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AEI : Feuille de route PLF 2026 en 8 séries de mesures


Rédigé par le Dimanche 31 Août 2025

L’Alliance des Economistes Istiqlaliens (AEI) suggère 8 séries de mesures à prendre en considération, dans l’élaboration du PLF 2026, pour appuyer et accélérer le processus d’émergence en cours au Maroc.



Conformément au Hautes orientation Royales, l’AEI appelle à donner la priorité au renforcement de l’État social, à la stimulation de l’investissement privé, au renforcement de la souveraineté sanitaire, alimentaire, hydrique, énergétique et industrielle de notre Pays et au soutien du pouvoir d’achat des ménages affectés par une inflation souvent importée ou alimentée par des spéculateurs internes.

Dans le même esprit, l’AEI adhère et appuie la particularité des efforts à fournir pour un développement inclusif et durable des territoires ruraux et péri-urbains par la mise en place d’une nouvelle génération de programmes, fondée sur la valorisation des spécificités locales, la consolidation de la régionalisation avancée et le principe de complémentarité et de solidarité entre les entités territoriales.

Parallèlement, la rationalisation des dépenses publiques ne doit exclure ni fonctionnement, ni investissements, ni dépenses fiscales ; ce qui nécessite plus de précisions dans les ciblages et dans les évaluations préalables d’impact de ces dépenses.

Le Projet de Loi de Finances (PLF) pour l’année 2026 se prépare dans un environnement international caractérisé par une augmentation des tensions géopolitiques, des déséquilibres budgétaires et une ascension de l’endettement des grandes puissances, des incertitudes économiques et commerciales, un élargissement des tendances protectionnistes commerciales et migratoires, ainsi que par des perturbations causées par les changements climatiques et la multiplication des catastrophes naturelles qui en résultent.

Il en découle un ralentissement de la croissance mondiale que notre économie pourrait ressentir, notamment en termes de demande et d’investissements extérieurs adressés au Maroc.

Malgré ce contexte particulièrement contraignant, l’économie marocaine devrait terminer l’année 2025 avec une croissance de 4,5%, une maitrise de l’inflation à un taux légèrement supérieur à 1% et un début de recul du taux de chômage.

Au niveau financier, les succès enregistrés par les derniers recours au marché de capitaux sont de bon augure pour les porteurs de projets de croissance, publics ou privés.

Selon les prévisions du HCP et du gouvernement, ces tendances favorables pourraient se prolonger en 2026 et au-delà. Cependant, l’Alliance recommande plus de prudence quant aux hypothèse de croissance, notamment en ce qui concerne la production céréalière et les prix des commodités. 

Maroc 2030, en marche vers l’Emergence :

Suivant les Hautes Orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste, le Maroc a fait le choix salutaire d’apporter, aux classes sociales les plus défavorisées, un dispositif assurantiel complet, incluant une assurance maladie, des aides directes, auxquels s’ajouteront, progressivement, un dispositif d’accès universel à la retraite et à l’assurance chômage.

Le Gouvernement a aussi déployé une série de mesures pour atténuer les effets de la spirale inflationniste sur le pouvoir d’achat des classes démunies et moyennes, telles que l’augmentation des salaires des fonctionnaires, le relèvement du SMIG et du SMAG, la réforme de l’impôt sur le revenu, le soutien des prix de l’énergie et du transport, ainsi que la réduction des exportations de certains produits de première nécessité et l’encouragement des importations des céréales et des viandes.

En raison du biais porté par certains spéculateurs au marché, ces aides n’ont pas toujours bénéficié aux consommateurs, comme ce fut le cas pour les viandes. Parallèlement, et surtout depuis 2021, notre pays a considérablement intensifié son effort d'investissement public, grâce à un engagement budgétaire exceptionnel et une implication progressive des Collectivités Territoriales.

D’une enveloppe annuelle moyenne d'environ 180 milliards de dirhams sur la période 2010-2020, nous sommes passés à 230 milliards de dirhams sur 2021-2022 ; puis à une moyenne de 325 milliards de dirhams sur la période 2023-2025.

Ce faisant, le Royaume vise une transformation économique profonde, de plus en plus portée par le secteur privé, pour créer des emplois de qualité et bénéficier du dividende démographique.

