Une traduction encore asymétrique
Ce qui frappe en premier lieu, c’est la direction majoritaire des traductions : de l’arabe vers le français (et parfois l’inverse), avec une très faible proportion d’œuvres traduites depuis d'autres langues, comme l’espagnol, l’anglais, ou le tamazight. L’édition marocaine continue à privilégier les échanges intrafrancophones ou arabo-francophones, au détriment d’une politique ambitieuse d’ouverture vers d’autres espaces.
Cette tendance limite l’accès des lecteurs marocains à la diversité des littératures mondiales, mais aussi la diffusion du patrimoine intellectuel marocain à l’étranger. On lit peu de Marocains traduits en coréen, italien ou portugais — non pas par manque d’intérêt, mais par manque d’initiative.
Une dépendance aux institutions
La traduction est, dans sa majorité, soutenue par des institutions publiques (ministères, organismes culturels) ou des partenariats bilatéraux. Les maisons d’édition privées s’y engagent peu, faute de rentabilité, car le coût d’une traduction (rémunération du traducteur, droits, relecture, adaptation) est élevé, et le lectorat ciblé souvent restreint.
En l’absence d’un fonds de soutien permanent, comme cela existe ailleurs (CNL en France, Goethe-Institut en Allemagne), la traduction au Maroc repose sur des aides ponctuelles, des appels à projets limités et une logique de circonstance, plus que de stratégie.
Le traducteur, un artisan oublié
L’une des fragilités majeures du secteur réside dans le statut du traducteur. Rarement considéré comme un acteur culturel à part entière, il est souvent mal rémunéré, peu formé aux exigences littéraires, et absent des dispositifs de promotion. Cela conduit à une qualité inégale des traductions, parfois mécaniques, parfois surinterprétées, qui desservent les textes autant que leurs auteurs.
Sans politique de formation, sans écoles spécialisées, sans reconnaissance institutionnelle du métier, le Maroc laisse filer une compétence pourtant essentielle pour sa diplomatie culturelle.
Cette tendance limite l’accès des lecteurs marocains à la diversité des littératures mondiales, mais aussi la diffusion du patrimoine intellectuel marocain à l’étranger. On lit peu de Marocains traduits en coréen, italien ou portugais — non pas par manque d’intérêt, mais par manque d’initiative.
Une dépendance aux institutions
La traduction est, dans sa majorité, soutenue par des institutions publiques (ministères, organismes culturels) ou des partenariats bilatéraux. Les maisons d’édition privées s’y engagent peu, faute de rentabilité, car le coût d’une traduction (rémunération du traducteur, droits, relecture, adaptation) est élevé, et le lectorat ciblé souvent restreint.
En l’absence d’un fonds de soutien permanent, comme cela existe ailleurs (CNL en France, Goethe-Institut en Allemagne), la traduction au Maroc repose sur des aides ponctuelles, des appels à projets limités et une logique de circonstance, plus que de stratégie.
Le traducteur, un artisan oublié
L’une des fragilités majeures du secteur réside dans le statut du traducteur. Rarement considéré comme un acteur culturel à part entière, il est souvent mal rémunéré, peu formé aux exigences littéraires, et absent des dispositifs de promotion. Cela conduit à une qualité inégale des traductions, parfois mécaniques, parfois surinterprétées, qui desservent les textes autant que leurs auteurs.
Sans politique de formation, sans écoles spécialisées, sans reconnaissance institutionnelle du métier, le Maroc laisse filer une compétence pourtant essentielle pour sa diplomatie culturelle.
L’avis de l’avocat du diable
Traduire, c’est respirer à l’échelle du monde. Ne pas le faire, c’est s’asphyxier doucement. Tant que la traduction sera perçue comme une opération secondaire — un simple pont administratif entre langues — le Maroc ne pourra pas pleinement inscrire sa culture dans les circuits internationaux. Il est temps de considérer la traduction non comme un luxe, mais comme un levier stratégique de souveraineté intellectuelle.












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