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Au Sénégal, le jour d’après




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Par Bernard CHAUSSEGROS Expert en Stratégie d'entreprise

Dans le respect des valeurs démocratiques de la République du Sénégal, le premier tour de ces élections s’est finalement tenu le 24 mars. Plus de sept millions de Sénégalais étaient appelés à élire le cinquième président de la République du pays. Mais c’est l’opposant « antisystème » du monde politique sénégalais, M. Bassirou Diomaye Faye qui a remporté la victoire dès le premier tour, et qui, le jour même, a été félicité par M. Macky Sall.

Dans son premier discours qu’il a adressé au peuple sénégalais et à la communauté internationale, Bassirou Diomaye Faye s’est félicité de l’engagement citoyen qui a abouti à une victoire collective « dans le combat engagé pour la défense de sa souveraineté et des valeurs démocratiques », une occasion pour lui de « rendre grâce à Dieu » qui a permis de vivre ce moment historique et de remercier le peuple sénégalais pour le choix porté sur sa personne, et au-delà, sur le projet qu’il porte et partage avec de nombreux compatriotes.

Il a certes salué l’attitude du Président Sall dont l’engagement a permis de garantir un scrutin libre, démocratique et transparent assurant ainsi un résultat reconnu par tous les protagonistes, mais il n’en a pas moins fallacieusement souligné les peines et souffrances vécues ces dernières années, les vies brisées ainsi que celles qui ont été perdues, pour lesquelles il n’envisage pas un seul instant la responsabilité des opposants au président Sall !

Un discours très ambigu ! Tout en saluant l’attachement des Sénégalais à la démocratie, à la justice et à l’égalité, M. Bassirou Diomaye Faye a néanmoins affiché un programme qui se veut une critique globale de la vie politique des années qui viennent de s’écouler, en présentant sa feuille de route fondée sur plusieurs axes prioritaires, comme abréger la souffrance des femmes et des jeunes ou combattre la corruption ! Comme si rien n’avait été fait dans ce sens auparavant, il expose son engagement à gouverner avec humilité et transparence, « pour donner corps à l’immense espoir suscité par son projet de société et combattre la corruption à toutes les échelles ! ». Il prétend également refonder les institutions et d’en renforcer les fondements », c’est-à-dire d’en modifier fondamentalement les orientations politiques et spirituelles.

Il a également lancé un appel à « nos frères et sœurs africains » pour que soient consolidés les acquis obtenus dans « les processus de construction de l’intégration dans la CEDEAO, tout en corrigeant les faiblesses et en changeant certaines méthodes, stratégies et priorités politiques », critique directe de l’œuvre du président Sall.

Certes M. Bassirou Diomaye Faye a voulu en l’assurant que le Sénégal tiendra toujours son rang en restant « le pays ami et l’allié sûr et fiable pour tout partenaire qui s’engagera, avec [lui], dans une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive » mais, en se fondant sur l’idée de l’urgence à agir, il affirme vouloir œuvrer à la réconciliation nationale et à la reconstruction des bases du vivre-ensemble, revenant sur son ambigüe volonté de refonder les institutions et de relancer des politiques publiques, selon les axes développés dans son projet électoraliste de « valoriser les importantes ressources humaines, spirituelles et naturelles dont regorge notre pays pour en faire le moteur de notre sursaut ». Il n’a pas non plus, à l’image d’autres pays de la Région, oublié de s’en prendre à la France et à ses valeurs. Un signe… !

Cette élection annonce potentiellement une transformation significative de la gouvernance du pays. Ce nouveau président a franchi discrètement les étapes vers le pouvoir dans l’ombre de son mentor, M. Ousmane Sonko. Ce dernier était, en 2019, arrivé à la troisième place du scrutin présidentiel, mais il était frappé d’inéligibilité en 2024 après trois ans de procédures juridiques justifiées. De ce fait, le nouveau président n’a jamais exercé le moindre mandat d’élu avant l’élection présente. M. Faye est musulman comme beaucoup de sénégalais. Dans ce pays depuis longtemps laïc, il porte intérêt au développement de l’islam « dur » d’Afrique.

Il est très pratiquant et a deux épouses. Il s’affiche d’ailleurs avec elles dans les réunions publiques et les manifestations officielles, comportement qui paraît contradictoire avec son engagement de mener le Sénégal vers la modernité. Sa première épouse est chrétienne mais porte le voile et la seconde est musulmane. On peut donc en déduire que le Sénégal, ouvertement laïc depuis l’indépendance, va connaître potentiellement une inflexion vers « l’islamisation » de la société.

