L’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux s’est engagée publiquement à concevoir une feuille de route dédiée à l’IA, dans le cadre de son plan de transformation digitale. Objectif : moderniser les outils de supervision, affiner l’analyse des risques, améliorer la détection des fraudes et optimiser la surveillance globale du marché.
Ce projet s’inscrit dans le plan stratégique 2024‑2028 de l’AMMC, qui vise entre autres l’innovation financière, l’adoption de technologies modernes, et la consolidation d’un dispositif de régulation performant et adapté aux évolutions des marchés.
L’intelligence artificielle, un levier pour la régulation
À l’heure où les flux financiers et les transactions s’accélèrent, les méthodes traditionnelles de surveillance montrent leurs limites. D’où l’intérêt grandissant pour l’intelligence artificielle — capable de traiter de vastes volumes de données, de repérer des anomalies, de prédire des comportements suspects, ou encore de déclencher des alertes en cas de détection de fraude. L’AMMC l’a compris.
Ce virage technologique devrait permettre au régulateur non seulement d’être plus réactif, mais aussi plus proactif : « anticiper plutôt que subir ». Dans un contexte d’ouverture des marchés, de diversification des instruments financiers et d’afflux de nouveaux acteurs (startups fintech, levées de capitaux, emprunts obligataires…), l’IA apparaît comme un outil décisif pour préserver la confiance et la transparence.
L’AMMC prévoit de mener un benchmark international étudier les meilleures pratiques, identifier les processus à automatiser ou surveiller, et évaluer la faisabilité technique et réglementaire des outils IA (machine learning, analyse prédictive, traitement des données massives).
En parallèle, l’autorité souhaite recruter un expert pour piloter ce chantier, ce qui indique la volonté de structurer sérieusement le projet pas un simple test, mais une stratégie de long terme.
Opportunités et défis pour le marché marocain
Le projet de l’AMMC suscite l’espoir — mais aussi des interrogations raisonnables. D’un côté, l’IA peut offrir une supervision plus fine, une détection efficace des infractions et un accompagnement plus rigoureux des acteurs du marché. Pour les investisseurs, cela renforce la protection de l’épargne et la confiance. Pour le marché, cela peut attirer davantage de capitaux, encourager l’innovation, et améliorer la liquidité globale.
Mais la technologie n’est pas une panacée : la qualité des algorithmes, la disponibilité des données, la protection des informations sensibles, la gouvernance des systèmes tout cela devra être mis en œuvre avec rigueur. Sans contrôle strict, l’automatisation peut aussi générer des erreurs ou des faux positifs.
De plus, l’intégration de l’IA dans la régulation devra s’accompagner d’un cadre éthique et réglementaire clair pour garantir transparence, responsabilité, égalité de traitement et respect des droits des acteurs financiers.
Vers un marché plus sûr et attractif
Avec cette initiative, l’AMMC affirme sa volonté de placer le Maroc dans le peloton des régulateurs modernes, capables de s’adapter aux enjeux technologiques mondiaux. C’est un signal fort pour les investisseurs publics comme privés et un encouragement à l’innovation, à la fintech, à la digitalisation des services financiers.
Vers un marché des capitaux plus mature, plus sécurisé, plus attractif. Vers une régulation qui conjugue modernité et responsabilité. Si la feuille de route est bien pilotée, l’IA pourrait devenir un levier de confiance d’investissement et de croissance.
Alors que le Maroc se prépare à franchir une nouvelle étape de son développement financier, l’audace de l’AMMC en matière d’intelligence artificielle pourrait bien redéfinir les standards de régulation. En misant sur la technologie sans perdre de vue l’humain, le pays offre un modèle à sa mesure d’équilibre entre innovation, transparence et protection.












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