A lire ou à écouter en podcast :
Il faut parfois relire une stratégie non pas à travers ses déclarations officielles, mais à partir de ses silences, de ses obsessions et de ses actes répétés. L’Algérie, ce pays aux ressources naturelles colossales, à la jeunesse bouillonnante et au potentiel régional indéniable, semble avoir troqué depuis des décennies sa propre ambition de puissance contre une autre : empêcher son voisin marocain de décoller. Comme si à défaut de pouvoir naviguer, il fallait faire couler le navire d’en face. En vain.
Car Alger sait. Elle sait, dans ses tripes diplomatiques et ses réflexes sécuritaires, qu’elle ne pourra pas faire « tomber » le Maroc. Ni militairement, ni diplomatiquement, ni symboliquement. Elle le sait car elle a essayé. Et échoué.
Mais alors, une autre stratégie est née. Moins spectaculaire, plus insidieuse : celle de l’empêchement. Un empêchement économique, politique, diplomatique. À défaut d’être un acteur du progrès, devenir un acteur du blocage. Une ligne doctrinale implicite : "Je ne parviens pas à me développer malgré mes hydrocarbures, mes terres et mes milliards de réserves ? Alors je vais neutraliser ton envol pour que tu ne deviennes jamais une puissance régionale."
Ce n’est plus seulement un conflit territorial. C’est un enfermement mental. Une vision stratégique basée sur l’obsession de l’autre. L’Algérie d’aujourd’hui ne se projette pas en Afrique, elle se projette contre le Maroc. Elle ne conçoit pas un avenir commun, elle rêve d’un présent immobile. Elle n’investit pas dans ses régions du sud, elle finance des campagnes contre les provinces du sud marocain. Et chaque succès marocain – diplomatique, économique, sportif – devient une douleur pour Alger. Pourquoi ? Parce que le Maroc incarne ce que l’Algérie refuse : un pays sans pétrole, mais avec un cap volontariste, visionnaire et pacifiste.
Ce qui est dramatique, c’est que cette politique d’empêchement est coûteuse, non seulement pour le Maroc (à court terme), mais surtout pour le peuple algérien. Car pendant qu’on finance des armées de lobbyistes, qu’on mobilise l’appareil diplomatique pour contrer Rabat dans chaque organisation internationale, qu’on soutient à bout de bras un projet indépendantiste essoufflé, on oublie d’investir dans l’école, dans l’innovation, dans l’industrialisation, dans le lien social. Le vrai sabotage, au fond, est auto-infligé.
Il ne s’agit pas ici de verser dans le triomphalisme marocain ni dans l’hostilité gratuite. Il s’agit de nommer un phénomène de politique étrangère de façon lucide : l’Algérie n’a pas (encore) de projet pour elle-même, mais elle a un projet contre le Maroc.
L’Algérie, depuis son indépendance, s’est construite autour d’une doctrine sécuritaire forte, marquée par la guerre d’indépendance, les traumatismes du terrorisme des années 90 et une méfiance viscérale vis-à-vis de l’Occident. Dans cette lecture, le Maroc incarne un modèle alternatif jugé menaçant non pour ce qu’il est, mais pour ce qu’il pourrait inspirer.
Cette obsession de l’empêchement est peut-être une manière de se protéger d’une remise en cause interne. Et si, au fond, ce blocage était moins dirigé contre Rabat que contre l'idée même d’un modèle concurrent capable de réussir hors du cadre révolutionnaire et pétrolier ? L’Algérie n’a pas peur du Maroc. Elle a peur de devoir se regarder dans le miroir de sa propre stagnation.
Car Alger sait. Elle sait, dans ses tripes diplomatiques et ses réflexes sécuritaires, qu’elle ne pourra pas faire « tomber » le Maroc. Ni militairement, ni diplomatiquement, ni symboliquement. Elle le sait car elle a essayé. Et échoué.
Mais alors, une autre stratégie est née. Moins spectaculaire, plus insidieuse : celle de l’empêchement. Un empêchement économique, politique, diplomatique. À défaut d’être un acteur du progrès, devenir un acteur du blocage. Une ligne doctrinale implicite : "Je ne parviens pas à me développer malgré mes hydrocarbures, mes terres et mes milliards de réserves ? Alors je vais neutraliser ton envol pour que tu ne deviennes jamais une puissance régionale."
Ce n’est plus seulement un conflit territorial. C’est un enfermement mental. Une vision stratégique basée sur l’obsession de l’autre. L’Algérie d’aujourd’hui ne se projette pas en Afrique, elle se projette contre le Maroc. Elle ne conçoit pas un avenir commun, elle rêve d’un présent immobile. Elle n’investit pas dans ses régions du sud, elle finance des campagnes contre les provinces du sud marocain. Et chaque succès marocain – diplomatique, économique, sportif – devient une douleur pour Alger. Pourquoi ? Parce que le Maroc incarne ce que l’Algérie refuse : un pays sans pétrole, mais avec un cap volontariste, visionnaire et pacifiste.
Ce qui est dramatique, c’est que cette politique d’empêchement est coûteuse, non seulement pour le Maroc (à court terme), mais surtout pour le peuple algérien. Car pendant qu’on finance des armées de lobbyistes, qu’on mobilise l’appareil diplomatique pour contrer Rabat dans chaque organisation internationale, qu’on soutient à bout de bras un projet indépendantiste essoufflé, on oublie d’investir dans l’école, dans l’innovation, dans l’industrialisation, dans le lien social. Le vrai sabotage, au fond, est auto-infligé.
Il ne s’agit pas ici de verser dans le triomphalisme marocain ni dans l’hostilité gratuite. Il s’agit de nommer un phénomène de politique étrangère de façon lucide : l’Algérie n’a pas (encore) de projet pour elle-même, mais elle a un projet contre le Maroc.
L’Algérie, depuis son indépendance, s’est construite autour d’une doctrine sécuritaire forte, marquée par la guerre d’indépendance, les traumatismes du terrorisme des années 90 et une méfiance viscérale vis-à-vis de l’Occident. Dans cette lecture, le Maroc incarne un modèle alternatif jugé menaçant non pour ce qu’il est, mais pour ce qu’il pourrait inspirer.
Cette obsession de l’empêchement est peut-être une manière de se protéger d’une remise en cause interne. Et si, au fond, ce blocage était moins dirigé contre Rabat que contre l'idée même d’un modèle concurrent capable de réussir hors du cadre révolutionnaire et pétrolier ? L’Algérie n’a pas peur du Maroc. Elle a peur de devoir se regarder dans le miroir de sa propre stagnation.












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