Il faut dire que la progression de la religion musulmane au Sénégal, est devenue, comme dans les pays voisins, incontournable. Les valeurs sociétales des Almoravides ont joué un rôle important dans la diffusion de l’islam en Afrique, notamment au Sud du Sahara. Les Mauritaniens ont formé les premiers marabouts sénégalais et ces derniers n’ont pas tardé à fonder dans leur pays des foyers d’enseignement arabo-islamique.

L’islam « dur » a prospéré et s’est solidement ancré au Sénégal malgré les « confréries » qui ont toujours prôné un islam tolérant et ouvert.

Ce pays, fidèle à ses traditions ancestrales, mais laïc, selon la volonté de Léopold Sédar Senghor lors de l’indépendance, rejoindra à termes les pays religieux de l’Afrique subsaharienne. Faut-il le craindre ? Il se trouve que durant plus d’un demi-siècle, les valeurs du Sénégal ont permis de réaliser une parfaite cohabitation entre la religion musulmane et les valeurs républicaines et laïques. Mais il ne faut pas être grand clerc pour se rendre compte à quel point les pays voisins sont gangrénés par le djihadisme que la France avait tant voulu combattre, autant pour sa propre sécurité que pour celle des Africains eux-mêmes.

Il y a plusieurs mois, j’analysais les règles constitutionnelles de ce pays dans le cadre des rumeurs qui laissaient entendre que le président du Sénégal envisageait briguer une troisième fois les suffrages populaires dans le cadre des élections présidentielles de 2024. Le constat était assez clair. Dans une Afrique politique en pleine mutation et sur un continent en plein développement, j’avais noté qu’il convenait de soutenir les dirigeants africains dans leurs engagements et dans leur combat pour conserver et développer la maîtrise globale de leur économie, pour protéger l’accès à leurs ressources naturelles et maintenir une organisation pérenne de leur société civile qui permette la création de valeur.

Au Sénégal, il y a presqu’un an, le contexte était agité et les campagnes politiques outrancières et mensongères. Les opposants pensaient, à l’époque, qu’il était important d’interdire au président un nouvel accès aux urnes, en prétextant, ralliés souvent par des lobbies étrangers, que la Constitution l’en empêcherait. C’était faux et même juridiquement erroné, comme l’analyse constitutionnelle de la question en avait apporté la démonstration. Le nouveau pouvoir ne pourra apporter que confusion

Macky SALL, un bilan digne des plus grands

Le Sénégal était pourtant exemplaire pour sa stabilité ! Au pouvoir depuis 2012, le président Macky SALL incarnait cet équilibre et, au carrefour de l’Afrique de l’Ouest, le Sénégal conciliait modernité et respect des traditions.

Il est toujours, mais pour combien de temps, un lieu d’échanges où tout entrepreneur, sans distinction d’origine et de religion, est libre de s’installer et de travailler, un pays à l’économie libérale où le secteur privé est soutenu par les autorités. Le cadre réglementaire et juridique du pays et le dynamisme du dispositif de promotion des investissements favorisaient un climat des affaires sain.

De plus, en étant devenu, grâce à ses dirigeants, un des acteurs les plus influents d’Afrique, le Sénégal est, depuis de nombreuses années, initiateur de nombreuses conventions internationales, en matière d’environnement, de droits de l’homme, etc. Son président se distinguait donc par son leadership dans la prise de grandes décisions en faveur de l’Afrique.

Le PIB s’élevait à 24,9 milliards de dollars et le revenu national brut (RNB) par habitant était de 1.430 dollars en 2020. Entre 2014 et 2019, le Sénégal a enregistré une croissance annuelle avoisinant 6 %. Ces résultats sont excellents, et même si, comme dans de nombreux pays du monde, ils sont « freinés » par la guerre en Ukraine et qu’on estime que la croissance réelle s’élevait à 5% en 2022. La reprise économique progressive et la stabilité du pays étaient largement garanties par les réformes inscrites au Plan Sénégal Émergent (PSE), le dynamisme du secteur primaire, en premier lieu de l’agriculture, principal moteur de la croissance, sachant que, même retardés par la crise sanitaire, les projets d’exploitation pétrolière et gazière devraient, à l’horizon 2023, largement contribuer aux recettes du pays.

Contrairement à ce qui peut être sous-entendu par le nouvel exécutif, sous l’impulsion du président Sall, la République du Sénégal avait défini des axes de réforme structurantes qui passaient avant tout par le développement du « capital humain », l’une des richesses du pays.

