Le premier facteur est la pression démographique.
Le Maghreb comptera plus de 110 millions d’habitants d’ici 2030. La consommation augmente, les modes alimentaires évoluent, et les pays doivent importer massivement pour éviter des tensions sociales.
Or, la dépendance alimentaire signifie dépendance aux marchés mondiaux, dont les prix fluctuent au gré des sécheresses internationales, des crises géopolitiques ou des conflits entre grandes puissances.
Chaque variation du prix du blé ou du maïs peut faire basculer la stabilité interne.
Or, la dépendance alimentaire signifie dépendance aux marchés mondiaux, dont les prix fluctuent au gré des sécheresses internationales, des crises géopolitiques ou des conflits entre grandes puissances.
Chaque variation du prix du blé ou du maïs peut faire basculer la stabilité interne.
À cela s’ajoute un problème climatique majeur :
La région est l’une des plus touchées au monde par la sécheresse et la raréfaction de l’eau. Les barrages s’assèchent, les nappes phréatiques s’épuisent, les saisons deviennent imprévisibles.
Cette situation fragilise fortement la production agricole locale, qui dépend encore de méthodes d’irrigation traditionnelles ou de surfaces cultivées peu résilientes. L’impact du changement climatique n’est plus théorique : il réduit directement les rendements, obligeant les pays à importer davantage.
Cette situation fragilise fortement la production agricole locale, qui dépend encore de méthodes d’irrigation traditionnelles ou de surfaces cultivées peu résilientes. L’impact du changement climatique n’est plus théorique : il réduit directement les rendements, obligeant les pays à importer davantage.
Mais l’enjeu n’est pas uniquement écologique.
Le Maghreb peine aussi à moderniser son secteur agricole. La fragmentation foncière, le manque de mécanisation, la faible valeur ajoutée des filières et l’absence de transformation industrielle limitent la compétitivité locale.
Les exploitations familiales, qui représentent encore la majorité du tissu agricole, disposent de peu de moyens pour innover ou investir.
Cette structure empêche l’émergence de véritables champions nationaux capables de réduire la dépendance aux importations.
Les exploitations familiales, qui représentent encore la majorité du tissu agricole, disposent de peu de moyens pour innover ou investir.
Cette structure empêche l’émergence de véritables champions nationaux capables de réduire la dépendance aux importations.
La dépendance alimentaire a également un coût géostratégique.
Les pays du Maghreb sont exposés aux tensions sur les marchés internationaux, en particulier pour le blé, majoritairement importé d’Europe ou d’Europe de l’Est.
Une crise majeure : guerre, embargo, hausse brutale des coûts du transport pourrait suffire à fragiliser l’approvisionnement.
Le risque, déjà vécu en 2008 puis après 2022, est de voir les prix exploser et les États contraints de subventionner massivement pour éviter une crise sociale.
Une crise majeure : guerre, embargo, hausse brutale des coûts du transport pourrait suffire à fragiliser l’approvisionnement.
Le risque, déjà vécu en 2008 puis après 2022, est de voir les prix exploser et les États contraints de subventionner massivement pour éviter une crise sociale.
Un autre enjeu souvent sous-estimé est le coût social.
L’exode rural se poursuit ; les jeunes quittent les campagnes pour les villes ou l’étranger, laissant derrière eux un secteur agricole vieillissant. Moins de main-d’œuvre, moins d’innovation, moins de dynamisme : le tissu rural se vide, ce qui fragilise encore davantage la production locale.
La dépendance alimentaire n’est donc pas seulement une question de nourriture : c’est une question de vitalité territoriale.
La dépendance alimentaire n’est donc pas seulement une question de nourriture : c’est une question de vitalité territoriale.
Pour sortir de cette spirale, le Maghreb doit repenser la notion même de souveraineté alimentaire.
Cela commence par une stratégie régionale, car aucun pays ne peut résoudre seul l’équation.
Le Maroc investit déjà dans l’irrigation goutte-à-goutte et les filières à haute valeur ajoutée ; l’Algérie cherche à réduire ses importations via l’extension des surfaces cultivées ; la Tunisie mise sur le bio et l’olive ; la Mauritanie s’oriente vers l’agro-pastoralisme modernisé.
Ces efforts doivent être mutualisés, harmonisés et coordonnés pour créer un espace agricole maghrébin plus cohérent.
Le Maroc investit déjà dans l’irrigation goutte-à-goutte et les filières à haute valeur ajoutée ; l’Algérie cherche à réduire ses importations via l’extension des surfaces cultivées ; la Tunisie mise sur le bio et l’olive ; la Mauritanie s’oriente vers l’agro-pastoralisme modernisé.
Ces efforts doivent être mutualisés, harmonisés et coordonnés pour créer un espace agricole maghrébin plus cohérent.
Il faut aussi investir massivement dans la technologie :
Agriculture de précision, dessalement alimenté aux énergies renouvelables, drones agricoles, systèmes anti-gaspillage de l’eau, variétés résistantes à la sécheresse. Cette modernisation n’est plus un luxe : elle conditionne la sécurité alimentaire future.
Le Maghreb dispose d’un potentiel énorme pour devenir un laboratoire de l’agriculture aride, mais il doit accélérer.
Le Maghreb dispose d’un potentiel énorme pour devenir un laboratoire de l’agriculture aride, mais il doit accélérer.
Enfin, la souveraineté alimentaire passe par la valorisation des filières locales.
Développer la transformation, structurer les coopératives, renforcer les circuits courts, moderniser les marchés de gros, inciter à consommer local : autant de leviers souvent négligés.
L’objectif n’est pas de devenir totalement autosuffisant, ce qui serait irréaliste compte tenu du climat, mais de réduire la dépendance à un niveau maîtrisable et stratégique.
L’objectif n’est pas de devenir totalement autosuffisant, ce qui serait irréaliste compte tenu du climat, mais de réduire la dépendance à un niveau maîtrisable et stratégique.
Le véritable coût de la dépendance alimentaire au Maghreb n’est donc pas seulement financier.
Il touche la souveraineté, la stabilité sociale, la capacité d’innovation, l’équilibre rural et la résilience face aux crises. Reprendre en main cette question est un impératif politique majeur.
Le Maghreb ne pourra pas contrôler le climat, mais il peut contrôler ses choix agricoles. Et c’est là que se jouera une part essentielle de son avenir.
Le Maghreb ne pourra pas contrôler le climat, mais il peut contrôler ses choix agricoles. Et c’est là que se jouera une part essentielle de son avenir.












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