En dupliquant les succès que connaissent l’automobile et l’aéronautique, le tourisme et le sport, à titre d’exemple ; en anticipant les grandes ruptures annoncées par l’expansion fulgurante de l’IA et en tirant le meilleur bénéfice des incontournables transitions écologiques et numérique, notre Pays cherche à renforcer sa souveraineté alimentaire, énergétique, économique et sanitaire ; à monter dans les chaînes de valeur mondiales ; à préserver ses équilibres macro-économiques fondamentaux ; à faire avancer sa régionalisation avancée et à réduire les écarts entre les différentes parties du territoire, dans le cadre d’un modèle de développement inclusif et durable . 

L’AEI tient ainsi, et comme chaque année, à apportersa contribution à la réflexion publique, en préparatoire du projet de Loi de Finances 2026 et propose ce qui suit :

1- Accélérer le déploiement des principaux axes de l’Etat social, avec un ciblage basé sur le registre social, permettant de rectifier les insuffisances constatées dans les pratiques actuelles. Les mesures suggérées dans ce sens consistent à :

- Redéfinir les éléments de calcul du « score RSU » en vue d’améliorer les ciblages des personnes éligibles aux aides directes. Il s’agit particulièrement d’accélérer la révision des listes d’éligibles et de revoir les critères d’éligibilité (achat de certains biens et services jugés non indispensables) en augmentant le plancher jugé non indispensable (ex : achat de moyen de locomotion et consommations d’électricité et d’Internet qui sont parfois des outils de travail) et observer ces consommations sur une durée minimum de 6 mois avant de revoir l’éligibilité ;
- Réaménager le régime AMO pour les saisonniers, en garantissant un maintien temporaire des droits sociaux même en cas d'emploi irrégulier pour éviter la migration des salariés, cherchant préserver leur droit à l’AMO, y compris agricoles, vers l’informel
- Parallèlement, une campagne intense de sensibilisation citoyenne quant l’importance de ce dispositif de solidarité nationale pour les plus vulnérables parmi nous, sachant que les grands moyens mis à disposition ne sont pas extensibles ;
- Doubler la dotation (de 100 Dh) destinée aux personnes en situation de handicap pour améliorer la couverture de leurs charges incompressibles ;
- Adapter la gouvernance de la sécurité sociale en fiabilisant les mécanismes de prise en charge des travailleurs saisonniers, en élargissant la base contributive, et en améliorant le recouvrement des cotisations ;
- Compléter l’offre sanitaire en améliorant la gestion des urgences médicales par l’élargissement du champ d’action du SAMU pour inclure les secours sur la voie publique et le renforcement de ses moyens financiers ;
- Accélérer le déploiement de l’Agence du Sang, la doter des moyens humains et matériels appropriés ;
- Impliquer les Conseils régionaux dans la gestion et le financement des agences régionales du sang et des services d’urgence médicale en leur permettant d’instaurer un prélèvement sur le chiffre d’affaires des activités privées de santé ;
- Accélérer l’adoption et le déploiement de la réforme approfondie, tant attendue, des retraites ;
- Mettre en place une meilleure coordination entre les caisses sociales et les organismes de santé, afin d’assurer la continuité des droits et de simplifier les démarches administratives pour les ménages. La digitalisation des procédures, l’accès simplifié à l’information et la transparence dans la gestion des prestations sociales doivent être accélérés. 

2- Continuer à soutenir le pouvoir d’achat des ménages, en agissant sur l’offre de bien et services, en poursuivant la réforme de l’IR et en stimulant l’épargne, tout en évitant le surendettement des ménages :

Poursuivre la réforme de l’IR

En 2025, après plusieurs années d’inflation, le Maroc retrouve une stabilité relative des prix. Toutefois, le niveau général des prix demeure largement supérieur à celui d’avant la crise COVID-19. Plusieurs mesures ont été initiées pour restaurer le pouvoir d’achat, notamment par l’augmentation et la revalorisation des salaires et la réforme de l’impôt sur le revenu (IR). Toutefois, les tranches intermédiaires n’ont pas bénéficié pleinement de ces ajustements (exemple : un gain de 4% pour un salaire net de 8500 dirhams par mois).

S’agissant de la fiscalité, un allégement ciblé pour les revenus modestes, combiné à une meilleure progressivité de l’impôt, offrirait davantage d’équité et encouragerait la formalisation des activités économiques. De plus, l’adoption de dispositifs incitatifs pour le développement de l’épargne populaire et de nouveaux produits d’investissement adaptés aux différents profils de la population renforceraient le tissu économique national.