Dans une époque particulièrement sensible aux causes environnementales, le Sénégal avait mis en place un « Fonds Sénégal Émergent » d’appui à la mise en œuvre du Plan Sénégal Émergent (PSE) qui est une stratégie décennale sur la période 2014-2023, avec une vision pour un Sénégal à l’horizon 2035 à travers trois axes stratégiques, la transformation structurelle de l’économie et de la croissance, la protection sociale, le développement durable et la gouvernance.

S’agissant du financement de l’économie, les axes retenus étaient la bancarisation des bas revenus, la simplification de l’accès des TPE et PME au crédit et au financement et le développement du Crédit Immobilier. Il s’agissait donc, de facto, d’un plan national intégré de développement des infrastructures, et comportant notamment la mise en place d’un « Conseil de l’économie numérique ». Renforcer les infrastructures du pays nécessitait de renforcer les capacités d’impulsion de l’État, par la modernisation du Service public en mettant l’accent sur l’optimisation des entreprises et des participations de l’État.

Il convient de saluer le travail réalisé par le Président Macky Sall au cours de son mandat. En véritable homme d’État, il avait une vision prospective adaptée aux réalités continentales, qui se traduisait d’ailleurs, sous sa Présidence, par la réalité d’une Union Africaine qui faisait fortement entendre sa voix.

Outre la création de la ville nouvelle de Diamniadio, les chantiers ont été nombreux, des ports, de nombreuses voies de communications routières, plusieurs autoroutes, 2.500 km de routes nouvelles, des ponts de toutes natures, des aéroports nationaux et régionaux et, parallèlement, le développement de l’aviation civile. Parallèlement, les transports publics ont été améliorés et restructurés. Une grande priorité avait été donnée à l’éducation et aux formations (dans les universités et les instituts), notamment par le développement de l’économie numérique et des services liées à cette technologie.

Pour mieux satisfaire les besoins des populations, des progrès conséquents ont été réalisés dans la distribution de l’eau et celle de l’électricité (triplement des réseaux en 10 ans), et dans le domaine de la santé avec la construction ou la modernisation des hôpitaux (Touba, Kaffrine ou Saint-Louis) et la création de laboratoires pharmaceutiques (comme à Diamniadio).

Dans un domaine plus ludique, le sport a été fortement soutenu, ce que l’on peut illustrer par la construction ou la rénovation de plusieurs stades. Pour aider au développement économique, et notamment pour accompagner la croissance de la production agricole (qui a triplé durant la dernière décennie), des parcs industriels (Diamniadio ou Diass) ont été créés, ainsi que des centres dédiés à l’agriculture (Agropoles régionaux) et dotés de programmes comme le Programme National des Domaines Agricoles Communautaires (PRODAC) ou la Délégation générale à l’Entrepreneuriat Rapide des Femmes et des Jeunes (DER)

Par ailleurs, le Président Macky SALL a totalement intégré la notion de mobilité « douce », il a ainsi investi massivement dans les infrastructures ferroviaires avec la construction du TER et de la ligne BRT. Un élément de modernité complémentaire depuis sa prise de fonction : en 2012, le pays était sujet à rationnement en matière d’énergie, désormais la fourniture et la distribution d’électricité sont largement maitrisées, il n’y a plus de coupures, une base saine pour envisager un déploiement économique d’envergure…

Le Sénégal avait travaillé à la paix dans le monde, et notamment dans le cadre de son implication dans la francophonie, par un travail diplomatique dynamique et un renforcement remarqué de la démocratie. Le pays avait renforcé son armée et créé un institut de guerre, tout en réussissant la pacification de la Casamance, vieux sujet de discorde dans la région.

Le fonctionnement d’un État fort induisait un développement des moyens financiers mis au service de la modernisation du pays. Le budget est passé de 2.000 à 6.000 milliards de francs CFA durant la dernière décennie. La France se devait de s’inscrire dans le soutien à cette politique volontariste du gouvernement sénégalais. Les absents ont toujours tort et la place que pouvait occuper la France dans le développement moderne du Sénégal risquait d’être prise par les pays qui ont développé une stratégie commerciale relativement agressive en Afrique, la Chine et la Russie. Quel sera l’avenir désormais des relations France-Sénégal ?

