Au cœur de Rabat, lors de la 26ᵉ session du Conseil d’Administration de l’Agence Nationale pour le Développement de l’Aquaculture (ANDA), présidée par Zakia Driouich, Secrétaire d’État chargée de la Pêche Maritime, les enseignants et acteurs du secteur ont dressé un bilan riche en enseignements. En 2025, l’ANDA a accompagné l’installation de 184 projets aquacoles autorisés, représentant un investissement global de 1,76 milliard de dirhams et visant une production estimée à 75 507 tonnes, selon le communiqué officiel.
Ce bilan, loin d’être purement comptable, illustre une dynamique réelle : près de 2 361 emplois directs ont été créés, offrant des opportunités économiques concrètes, notamment dans les zones littorales où les jeunes diplômés ou les entrepreneurs locaux peinent parfois à trouver des débouchés.
Une filière encore en construction, mais pleine de promesses
Le constat est nuancé. À côté des 184 projets désormais opérationnels, 62 autres sont en cours de développement, avec une capacité additionnelle projetée de 14 590 tonnes, 307 millions de dirhams d’investissement prévisionnel et près de 520 emplois directs supplémentaires à la clé.
Ces chiffres, s’ils témoignent d’une progression indéniable, montrent aussi que le Maroc reste encore en phase de structuration. Comparativement, certaines estimations externes comme celles de la Banque mondiale et de médias spécialisés suggèrent que le potentiel du pays en aquaculture pourrait atteindre plusieurs centaines de milliers de tonnes annuelles si des obstacles réglementaires, logistiques et industriels sont résorbés.
Modernisation et digitalisation : réduire les frictions
Un des points forts évoqués lors de la session est la digitalisation du parcours d’investissement. L’ANDA travaille à la mise en place d’une plateforme numérique intégrée, qui permettra aux porteurs de projets de gérer l’intégralité de leurs démarches en ligne de la demande d’autorisation à l’accompagnement post-création. Cette initiative vise à simplifier les procédures administratives, réduire les délais de traitement et renforcer la transparence, des verrous souvent pointés du doigt par les investisseurs.
Cette avancée ne relève pas du gadget : elle s’inscrit dans une volonté claire de faire du Maroc un pays plus attractif pour les capitaux privés, marocains et étrangers, dans un secteur encore marqué par des démarches perçues comme lourdes ou fragmentées. Pour beaucoup d’entrepreneurs, c’est un signal fort : l’État est prêt à moderniser ses outils pour faciliter la création de richesse et d’emplois.
Plan d’action 2026 : cap sur la structuration
Le plan d’action 2026, structuré autour de 35 projets, s’inscrit dans la continuité de la feuille de route stratégique 2025-2027. Il traduit une volonté explicite de positionner l’aquaculture comme un levier stratégique de croissance durable. Parmi les axes retenus :
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L’ouverture de nouvelles zones à l’investissement via des appels à manifestations d’intérêt.
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Le renforcement des capacités et la professionnalisation des acteurs du secteur aquacole.
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La modernisation des systèmes d’élevage, un impératif pour accroître la productivité et réduire les coûts.
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L’amélioration des compétences techniques et managériales, indispensable dans une industrie encore jeune.
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Le renforcement de la qualité, de la traçabilité et de la compétitivité des produits, afin de mieux répondre à la demande locale et internationale.
Ces orientations sont en phase avec les ambitions nationales d’une économie bleue inclusive et responsable, qui ne se contente pas de produire, mais cherche aussi à intégrer les chaînes de valeur et à respecter les standards internationaux.
Perspectives réalistes et défis persistants
Malgré les avancées, des défis subsistent. Secteur émergent comparé à d’autres filières agricoles ou industrielles, l’aquaculture doit encore surmonter des obstacles structurels : disponibilité de matières premières pour l’alimentation des élevages, infrastructures de transformation, coordination interinstitutionnelle, ou encore financement à long terme.
Pour beaucoup, le réel test viendra de la capacité des acteurs publics et privés à transformer ces ambitions en résultats tangibles : production accrue, création d’emplois qualifiés, intégration dans les filières exportatrices et ancrage durable dans les économies locales.
Au sortir de cette session de l’ANDA, une évidence se dessine : l’aquaculture au Maroc n’est plus une simple promesse. Elle devient une réalité économique, sociale et territoriale. Avec 1,76 milliard de dirhams investis, plus de 75 000 tonnes de production visées et un plan structuré pour 2026, le pays trace un chemin exigeant mais porteur. Pour que cette trajectoire porte pleinement ses fruits, il faudra toutefois conjuguer innovation, simplification et inclusion un défi à la mesure des ambitions de la jeunesse marocaine et des potentialités de son littoral.












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