En conséquence, l’AEI recommande :

- D’élargir la tranche de revenu soumise au taux plafond IR de 34 %, de 180.000 à 240 000
DH
; et d’introduire des clauses contractuelles ou conventionnelles permettant une revalorisation automatique des salaires en fonction de l’évolution de l’indice officiel du Côut de la vie (ICV) ;
- Soutenir les parents dans la scolarisation de leurs enfants en appliquant les dispositions de la loi 01-00 portant organisation de l’enseignement supérieur, promulguée en 2000, qui indique dans son article 88 que, dans des conditions et limites fixées par la loi de Finances, des déductions peuvent être accordées pour les frais de scolarité ou de formation. 25 ans après la promulgation de cette Loi, il est temps de concrétiser cette déductibilité pour l’enseignement supérieur et de l’étendre à l’enseignement élémentaire et secondaire, notamment pour les familles à revenu modeste ou intermédiaire ;
- Combattre la spéculation des intermédiaires, en vue de réduire les prix des viandes, assurer une reconstitution du cheptel, notamment bovin, et assurer l’approvisionnement des marchés en viandes rouges et produits laitiers. Il est à noter que le cheptel réel récemment recensé fait état de la disponibilité de 32,8 millions de têtes en aout 2025 dont 23,16 millions d’ovins (soit une croissance de 16% par rapport à 2023).
Le manque se situe surtout au niveau des males (moins du 1/3 contre 2/3 de femelles) et le recul du bovin ; avec 2.094.109 têtes en 2025, contre 2.883.867 en 2023 ; soit une baisse de 27%.
- Encourager les mécanismes d’épargne favorisant l’élargissement de la classe moyenne. La fiscalité de l’épargne au Maroc reste moins avantageuse que celle en vigueur dans les pays de l’OCDE. Cependant, le pays dispose de dispositifs fiscaux spécifiques (exonérations d’IR, d’impôts sur les dividendes ou plus-values) destinés à encadrer les revenus et profits provenant des placements dans des produits d’épargne collective, tout en encourageant l’investissement en actions. Ces avantages restent peu connus et peu attractifs pour les épargnants, en raison des plafonds d’investissement, qui sont gelés depuis plus de 10 ans, malgré l’inflation.

L’élargissement et le renforcement de ces dispositifs contribueraient à soutenir à la fois
l’investissement et le pouvoir d’achat des classes moyennes. A cet effet, l’AEI recommande particulièrement de : 
Porter le plafond du PEE (Plan Epargne Entreprise) de 600 000 à 1 million de dirhams, et augmenter l’abondement annuel versé par l’entreprise à 15 % du revenu salarial imposable, au lieu de 10 % ;
Rehausser le plafond des versements sur le PEL (Plan Epargne Logement) de 400 000 à 600 000 dirhams et le plafond du PE Education de 300 000 à 500 000 dirhams

3- Accorder une attention particulière au milieu rural, en améliorant les rendements des activités agricoles et d’élevage, en poursuivant la politique de reconstitution du cheptel, notamment bovin, en organisant la filière laitière au profit des éleveurs, et en diversifiant les sources de revenu de ses habitants,

Le secteur agricole marocain fait face à une perte massive d'emplois et de rendements due aux changements climatiques, et à une adaptation insuffisante des modes de production et de distribution. Il est donc urgent de soutenir et d’accorder une attention particulière à cette importante partie de nos concitoyens. Dans ce sens, l’AEI suggère ce qui suit :

• Mettre en place, avec les grands producteurs et les « agrégateurs », un système de quota à l’export sur les produits de base, au prorata de la quantité globale commercialisée, soutenir pour les productions de base destinées à ce marché ;

• Soutenir la montée en gamme, le stockage, le conditionnement et la transformation de proximité des produits ruraux, en faisant bénéficier les investissements y afférant de tous les avantages prévus par la charte d’investissement, quelle que soit la taille du projet et sa province de localisation ;

• Inciter les agriculteurs à une utilisation économique de l’eau ; faciliter les autorisations et encourager les petits et moyens projets touristiques dans le rural ;

• Créer, sous forme de coopératives locales, dans les cercles ruraux, des centrales d’achat pour les intrants de produits et services destinés aux activités rurales et leur distribution et accorder une exonération de 5 ans des taux actuels de la taxe professionnelle ;

• Réduire de 50% les coûts de branchement et d’abonnement internet dans le milieu rural pour permettre l’accès, à distance à des services d’éducation, de formation et de santé, améliorer l’attractivité de ce milieu pour les TPE et PME et faciliter la création de « maisons multiservices » ouvertes au grand public (poste, assurances, billetterie, etc…). 