Macky Sall : La démocratie « cheville au corps »

M. Macky Sall est un grand homme d’État. On pourrait légitimement s’interroger sur les solutions républicaines qui s’offrent à lui après avoir quitté le pouvoir. Son départ, même s’il a été constitutionnellement cadré par les textes de droit, a été, dans l’esprit de certains, sans doute manipulés, conflictuel. Il n’en est rien pour qui connait les dessous des cartes. Le président Sall se réoccupe suffisamment de l’avenir incertain du Sénégal, compte tenu des résultats du scrutin. Certes, il l’accepte, mais il craint des évolutions sensiblement similaires à celles des pays voisins, Mali, Niger ou Burkina-Faso.

Certes, les violences urbaines qui ont accompagné la période électorale ont été remplacées par des manifestations enthousiastes de victoire. Mais elles ont laissé des marques ! Et pour qui connait les luttes d’influence des grandes puissances en œuvre en Afrique depuis vingt ans, il y a de quoi s’inquiéter !

« L’objectif funeste des instigateurs, auteurs et complices de cette violence inouïe, était clair : semer la terreur, mettre notre pays à l’arrêt et le déstabiliser. C’est un véritable crime organisé contre la nation sénégalaise, contre l’État, contre la République et ses institutions », avait affirmé le président Sall dans un discours début 2024. Il était le garant des institutions et cherchait la sécurité du pays face « aux tentatives de déstabilisation ».

Les enjeux sont nouveaux. Il y a encore quelques mois, on pouvait s’interroger sur l’attitude qu’aurait le président Sall durant les combats électoraux de 2024, on peut aujourd’hui se demander quel pourrait être son avenir au Sénégal, compte tenu de sa forte personnalité. La décision de M. Sall de ne pas se représenter aux suffrages des électeurs a eu le mérite de la clarté et mis fin au flou entretenu volontairement par ses opposants, une décision qui restaure finalement la réputation récemment mise à mal de la démocratie sénégalaise !

« Le Sénégal dépasse ma personne et il est rempli de leaders capables de pousser le pays vers l’émergence ». On a tant spéculé, commenté ma candidature à cette élection […].

Mes priorités portaient surtout sur la gestion d’un pays, d’une équipe gouvernementale cohérente et engagée dans l’action pour l’émergence, surtout dans un contexte socio-économique difficile et incertain. J’ai une claire conscience et la mémoire de ce que j’ai dit, écrit et répété, ici et ailleurs, c’est-à-dire que le mandat de 2019 était mon second et dernier mandat. J’ai un code d’honneur et un sens de la responsabilité historique qui me commandent de préserver ma dignité et ma parole ».

Et pourtant.. Macky Sall a été le premier chef d’État africain, en 2014, à être accueilli en Chine par Xi Jinping. Depuis 2021, la Chine participe au développement de « l’indépendance numérique » du pays. La croissance économique sénégalaise était de 6,8 % en 2018, en dépit d’une dette publique en légère augmentation et d’un chômage élevé. En 2013, le président Sall avait lancé une réforme sociale avec la mise en œuvre de la couverture maladie universelle, dans un pays où le taux de pauvreté demeure assez haut avec près de 50 %.

En mai 2015, le président Sall a été élu président de la CEDEAO qui comprend quinze États de la région. Sur la diplomatie régionale, il a mis en œuvre avec les chefs d’État des pays voisins, en favorisant la promotion d’une « gestion africaine des crises africaines », démontrant ainsi une capacité diplomatique et la prise en compte des droits humains.

Les Sénégalaises et les Sénégalais s’apercevront très rapidement de leur erreur et constateront que leur choix n’a été guidé que par une propagande manipulatrice sans fondement ! Ils regretteront amèrement ce grand Président qu’aura été Macky Sall et qui incarnait aussi fortement l’âme du Sénégal !

Secrétaire général de l’ONU, une voie toute tracée pour M. Macky Sall

M. Macky Sall se retire de la vie publique de son pays, après l'élection de M. Bassirou Diomaye Faye. Il sort renforcé des dernières élections présidentielles au Sénégal au cours desquelles il a démontré sa stature d’homme d’État, président d’un État de droit respectueux des règles de droit.

C’est en effet grâce à son action que les élections présidentielles de 2024 se sont déroulées la semaine dernière dans le respect du pluralisme républicain. Un temps convaincu par des études de juristes constitutionnalistes qu’un nouveau mandat de sa part était constitutionnellement possible, il avait rapidement estimé qu’il ne devait temporairement conserver son poste que pour défendre la démocratie au Sénégal ! Il avait alors proposé l’idée d’un report de l’élection, qui s’imposait pour mettre en place une procédure électorale permettant à tous les candidats républicains de se préparer sereinement.

