Une crise provoquée par le débat sur la conscription
Le différend à l’origine de cette rupture porte sur l’un des sujets les plus explosifs de la société israélienne : la conscription des étudiants des yeshivot, les écoles talmudiques. Alors que la Cour suprême a récemment annulé les exemptions dont bénéficient les juifs ultra-orthodoxes, le gouvernement cherchait un compromis. Mais le projet de loi soutenu par le Likoud ne va pas assez loin pour les haredim, qui y voient une menace directe à leur mode de vie et à l’accord social tacite entre laïcs et religieux.
Pour Aryeh Deri, chef du Shas, « il est impossible de rester dans une coalition qui remet en cause l’essence même de l’identité juive traditionnelle ». Sa décision, quoique prévisible, ouvre une période d’instabilité politique dont nul ne peut encore mesurer toutes les conséquences.
Un gouvernement de moins en moins gouvernable
Ce départ fragilise considérablement l’exécutif. Déjà mis sous pression par des manifestations contre la réforme judiciaire et des tensions diplomatiques croissantes à l’international, Netanyahu perd aujourd’hui le soutien de l’un de ses alliés les plus constants. La majorité parlementaire n’est plus qu’un souvenir, et toute tentative de faire voter une loi devient un casse-tête.
Certes, en Israël, un gouvernement minoritaire peut théoriquement se maintenir en place. Mais son efficacité législative devient quasi-nulle, à moins d’obtenir des soutiens ponctuels de députés de l’opposition, une hypothèse improbable dans le contexte actuel.
Certes, en Israël, un gouvernement minoritaire peut théoriquement se maintenir en place. Mais son efficacité législative devient quasi-nulle, à moins d’obtenir des soutiens ponctuels de députés de l’opposition, une hypothèse improbable dans le contexte actuel.
Netanyahu à la manœuvre : tenir… ou rebondir
Pour Netanyahu, l’heure est à la stratégie. Il dispose de 48 heures avant que les démissions ministérielles du Shas ne deviennent effectives. Durant ce court délai, le Premier ministre pourrait encore tenter une médiation express, promettant des concessions pour éviter l’implosion totale de sa coalition.
Mais d’autres options sont sur la table : des remaniements avec des ministres par intérim du Likoud, des tractations avec des partis religieux rivaux, voire des ralliements opportunistes d’élus centristes. Le chef du gouvernement joue la montre, espérant profiter de la trêve estivale de la Knesset pour gagner du temps.
Mais d’autres options sont sur la table : des remaniements avec des ministres par intérim du Likoud, des tractations avec des partis religieux rivaux, voire des ralliements opportunistes d’élus centristes. Le chef du gouvernement joue la montre, espérant profiter de la trêve estivale de la Knesset pour gagner du temps.
Le spectre d’élections anticipées
La perspective d’élections législatives anticipées, possiblement dès fin 2025 ou début 2026, ne cesse de gagner en crédibilité. Yair Lapid, chef de l’opposition, a déjà dénoncé un gouvernement « illégitime » qui n’a plus la confiance de la majorité des députés. Dans la rue comme dans les médias, la pression monte. Selon plusieurs sondages récents, la droite pourrait se maintenir si elle se réorganise autour de nouvelles alliances, mais l’incertitude domine. L’usure du pouvoir, les tensions internes au Likoud et le mécontentement croissant de la population, notamment sur les questions économiques, compliquent les projections.
Une recomposition du paysage politique ?
Au-delà de la crise immédiate, ce nouvel épisode illustre les fractures profondes qui traversent la société israélienne. L’alliance entre sionisme religieux, droite nationaliste et ultra-orthodoxes semble atteindre ses limites. Le divorce du Shas pourrait marquer le début d’une recomposition plus large, avec des alliances moins dogmatiques et plus pragmatiques autour des enjeux sécuritaires et sociaux.
Reste à savoir si Netanyahu, habile stratège, parviendra une fois de plus à se réinventer… ou si cette crise annoncera la fin d’un cycle politique entamé il y a près de trois décennies.
Reste à savoir si Netanyahu, habile stratège, parviendra une fois de plus à se réinventer… ou si cette crise annoncera la fin d’un cycle politique entamé il y a près de trois décennies.












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