Alors que la Tunisie vient d’annoncer une refonte majeure de son code du travail pour le rendre plus attractif pour les investisseurs tout en intégrant des protections sociales renforcées, et que l’Égypte a mis en place depuis début 2024 une série de mesures visant à flexibiliser les contrats dans le privé, le Maroc, lui, temporise. Mais la question n’est plus "si", mais "quand" et "comment".
Tunisie : un tournant social libéral
Sous pression d’un taux de chômage élevé et d’un secteur informel pesant, Tunis a opté pour une réforme en profondeur. Le nouveau code tunisien introduit une plus grande souplesse dans les horaires de travail, facilite le télétravail, tout en imposant une couverture sociale obligatoire même dans les microentreprises. Les syndicats, d’abord méfiants, y voient finalement un compromis acceptable.
Égypte : priorité à l’investissement
De son côté, Le Caire a choisi un virage plus libéral, inspiré des pratiques anglo-saxonnes : contrat de mission, portage salarial, simplification des procédures de licenciement pour motif économique. Objectif : rassurer les investisseurs et booster la création d’emplois dans le secteur privé, tout en digitalisant l’inspection du travail.
Maroc : une réforme en gestation... depuis 20 ans
Au Maroc, la dernière grande réforme remonte à 2004. Depuis, malgré les consultations régulières entre syndicats, patronat et gouvernement dans le cadre du dialogue social, le texte n’a connu que des retouches marginales. Pourtant, les chantiers s’accumulent : statut du travailleur des plateformes, explosion de l’emploi informel, protection sociale des indépendants, égalité professionnelle…
Des fuites laissent entendre que le gouvernement Akhannouch envisagerait une réforme par étapes, en ciblant d’abord le régime des CDD, les conditions de travail dans l’agriculture et le bâtiment, et la simplification des procédures contentieuses.
Des fuites laissent entendre que le gouvernement Akhannouch envisagerait une réforme par étapes, en ciblant d’abord le régime des CDD, les conditions de travail dans l’agriculture et le bâtiment, et la simplification des procédures contentieuses.
Enjeux : compétitivité VS droits sociaux
Derrière ces mouvements en Afrique du Nord, une même tension : comment moderniser le droit du travail pour s’adapter aux nouveaux modèles économiques sans sacrifier la protection des travailleurs ? Comment attirer les investisseurs étrangers sans fragiliser davantage les jeunes, les femmes, et les précaires ?
Le Maroc, qui ambitionne de devenir une plateforme industrielle et logistique majeure entre l’Europe et l’Afrique, ne pourra éternellement retarder cette réforme. Mais entre le modèle égyptien ultra-flexible et la voie tunisienne plus équilibrée, le Royaume devra tracer sa propre trajectoire.
Le Maroc, qui ambitionne de devenir une plateforme industrielle et logistique majeure entre l’Europe et l’Afrique, ne pourra éternellement retarder cette réforme. Mais entre le modèle égyptien ultra-flexible et la voie tunisienne plus équilibrée, le Royaume devra tracer sa propre trajectoire.
L’heure du choix approche
Les discussions pourraient s’accélérer à la rentrée, surtout si le dialogue social reprend des couleurs. Patronat et syndicats attendent du concret. Le climat social est fragile. Et le temps presse.
Un nouveau code du travail ne se rédige pas à huis clos. Il se construit en écoutant celles et ceux qui vivent le travail au quotidien.
Un nouveau code du travail ne se rédige pas à huis clos. Il se construit en écoutant celles et ceux qui vivent le travail au quotidien.












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