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​Traduction au Maroc : un chantier culturel à demi-ouvert


Rédigé par La Rédaction le Vendredi 16 Mai 2025

Avec 145 titres traduits en 2022–2023, soit à peine 4 % de la production totale, la traduction littéraire et scientifique au Maroc reste marginale. Pourtant, dans un pays multilingue, ouvert à plusieurs aires culturelles, et désireux de rayonner intellectuellement, la traduction devrait être un pilier stratégique. Pourquoi ce retard persistant ? Et surtout, quelles implications sur l’autonomie culturelle du pays ?



Une traduction encore asymétrique

Ce qui frappe en premier lieu, c’est la direction majoritaire des traductions : de l’arabe vers le français (et parfois l’inverse), avec une très faible proportion d’œuvres traduites depuis d'autres langues, comme l’espagnol, l’anglais, ou le tamazight. L’édition marocaine continue à privilégier les échanges intrafrancophones ou arabo-francophones, au détriment d’une politique ambitieuse d’ouverture vers d’autres espaces.

Cette tendance limite l’accès des lecteurs marocains à la diversité des littératures mondiales, mais aussi la diffusion du patrimoine intellectuel marocain à l’étranger. On lit peu de Marocains traduits en coréen, italien ou portugais — non pas par manque d’intérêt, mais par manque d’initiative.

Une dépendance aux institutions

La traduction est, dans sa majorité, soutenue par des institutions publiques (ministères, organismes culturels) ou des partenariats bilatéraux. Les maisons d’édition privées s’y engagent peu, faute de rentabilité, car le coût d’une traduction (rémunération du traducteur, droits, relecture, adaptation) est élevé, et le lectorat ciblé souvent restreint.

En l’absence d’un fonds de soutien permanent, comme cela existe ailleurs (CNL en France, Goethe-Institut en Allemagne), la traduction au Maroc repose sur des aides ponctuelles, des appels à projets limités et une logique de circonstance, plus que de stratégie.

Le traducteur, un artisan oublié

L’une des fragilités majeures du secteur réside dans le statut du traducteur. Rarement considéré comme un acteur culturel à part entière, il est souvent mal rémunéré, peu formé aux exigences littéraires, et absent des dispositifs de promotion. Cela conduit à une qualité inégale des traductions, parfois mécaniques, parfois surinterprétées, qui desservent les textes autant que leurs auteurs.

Sans politique de formation, sans écoles spécialisées, sans reconnaissance institutionnelle du métier, le Maroc laisse filer une compétence pourtant essentielle pour sa diplomatie culturelle.

 

L’avis de l’avocat du diable

Traduire, c’est respirer à l’échelle du monde. Ne pas le faire, c’est s’asphyxier doucement. Tant que la traduction sera perçue comme une opération secondaire — un simple pont administratif entre langues — le Maroc ne pourra pas pleinement inscrire sa culture dans les circuits internationaux. Il est temps de considérer la traduction non comme un luxe, mais comme un levier stratégique de souveraineté intellectuelle.

Édition marocaine – Production éditoriale – Subventions publiques – Centralisation géographique – Littérature – Sciences humaines – Tirage faible – Dépendance institutionnelle – Diffusion limitée – Langue arabe – Langue française – Langue amazighe – Vulnérabilité structurelle – Lecture publique – Lectorat élitiste – Accès au livre – Numérique – Écosystème du livre – Commande publique – Château de cartes






Vendredi 16 Mai 2025

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