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95.658 prisonniers au Maroc : 1/4 purge une peine de 2 à 5 ans, mais la jeunesse reste la majorité


Rédigé par le Mercredi 5 Novembre 2025

La Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) a publié des chiffres préoccupants sur l’état de la population carcérale au Maroc, qui atteint 95.658 détenus au 30 septembre 2025. Un chiffre qui illustre non seulement l’ampleur du phénomène carcéral dans le pays, mais aussi les défis sociaux et judiciaires qui en découlent.



Les données révèlent une population majoritairement jeune et peu instruite. En effet, près de 76 % des prisonniers ont entre 18 et 40 ans, et une majorité d’entre eux dispose d’un niveau d’éducation basique ou inférieur. Le constat est d’autant plus frappant lorsqu’on considère que près de 40 % des détenus n’ont pas dépassé l’enseignement fondamental, et que seulement 4 % ont un niveau universitaire. Ces chiffres soulignent le lien entre manque d'éducation, précarité sociale et incarcération.
 

Les chiffres les plus frappants de la DGAPR concernent la répartition des infractions. Les délits liés à la consommation et au trafic de stupéfiants représentent 28,39 % des cas, soit 27.162 détenus, confirmant une tendance inquiétante dans les prisons marocaines : les drogues restent une des causes majeures d’incarcération. Les crimes contre les biens, tels que le vol, l’escroquerie ou les abus de confiance, suivent de près avec 28,07 %, soit 26.854 prisonniers. Ces deux types de délits combinés représentent plus de la moitié de la population carcérale, un problème qui interpelle sur l’efficacité des politiques de prévention et de réinsertion.
 

Les violences contre les personnes arrivent en troisième position, représentant 16,52 % des détenus, avec 15.803 prisonniers. Les crimes liés à la famille et aux mœurs ne sont pas en reste, représentant près de 11 % du total, avec 10.420 détenus. Enfin, les infractions liées à la sécurité et à l'ordre public comptent pour 10,67 % des cas, soit 10.203 détenus.
 

Un autre chiffre inquiétant de cette étude concerne la lenteur des procédures judiciaires. Près de 11 % des détenus, soit 10.981 personnes, n’ont pas encore été condamnées. Ce retard dans le traitement des affaires expose les faiblesses du système judiciaire, qui ne parvient pas à garantir une justice rapide et équitable. Parmi les condamnés, la majorité purge des peines de deux ans ou moins, tandis qu’un quart des détenus écopent de peines de deux à cinq ans.
 

Les peines plus longues, entre cinq et dix ans, concernent environ 18 % des détenus, tandis que près de 8 % purgent des peines allant jusqu’à trente ans. La peine de mort, bien qu’encore inscrite dans le code pénal marocain, ne concerne que 61 détenus, ce qui montre son inutilisation en pratique.
 

En ce qui concerne le profil professionnel des prisonniers, les travailleurs indépendants, principalement des artisans, représentent plus de 58 % de la population carcérale, soit environ 56.200 détenus. Les employés et les chômeurs suivent avec des proportions proches, autour de 15 % chacun, ce qui reflète l'impact de la précarité et du chômage sur la criminalité. Les agriculteurs, représentant 6,43 % des détenus, apportent un éclairage supplémentaire sur la diversité des profils sociaux des prisonniers.
 

Avec une population carcérale aussi jeune et souvent issue des classes populaires, il est impératif de repenser les politiques de réinsertion. L’éducation et la formation professionnelle devraient être au cœur des stratégies de réhabilitation, afin de permettre aux détenus de se réintégrer efficacement dans la société une fois leur peine purgée. Le nombre élevé de détenus sans condamnation et la lenteur des procédures judiciaires montrent également que des réformes urgentes sont nécessaires pour garantir des délais de jugement plus courts et une justice plus équitable.
 

À l’avenir, il sera crucial de suivre l’évolution de la réforme pénitentiaire au Maroc, notamment en ce qui concerne l’amélioration des conditions de détention, le renforcement des programmes de réinsertion et la réduction de la lenteur des procédures judiciaires. Ces défis doivent être affrontés avec des solutions innovantes pour éviter que la population carcérale ne continue de croître de manière incontrôlée.


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Mamadou Bilaly Coulibaly
Journaliste et étudiant malien en stage, passionné par la géopolitique, l'histoire et le sport.... En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 5 Novembre 2025

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