Par Dr Az-Eddine Bennani
Dans mon ouvrage « L’intelligence artificielle au Maroc ? Souveraineté, inclusion et transformation systémique », j’ai insisté sur trois axes qui trouvent un écho direct dans cette initiative :
1. La souveraineté numérique : l’IA ne peut être réduite à l’adoption de solutions importées. Elle doit être construite autour de nos propres référentiels culturels, linguistiques, juridiques et organisationnels. Le choix du Maroc d’impliquer la CNDP traduit une prise de conscience essentielle : la maîtrise des données et leur protection constituent le socle d’une IA souveraine.
2. L’inclusion et la confiance : j’ai plaidé pour que l’IA ne soit pas l’affaire d’experts uniquement, mais qu’elle bénéficie à l’ensemble des citoyens, entreprises et administrations. La mise en place d’un cadre responsable doit intégrer cette dimension de pédagogie et d’accompagnement pour garantir l’adhésion et la confiance du public.
3. La transformation systémique : une IA responsable ne se limite pas à la technique. Elle doit être pensée comme un levier de transformation des institutions, de la gouvernance et des pratiques. Ce cadre doit donc s’articuler avec la formation, la recherche, la régulation et la coopération internationale.
Dans mes articles, mes publications et mes interviews, j’ai également souligné plusieurs zones de vigilance :
- Le calendrier et le financement : une stratégie ambitieuse exige des moyens clairs et durables, sans quoi elle risque de rester symbolique.
- La gouvernance : il faut définir qui assume la responsabilité des décisions prises par les systèmes d’IA, en cas d’erreurs ou de dérives.
- Le capital humain : développer un LLM marocain ne se décrète pas. Cela suppose un investissement massif dans les compétences locales et une articulation entre universités, startups et institutions publiques.
- La cohérence systémique : l’IA doit être alignée sur les priorités nationales – éducation, santé, culture, environnement – plutôt que de répondre à une logique purement technologique ou opportuniste.
Par cette convention, le Maroc montre qu’il ne se contente pas d’observer passivement les mutations mondiales de l’IA, mais qu’il souhaite tracer sa propre voie. Si ce cadre est mis en œuvre avec rigueur, il pourrait constituer un modèle pour d’autres pays africains et du Sud global, démontrant qu’il est possible d’allier innovation technologique, respect des droits fondamentaux et identité culturelle.
C’est là tout le sens de mon plaidoyer dans « L’intelligence artificielle au Maroc ?
Souveraineté, inclusion et transformation systémique » : bâtir une intelligence artificielle qui ne soit pas seulement performante, mais qui soit responsable, inclusive et souveraine, au service du développement humain et de la transformation durable du Maroc.












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