4- Vers une nouvelle génération de programmes territoriaux pour plus d’équité sociale

Malgré les avancées réalisées en matière de développement humain et d’infrastructures, notre pays continue à faire face à de fortes inégalités territoriales qui limitent l’accès équitable des citoyens aux services, aux opportunités économiques et à une meilleure qualité de vie.

Ces disparités fragilisent la cohésion nationale et freinent le potentiel de croissance inclusive du pays. Dans cette perspective, et conformément aux Hautes orientations royales, appelant à la mise en œuvre d’une nouvelle génération de programmes territoriaux, dépassant la logique de rattrapage infrastructurel et intégrant des approches innovantes, centrées sur le capital humain, l’équité sociale et la valorisation des atouts régionaux, l’AEI recommande notamment de :

Réduire les fractures en infrastructures et services :

- Transport et connectivité : prolonger le programme de routes rurales (objectif 10 000 km supplémentaires à horizon 2030) et développer des liaisons ferroviaires régionales ;
- Santé : ouvrir des maisons de santé pluridisciplinaires, intercommunautaires et renforcées par des pratiques de télémédecine pour zones enclavées.
- Éducation : construire des internats pour collégiens et lycéens et des transports scolaires modernisés au profit des enfants du rural (bus intercommunautaire et bicyclettes) ; - Lutter contre la déperdition scolaire en poursuivant la politique de ciblage conditionné des aides familiales en relation avec la scolarisation des enfants ;
- Eau & électricité : Adopter dessolutions décentralisées (mini-barrages, stations de dessalement monoblocs, énergie solaire rurale) pour fournir eau et électricité aux territoires non équipés ;
- Télécoms : inciter le Fonds de service universel (ANRT) à élargir et accélérer les investissements dans les réseaux et infrastructures télécoms pour couvrir les zones blanches, au moins en 4G, permettant ainsi à ces territoires de créer de nouvelles opportunités d’emploi et de bénéficier de services publics à distance. 

Stimuler l’économie locale et les chaînes de valeur régionales en développant des clusters territoriaux, tenant compte des vocations, avantages compétitifs et ressources hydriques locales et spécialiser les territoires pour éviter les surproductions dans certaines filières (exemple des agrumes) et de la rareté dans d’autres ;

Appuyer ces productions par des fonds régionaux d’investissement et de garantie pour les PME/TPE locales et réserver au moins 25% de la commande publique régionale aux entreprises locales ;

Renforcer la gouvernance locale et la participation citoyenne avec le soutien institutionnel des associations locales pour en faire un relais de proximité des politiques publiques ;

Créer, avec le concours du HCP, un Observatoire National du Développement des Territoires (ONDT), avec des délégations régionales, pour le suivi régulier des indicateurs de développement humain et économique au niveau des territoires. 

5- Poursuivre et renforcer les mesures visant la création massive d’emplois de qualité

Les instruments de soutien à l’emploi (ou programmes actifs du marché du travail, PAMT)tels que Idmaj, Tahfiz et Taehil, n’ont pas encore produit l’impact escompté. Il est impératif d’en préciser le ciblage, d’en élargir la couverture géographique, et d’assurer l’accompagnement des bénéficiaires et la coordination entre les acteurs.

Dans ce cadre, l’AEI recommande notamment de :

Augmenter la contribution maximale de l’ANAPEC aux formations
dans le cadre du
programme Taehil, de 10 000 à 20 000 dirhams par bénéficiaire, notamment les entreprises
nouvelles et celles opérant dans des activités créatrices d’emplois à forte valeur ajoutée.
Parallèlement, élargir l’éligibilité aux candidats non diplômés en valorisant leurs acquis
professionnels, comme cela est pratiqué dans plusieurs pays émergents ;

Augmenter le plafond d’éligibilité au programme Tahfiz de de 10 à 20 salariés maximums, et relever la part du salaire brut bénéficiant des exonérations fiscales et sociales de 10 000 à 12 000dirhams par mois ;

