
Mais ils ont été marginalisés, exilés, réduits au silence, quand d’autres plus lisses, plus stratèges  accédaient aux manettes.

L’histoire leur rend hommage. Leurs mots deviennent des citations. Leurs visages, des figures de la mémoire collective. Et pourtant, ils n’ont jamais eu à gérer une coalition, une crise budgétaire ou une diplomatie de guerre. On les écoute désormais… parce qu’ils ne menacent plus personne.

Deuxième vérité : les radicaux épargnés
Mais il faut le dire avec la même honnêteté : avoir raison ne donne pas forcément raison sur tout.
Beaucoup de ceux qui voyaient juste sur une question donnée étaient, sur le reste, perdus dans l’idéologie, l’excès ou la pureté abstraite.

Parmi eux, certains auraient été des gouvernants catastrophiques.
Les révolutionnaires exaltés, les intellectuels déconnectés, les prophètes d’un monde parfait  souvent incapables de composer avec la complexité, les rapports de force, la diversité des peuples.

Si certains avaient accédé au pouvoir, ils auraient pu imposer leurs idées sans nuance, sans contre-pouvoir, et sans le moindre respect des libertés.

L’histoire, dans sa sagesse ou son cynisme, a parfois bien fait de les tenir éloignés du pouvoir.

Le pouvoir attire des profils très différents de ceux qui « ont raison ». Il réclame du compromis, de la patience, de la diplomatie. Il impose des décisions parfois contraires aux convictions.

Or, certains de ces visionnaires étaient des figures d’absolu. Brillants, mais inflexibles. Inspirants, mais incapables de gouverner avec d’autres. Et un pays ne se dirige pas comme une tribune.

L’Histoire ne couronne pas toujours les plus sages, mais elle se protège parfois des plus dangereux.

La lucidité est précieuse, mais elle ne suffit pas pour gouverner. Il faut aussi :

Une intelligence relationnelle
Un respect des institutions
Une capacité à faire évoluer ses positions
Une gestion des émotions collectives
Une lecture fine des rapports de force

Et parfois, ceux qui crient le plus fort des vérités essentielles sont aussi ceux qui écouteront le moins une fois au pouvoir.

Il ne s’agit donc pas de pleurer sur tous les exclus de l’Histoire, ni d’idéaliser tous les gouvernants.
Le vrai enjeu est ailleurs : intégrer la parole des lucides dans la mécanique du pouvoir, sans les laisser tout détruire au nom de leur vérité.

Faire de la place aux voix justes, sans les transformer en icônes intouchables.
Faire appel aux visionnaires, sans leur confier un pouvoir absolu.
Gouverner en écoutant mieux. Et contester sans vouloir renverser tout.

Oui, l’Histoire est drôle. Elle redonne parfois raison à ceux qu’elle a rejetés. Et elle protège parfois la société des égarements de ses génies. Le devoir des peuples et des dirigeants est donc double :

Ne pas mépriser ceux qui voient loin
Ne pas suivre aveuglément ceux qui ont une seule vérité

Car entre l’éclaireur qui n’a jamais gouverné, et le tyran qui a toujours eu raison, il y a une ligne fine qu’on appelle… la démocratie.





Dimanche 27 Juillet 2025

Dans la même rubrique :
< >

Billet | Chroniqueurs invités | Experts invités | Quartier libre | Chroniques Vidéo | Replay vidéo & podcast outdoor | Podcast Agora


Bannière Réseaux Sociaux


Bannière Lodj DJ







LODJ24 TV
آخر الأخبار
جاري تحميل الأخبار...
BREAKING NEWS
📰 Chargement des actualités...

Inscription à la newsletter

Plus d'informations sur cette page : https://www.lodj.ma/CGU_a46.html
















Vos contributions
LODJ Vidéo