Le Maroc a enregistré à fin janvier 2025 un déficit budgétaire de 3,9 MMDH, une détérioration notable par rapport à l’excédent de 2,3 MMDH observé à la même période en 2024. Ce retournement de situation s’explique principalement par une hausse des dépenses publiques combinée à une stagnation des recettes fiscales. Selon les données fournies par la Trésorerie Générale du Royaume (TGR), cette situation reflète des pressions croissantes sur les finances publiques, dans un contexte de ralentissement économique mondial et de hausse des coûts des matières premières.

Les dépenses ordinaires, notamment celles liées aux subventions énergétiques et alimentaires, ont augmenté de manière significative. Cette hausse est attribuée à la volatilité des marchés internationaux et à la volonté du gouvernement de maintenir un certain niveau de soutien aux ménages marocains pour préserver leur pouvoir d’achat.

En parallèle, les recettes fiscales n’ont pas suivi une trajectoire ascendante. Bien que les impôts directs, comme l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés, aient montré une certaine résilience, les recettes provenant de la TVA et des droits de douane ont stagné. Cela peut être attribué à une consommation intérieure modérée et à une baisse des importations, conséquence des mesures de rationalisation des dépenses prises par les ménages et les entreprises.

Ce déséquilibre entre les charges et les ressources met en lumière les limites des politiques fiscales actuelles. Les experts soulignent que le Maroc devra intensifier ses efforts pour élargir l’assiette fiscale et améliorer l’efficacité de la collecte des impôts.

Le déficit budgétaire intervient dans un contexte marqué par des défis économiques multiples. La croissance économique marocaine reste sous pression en raison des incertitudes mondiales, notamment les tensions géopolitiques et les perturbations des chaînes d’approvisionnement. Par ailleurs, les efforts pour financer des projets d’infrastructure ambitieux et soutenir des secteurs stratégiques comme l’agriculture et l’énergie renouvelable ont contribué à alourdir les charges publiques.

Malgré ces difficultés, le gouvernement marocain se veut rassurant. Il mise sur une reprise progressive de l’économie mondiale et sur les réformes structurelles engagées pour stimuler les investissements et renforcer la compétitivité du pays.

Pour réduire le déficit budgétaire, plusieurs pistes sont envisagées :

1. Renforcer l’efficacité des dépenses publiques : Cela implique une meilleure allocation des ressources et une lutte accrue contre la corruption et le gaspillage.
2. Élargir l’assiette fiscale : L’intégration de l’économie informelle dans le système fiscal pourrait générer des recettes supplémentaires significatives.
3. Stimuler les investissements étrangers : Le Maroc pourrait attirer davantage d’investissements directs étrangers grâce à des incitations fiscales et à une amélioration du climat des affaires.
4. Réduire les subventions coûteuses : Une révision progressive des subventions énergétiques, accompagnée de mesures pour protéger les ménages vulnérables, pourrait alléger les charges publiques.

Le déficit budgétaire de 3,9 MMDH à fin janvier 2025 constitue un signal d’alarme pour les finances publiques marocaines. Si des mesures correctives ne sont pas rapidement mises en œuvre, le Maroc risque de voir sa capacité à financer ses projets de développement compromise. Cependant, avec des réformes fiscales et une gestion rigoureuse des dépenses, le pays peut espérer retrouver une trajectoire budgétaire plus équilibrée.