Encourager l’emploi formel en appliquant un taux réduit de 50 % pour toutes les nouvelles
inscriptions à la CNSS, durant les 36 premiers mois suivant la déclaration ;

Créer une Bourse d’emploi auprès de l’ANAPEC pour permettre de faire face à la pénurie deressources humaines que connaissent plusieurs secteurs (BTP, tourisme, santé, industries, codage, etc) et réduire le chômage qui sévit auprès des jeunes et des femmes. L’ANAPEC jouerait un rôle d’intermédiation active, avec l’OFPPT, consistant à orienter les demandeurs d’emploi vers des programmes accélérés de formation-insertion dans les filières concernées ;
Mener une compagne intensive d’inscription en ligne (application smartphone) des chômeurs auprès de l’ANAPEC et Inscrire systématiquement, auprès l’ANAPEC, tous les chômeurs demandeurs d’assurance maladie (par échange de données informatique) :

Lancer des programmes de création massive d’emploi, tels que programme de plantation
d’arbres dans toutes les communes, y compris sur des terrains privés auxquels l’Etat fournirait le type d’arbres adaptés ; et lancer par la même occasion des « ceintures vertes » autour des grandes ville pour en réduire la pollution. Un large programme de ramassage et de lutte contre la pollution plastique, terre et mer, peut également être lancé, en l’appuyant par une campagne de sensibilisation citoyenne

6- Renforcer le cadre économique afin de stimuler le dynamisme de l’initiative privée.

Malgré la dynamique de l’investissement privé, notamment en industrie, la croissance de la valeur ajoutée non agricole et de l’emploi qui en découle restent en deçà des objectifs fixés par le Gouvernement.

Par ailleurs, le contexte international reste incertain. A titre d’exemple, l’accord récent entre les États-Unis et l’Europe, couplé aux discussions sur un éventuel FTA, risque de rediriger les flux d’investissements vers les USA, au détriment de pays comme le Maroc.

Il est donc crucial d’en anticiper les conséquences sur notre compétitivité et l’attractivité de notre économie. Pour faire face à ces menaces, il est essentiel de :

• Libérer les énergies productives, lever les obstacles réglementaires
et accélérer la mise en œuvre de leviers clés, tels que la charte de l’investissement, qui doit être pleinement opérationnalisée, y compris pour les PME, tout en versant les subventions prévues ;

• Reconsidérer le dispositif de l’auto-entrepreneur en élargissant les seuils de chiffre d’affaires annuels, passant notamment de 200 000 DH à 400 000 DH pour les prestations de services et de 500 000 DH à 1 million de DH pour les activités commerciales et industrielles ; augmenter le plafond de chiffre d'affaires avec un même client de 80 000 DH à 120 000 DH, et en réduire la retenue à la source de 30% à 20% ; et uniformiser le taux de retenue à la source pour les microactivités, avec une déclaration trimestrielle simplifiée ;

• Simplifier les démarches de passage progressif du statut d'auto-entrepreneur vers une forme d’entreprise plus adaptée à l’évolution de l’activité (SARL, par exemple) moyennant un mécanisme approprié, à mettre en place auprès des CRI ;

• Labelliser et accompagner les entreprises innovantes, en collaboration avec des instituts de recherche, comme MAScIR.

7- Poursuivre les actions du Gouvernement visant à augmenter et à diversifier les sources de recettes de l’Etat et des collectivités territoriales, en vue de poursuivre les grands chantiers de développement humain et économique dans les différentes Régions du Royaume.

L'AEI recommande de soutenir les budgets de l’Etat et des collectivités territoriales par une politique de remontée de dividendes des EEP, y compris les SDL et SDR, moyennant un cadre règlementaire relatif à la distribution des bénéfices propre à ces entreprises.

Par ailleurs, et bien que les recettes fiscales locales aient progressé de plus de 20 % en 2024, atteignant près de 44 milliards de dirhams, les recettes fiscales gérées par les collectivités territoriales représentent moins de 14 % du total des recettes fiscales, avec un faible taux de réalisation.

De plus, les redevances pour occupation du domaine public souffrent de défaillances importantes tant au niveau du recensement qu'à celui du recouvrement.