L’ancien Premier ministre portugais, Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU depuis 2017, a été confirmé à son poste par son Assemblée générale pour un second mandat de cinq années et il a plaidé pour l’instauration d’un monde nouveau, né sur les conséquences de la crise sanitaire due au COVID 19. Selon lui, « notre plus grand défi, […] est d’utiliser cette crise pour renverser la situation, […] et répondre aux problèmes mondiaux ».

Depuis l’époque où le poste a été occupé par l’Égyptien Boutros Boutros-Ghali, puis le Ghanéen Kofi Annan et le Coréen Ban Ki-Moon, il est désormais habituel que ce poste revienne tantôt à un européen, tantôt à un africain ou un asiatique, trop rarement à un Francophone. Aujourd’hui, Mme Mia Mottley, première ministre de la Barbade, entend briguer la succession de M. Guterres, qui est loin d’avoir fini son mandat.

Cela parait prématuré et il convient de dire que, dans ces conditions, d’autres personnalités sont, plus qu’elle, légitimes pour y prétendre. Nombreux sont les dirigeants du Sud à affirmer que la disparité entre une poignée de pays développés et le reste du monde est trop forte. Mme Mottley est encore peu connue du grand public, mais sa voix porte dans les instances internationales, comme lorsqu’elle avait dénoncé, à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, le manque de solidarité des pays les plus riches dans la diffusion des vaccins contre le Covid-19.

Mme Mottley a rencontré le président français, Emmanuel Macron, qui entendait l’associer de près à l’organisation d’un sommet censé déboucher sur un « nouveau pacte financier mondial ». Une façon pour la diplomatie française de tenter de réduire la fracture Nord-Sud, que l’invasion de l’Ukraine par la Russie est venue creuser, au grand dam des alliés occidentaux de Kiev. Le président Français devrait se souvenir des liens qui unissent la France à la Francophonie et œuvrer pour son développement, y compris dans des dossiers comme ceux du climat, de la paix dans le monde et des relations de notre pays avec l’ONU

Le retour de la guerre en Europe est un « facteur de plus » dans le dérèglement du monde, qui frappe particulièrement les États les plus fragiles.

En Afrique, tout comme au Sénégal, les dépenses énergétiques ont aussi explosé, au moment où les gouvernements tentaient de se remettre de la pandémie. La disparité entre les pays développés et le reste du monde est trop forte ! La planète n’est pas suffisamment équitable !

La candidature de Mme Mottley semble aller dans le « bon » sens pour les anglophones. Mais la Francophonie est une des forces de ce monde, car elle porte des valeurs que ne défendent pas les anglo-américains. C’est l’opposition qui existe entre les valeurs de l’agent-roi et celles de la philosophie humaniste des droits de l’Homme. Mme Mottley ne représente pas la Francophonie, qui tend à être de plus en plus marginalisée ! Et pourtant notre langue commune, le Français, parlée par environ 350 millions de locuteurs dont près des deux tiers en font un usage au quotidien, progresse chaque année dans le monde, sur tous les continents, et est la 5ème langue mondiale.

Voilà des années que le secrétariat général de l’Organisation des Nations Unies (ONU) est dévolu à des personnalités, certes de grande valeur morale, mais n’appartenant pas à la Francophonie. Outre qu’elle ne représente pas du tout les idées-forces de la Francophonie, Mme Mottley n’est pas la seule personnalités parmi les chefs d’État des pays du Sud à pouvoir porter leur voix dans le concert des grandes nations. Et pourtant, on constate qu’elle est très active, avec ses partisans, à faire du lobbying pour une élection qui aura lieu dans plusieurs années.

Les personnalités possédant indiscutablement les qualités indispensables dans la gestion de l’État et dans l’art de la diplomatie ne sont pas si nombreuses, tant à l’échelle de l’Asie et de l’Afrique, qu’aux Amériques, pour briguer de telles responsabilités et pour « rassembler » autour d’elles. Plus que la présidente de la Barbade, on peut assurément retenir comme candidat potentiel l’ancien chef de l’État de la République du Sénégal.

Son parcours, sa vision, son engagement sont autant de qualités qui le désignent naturellement pour être le digne successeur d’Antonio Guterres. Il sera, sans aucun doute, un excellent Secrétaire Général de l’ONU ! C’est un travailleur acharné, pilier de la paix, dont l’ambition est de faire de l’Afrique, un vrai partenaire pour les grandes puissances du monde.

Bernard Chaussegros

Tribune libre de Bernard CHAUSSEGROS Source : linkedin.com/in/bernard-chaussegros/




Mercredi 3 Avril 2024

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