De la citoyenneté formelle des personnes en situation de handicap à la citoyenneté réelle
Il semblerait que la prochaine étape de la réforme électorale au Maroc passe par une question longtemps mise de côté : la place des personnes en situation de handicap dans la vie politique. Dans une récente note adressée au ministère de l’Intérieur, le Parti de l’Istiqlal a jeté un pavé dans la mare en proposant une série de mesures visant à favoriser leur participation active, non pas seulement comme électeurs, mais également comme candidats à part entière.
C’est une piste audacieuse, et sans doute nécessaire. Car il faut bien l’admettre : malgré les discours officiels et les engagements internationaux, la participation politique des personnes en situation de handicap reste marginale. Le vote existe, mais il demeure souvent inaccessible. La candidature, quant à elle, relève presque de l’exception. Or, si la démocratie repose sur l’égalité des voix, peut-elle continuer à ignorer une partie de ses citoyens ?
Le cœur de la proposition du parti réside dans un mécanisme incitatif : accorder un soutien financier supplémentaire aux formations politiques qui oseraient franchir le pas en plaçant des personnes handicapées comme têtes de liste. Mieux encore, un « bonus » plus conséquent serait octroyé si ces candidats décrochent des sièges. À première vue, cela ressemble à une mesure technique. En réalité, c’est un levier symbolique fort : transformer la présence des personnes handicapées en enjeu stratégique pour les partis.
Car au Maroc, comme ailleurs, la politique est une affaire de calcul. Si l’égalité des chances ne suffit pas à convaincre, peut-être que l’équation financière servira d’aiguillon. Ce mécanisme pourrait, dans le meilleur des cas, amorcer une dynamique vertueuse : plus de visibilité pour cette frange de la société, plus d’expérience accumulée, et à terme, une banalisation de leur présence dans les instances de décision.
Mais la participation ne se résume pas à l’acte de candidature. Le Parti de l’Istiqlal propose aussi d’aller plus loin : permettre aux électeurs en situation de handicap de voter avec l’aide d’un accompagnateur, si leur état de santé les empêche de le faire seuls. À condition, évidemment, que ce dispositif respecte la liberté du choix et n’ouvre pas la porte aux manipulations.
Ce point paraît anecdotique, mais il touche à l’essence même de la citoyenneté. Combien de personnes, chaque année, renoncent à leur droit de vote simplement parce que l’isoloir n’est pas adapté, parce que la rampe d’accès n’existe pas, parce que les bulletins sont illisibles ?
L’inaccessibilité matérielle est une forme subtile mais tenace d’exclusion politique. La note du parti insiste donc sur la mise en conformité des bureaux de vote, rappelant que le Maroc a ratifié des conventions internationales en ce sens. Encore faut-il traduire ces engagements en actes concrets.
Derrière ces propositions, c’est un principe cardinal qui se profile : l’égalité. Pas une égalité abstraite, mais une égalité en pratique, vécue au quotidien. Car le droit à la participation politique des personnes handicapées n’est pas un privilège à concéder généreusement, mais un droit fondamental, garanti par la Constitution et les traités internationaux.
Il est d’ailleurs intéressant de noter que la proposition du Parti de l’Istiqlal ne s’arrête pas à un simple plaidoyer. Elle demande l’inscription de ces mesures dans le marbre de la loi, via la création d’un nouveau chapitre dans le texte organique régissant la Chambre des représentants. Autrement dit, donner une valeur normative à ce qui n’était jusque-là qu’un souhait ou une déclaration d’intention.
La question demeure : ces mesures suffiront-elles à changer la donne ? L’argent, les incitations, les textes de loi sont des instruments importants, mais la barrière la plus solide reste culturelle. La perception sociale du handicap, empreinte de préjugés et de paternalisme, risque de freiner l’élan. On ne devient pas candidat crédible du jour au lendemain, encore moins dans un système politique où les réseaux et les ressources personnelles jouent un rôle déterminant.
Cependant, il faut parfois un point de départ. L’histoire des quotas féminins au Maroc illustre ce cheminement : critiqués à leurs débuts, ils ont ouvert la voie à une nouvelle normalité. Peut-être que les incitations financières pour les candidats en situation de handicap joueront un rôle similaire. Ce n’est pas une panacée, mais un déclencheur.
En filigrane, une conviction s’impose : une démocratie qui exclut une partie de ses citoyens, volontairement ou par négligence, n’est jamais achevée. Redonner voix aux personnes handicapées, leur garantir l’accès au vote et à la candidature, c’est enrichir le débat public, c’est diversifier les expériences et les perspectives au sein des institutions.
À l’heure où le Maroc prépare les échéances électorales à venir, ces propositions tombent à point nommé. Elles rappellent que l’inclusion n’est pas un luxe, mais une condition sine qua non de la légitimité démocratique. Loin des promesses creuses, elles ouvrent une brèche dans un mur d’indifférence. Encore faudra-t-il voir si cette brèche deviendra porte d’entrée, ou simple fissure vite refermée.