- Procéder à une révision périodique du système de dépenses fiscales et revoir les modalités d’octroi d’une série de subventions, en privilégiant les PME dans tous les secteurs ;
- Affecter 34% au lieu de 32% des recettes TVA aux collectivités territoriales ; les recettes supplémentaires seraient exclusivement réservées à la réalisation de projets structurants par ces collectivités ;
- Réorganiser et renforcer les moyens de l'Administration Fiscale des Collectivités territoriales, avec un personnel intéressé aux résultats et doté de systèmes d'information efficaces ;
- Une gestion rigoureuse et dynamique du patrimoine public (Etat et collectivités), impliquant une connaissance fine de ce patrimoine et de ses potentialités, afin de définir une stratégie visant à optimiser l'utilité publique des biens, à améliorer leur rentabilité locative, et à déployer une politique de cessions et d'acquisitions stratégiques répondant aux objectifs de développement local. Les produits de cession des biens doivent également être réservés à l’investissement de développement des collectivités concernées ;

Dans le cadre du processus de déploiement de la régionalisation avancée, permettre aux  Régions de générer des ressources propres pour pouvoir porter des projets régionaux structurants, en complément des efforts de l’Etat central : 

- Les Régions doivent avoir un retour sur investissement issu de projets des communes et entreprises publiques dont les activités relèvent des attributions des Régions, notamment quand ces dernières contribuent à leur financement (péage routier et aéroportuaire, marchés régionaux de gros, distribution d’eau et d’électricité, etc) ;
- La création par les Régions de sociétés foncières, mobilisant du foncier public, destinées à des investissements générateurs d’emplois, avec un cout foncier réduit, et permettant un retour sur investissement à moyen et long terme au profit des régions ;
- La prise de participation des Régions dans des projets de capital-investissement permettant d’encourager l’investissement local, notamment dans des startups en manque de liquidités ;
- Établir une redevance minière, au profit des régions d’implantation, mettre en place un plan cadastral minier et permettre aux entreprises minières de constituer des provisions réglementées pour la reconstitution des gisements miniers.

8- Poursuivre les grands projets d’investissement public tout en rationalisant les couts et en privilégiant une gestion active de la dette.

Depuis 2021, le Maroc a accru ses investissements publics, principalement dans les infrastructures permettant d’atténuer les effets du changement climatique, d’atteindre les objectifs de développement socioéconomique, inclusif et durable, tracés par le Souverain et, parallèlement, préparer l'accueil des événements sportifs internationaux.

La Coupe du Monde 2030 constitue un catalyseur et un accélérateur pour de nombreux investissements dans les domaines de la mobilité, de la mise à niveau urbaine, de l’environnement, de l’énergie, du tourisme et de la connectivité numérique ; sans en être la cause première.

Parallèlement, la problématique du stress hydrique a également accéléré le lancement et la réalisation de plusieurs projets tels que les barrages, le transfert et le dessalement des eaux, l’assainissement et la réutilisation des eaux usées.

Cet effort d’investissement est soutenu par des recettes fiscales en nette amélioration depuis plusieurs années. La rationalisation et la maîtrise des dépenses liées à ces projets pourraient nécessiter un recours plus large aux Partenariats Public- Privé (PPP) dans un cadre transparent et régulé, ainsi que la poursuite de l’encouragement de la préférence nationale. 

Pour renforcer la discipline budgétaire, préserver la résilience de notre économie et la soutenabilité de nos financements, il serait opportun de définir des critères de priorisation des investissements sur la base d’une évaluation à priori des résultats socio-économiques escomptés. La mise en place d’un Comité indépendant de suivi et d’évaluation de la soutenabilité des finances publiques, de la conformité aux règles, ainsi que de l’efficacité des politiques publiques est également souhaitable.

Commentaires de la rédaction

À la surprise générale, pour cette rentrée politique de 2025, alors que les analystes sociaux et économiques s’attendaient, comme chaque année, à une série de recommandations classiques à la veille du PLF 2026 — le dernier budget de ce gouvernement —, l’Alliance des Économistes Istiqlaliens a pris tout le monde de court. Leur sortie ne ressemble pas à un simple mémorandum technique : c’est un véritable « avant-projet de programme économique » qui a été publié, aux allures de feuille de route pour la campagne électorale de 2026. Faut-il y voir le coup d’envoi implicite de la bataille électorale à venir ? Ou bien, entre les lignes, une manière subtile de suggérer « ce qu’il aurait fallu faire » pour ce gouvernement auquel le Parti de l’Istiqlal participe, fidèle à son exercice d’autocritique ?





Dimanche 31 Août 2025

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