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​Le don politique le plus rare : savoir lire la sortie


Rédigé par le Samedi 4 Octobre 2025



L’art du timing politique

Dans l’arène politique, l’instinct est souvent résumé par la capacité à conquérir, à durer, à se maintenir coûte que coûte. Mais il existe un talent plus subtil, presque invisible, que peu de responsables maîtrisent : celui de savoir lire la scène comme on lit une partition, de deviner la note de trop, et surtout de reconnaître le moment où il faut déposer les cartes politiques avant qu’elles ne soient arrachées de force.

Ce don rare ne se confond pas avec la tactique ni même avec la ruse. Il tient d’une intelligence de situation, d’une lucidité presque stoïque : voir dans un discours, une décision, une inflexion de l’opinion, la ligne de fracture qui annonce le déclin. Les grands hommes politiques  ceux dont on se souvient avec respect sont ceux qui ont compris qu’il est des portes de sortie qu’il ne faut pas laisser se refermer.

Au Maroc, comme ailleurs, la mémoire politique est marquée par des figures qui ont su quitter la scène à temps, sans attendre l’humiliation des urnes, la colère des foules, ou l’ouragan des réseaux sociaux. Se retirer n’est pas un échec, c’est une manière de prolonger l’utilité de son parcours. Car au-delà d’un certain seuil, l’entêtement devient nuisible : pour soi, pour son parti, et surtout pour le pays qui doit pouvoir respirer et se renouveler.

L’histoire montre que ceux qui s’accrochent au-delà du raisonnable deviennent prisonniers de leur propre image. Ils finissent poussés dehors, non pas par grandeur mais par lassitude collective. Les réseaux sociaux, amplificateurs d’indignation, n’offrent aucun répit à ceux qui ne savent pas s’effacer. L’onde de choc peut broyer en quelques jours ce qu’une carrière a mis des décennies à construire.

Le véritable art politique ne réside donc pas seulement dans la conquête du pouvoir, mais dans la maîtrise du tempo de son départ. Se retirer au sommet, c’est transformer une fin en légende. Se retirer au bon moment, c’est offrir au pays l’élégance de la continuité. C’est aussi préserver l’idée que l’homme ou la femme politique reste au service de la nation, non l’inverse.

Dans un monde saturé d’images, où la réputation se consume plus vite qu’un hashtag, savoir dire « assez » devient un acte révolutionnaire. Ceux qui en sont capables se distinguent des autres : ils ne s’accrochent pas à leur fauteuil comme à une bouée, ils choisissent eux-mêmes le moment de descendre du navire.

Au fond, cette rareté n’est pas seulement affaire de courage, mais aussi de dignité. Reconnaître la fin de son utilité politique, c’est accepter que l’histoire soit plus grande que soi. C’est permettre à son parcours de rester lisible, non entaché par l’acharnement. Et c’est offrir à la génération suivante une scène débarrassée des fantômes du passé.

Les grandes portes n’existent que pour ceux qui savent les franchir à temps. Ceux qui attendent d’être poussés à la sortie ne laissent derrière eux que des ruines et des regrets.

Dans la politique marocaine comme dans toutes les démocraties en construction, ce don rare est peut-être le plus précieux : savoir lire les signes, et partir avant que l’histoire ne vous congédie.





Samedi 4 Octobre 2025

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