En définitive, la note du Parti de l’Istiqlal n’est pas un aboutissement, mais une invitation. Invitation à repenser la démocratie marocaine non pas seulement en termes de chiffres de participation ou de sièges attribués, mais en termes de qualité et de diversité de la représentation. Car une démocratie, pour être vivante, doit ressembler à son peuple dans toutes ses dimensions, y compris celles que l’on préfère souvent taire.
C’est une piste audacieuse, et sans doute nécessaire. Car il faut bien l’admettre : malgré les discours officiels et les engagements internationaux, la participation politique des personnes en situation de handicap reste marginale. Le vote existe, mais il demeure souvent inaccessible. La candidature, quant à elle, relève presque de l’exception. Or, si la démocratie repose sur l’égalité des voix, peut-elle continuer à ignorer une partie de ses citoyens ?
Le cœur de la proposition du parti réside dans un mécanisme incitatif : accorder un soutien financier supplémentaire aux formations politiques qui oseraient franchir le pas en plaçant des personnes handicapées comme têtes de liste. Mieux encore, un « bonus » plus conséquent serait octroyé si ces candidats décrochent des sièges. À première vue, cela ressemble à une mesure technique. En réalité, c’est un levier symbolique fort : transformer la présence des personnes handicapées en enjeu stratégique pour les partis.
Car au Maroc, comme ailleurs, la politique est une affaire de calcul. Si l’égalité des chances ne suffit pas à convaincre, peut-être que l’équation financière servira d’aiguillon. Ce mécanisme pourrait, dans le meilleur des cas, amorcer une dynamique vertueuse : plus de visibilité pour cette frange de la société, plus d’expérience accumulée, et à terme, une banalisation de leur présence dans les instances de décision.
Mais la participation ne se résume pas à l’acte de candidature. Le Parti de l’Istiqlal propose aussi d’aller plus loin : permettre aux électeurs en situation de handicap de voter avec l’aide d’un accompagnateur, si leur état de santé les empêche de le faire seuls. À condition, évidemment, que ce dispositif respecte la liberté du choix et n’ouvre pas la porte aux manipulations.
Ce point paraît anecdotique, mais il touche à l’essence même de la citoyenneté. Combien de personnes, chaque année, renoncent à leur droit de vote simplement parce que l’isoloir n’est pas adapté, parce que la rampe d’accès n’existe pas, parce que les bulletins sont illisibles ?
L’inaccessibilité matérielle est une forme subtile mais tenace d’exclusion politique. La note du parti insiste donc sur la mise en conformité des bureaux de vote, rappelant que le Maroc a ratifié des conventions internationales en ce sens. Encore faut-il traduire ces engagements en actes concrets.
Derrière ces propositions, c’est un principe cardinal qui se profile : l’égalité. Pas une égalité abstraite, mais une égalité en pratique, vécue au quotidien. Car le droit à la participation politique des personnes handicapées n’est pas un privilège à concéder généreusement, mais un droit fondamental, garanti par la Constitution et les traités internationaux.
Il est d’ailleurs intéressant de noter que la proposition du Parti de l’Istiqlal ne s’arrête pas à un simple plaidoyer. Elle demande l’inscription de ces mesures dans le marbre de la loi, via la création d’un nouveau chapitre dans le texte organique régissant la Chambre des représentants. Autrement dit, donner une valeur normative à ce qui n’était jusque-là qu’un souhait ou une déclaration d’intention.
La question demeure : ces mesures suffiront-elles à changer la donne ? L’argent, les incitations, les textes de loi sont des instruments importants, mais la barrière la plus solide reste culturelle. La perception sociale du handicap, empreinte de préjugés et de paternalisme, risque de freiner l’élan. On ne devient pas candidat crédible du jour au lendemain, encore moins dans un système politique où les réseaux et les ressources personnelles jouent un rôle déterminant.
Cependant, il faut parfois un point de départ. L’histoire des quotas féminins au Maroc illustre ce cheminement : critiqués à leurs débuts, ils ont ouvert la voie à une nouvelle normalité. Peut-être que les incitations financières pour les candidats en situation de handicap joueront un rôle similaire. Ce n’est pas une panacée, mais un déclencheur.
En filigrane, une conviction s’impose : une démocratie qui exclut une partie de ses citoyens, volontairement ou par négligence, n’est jamais achevée. Redonner voix aux personnes handicapées, leur garantir l’accès au vote et à la candidature, c’est enrichir le débat public, c’est diversifier les expériences et les perspectives au sein des institutions.
À l’heure où le Maroc prépare les échéances électorales à venir, ces propositions tombent à point nommé. Elles rappellent que l’inclusion n’est pas un luxe, mais une condition sine qua non de la légitimité démocratique. Loin des promesses creuses, elles ouvrent une brèche dans un mur d’indifférence. Encore faudra-t-il voir si cette brèche deviendra porte d’entrée, ou simple fissure vite refermée.
En définitive, la note du Parti de l’Istiqlal n’est pas un aboutissement, mais une invitation. Invitation à repenser la démocratie marocaine non pas seulement en termes de chiffres de participation ou de sièges attribués, mais en termes de qualité et de diversité de la représentation. Car une démocratie, pour être vivante, doit ressembler à son peuple dans toutes ses dimensions, y compris celles que l’on préfère souvent taire.












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