Bagram : le mirage afghan de Trump face à la Chine
Bagram n’était pas une simple piste d’atterrissage. Pendant vingt ans, c’était le cœur battant de la présence américaine en Afghanistan : un centre logistique, une forteresse et une vitrine de puissance. Sa fermeture en 2021, sous l’administration Biden, a marqué symboliquement la fin d’un cycle impérial. Depuis, Trump, en campagne et en quête de revanche politique, ne cesse d’agiter l’idée d’un retour. Sa rhétorique se nourrit d’un double registre : dénoncer la faiblesse de son successeur et promettre de restaurer l’influence américaine en reprenant un site qu’il juge essentiel.
L’argument stratégique est simple : Bagram se situe à quelques encablures des zones sensibles de la Chine. Sa proximité avec Lop Nur, site historique des essais nucléaires chinois, alimente les fantasmes d’une surveillance avancée. Pourtant, les experts rappellent que l’espionnage moderne repose davantage sur les satellites et le cyber que sur la présence physique. Mais qu’importe : la force des symboles l’emporte souvent sur la rationalité militaire.
Derrière les discours sur la sécurité, une autre réalité affleure : celle des richesses enfouies dans le sol afghan. L’US Geological Survey estime que le pays recèle près de 1 000 milliards de dollars en minerais stratégiques : lithium, cuivre, terres rares. Autant de ressources devenues vitales dans la compétition technologique mondiale. La Chine, via ses entreprises publiques, avance déjà ses pions en Afghanistan, profitant du retrait occidental. Pour Trump, ne pas réinvestir Bagram reviendrait à laisser Pékin s’installer sans rivalité, consolidant encore son hégémonie industrielle.
Ce n’est donc pas seulement une question de sécurité : c’est une bataille économique, où l’accès au sous-sol afghan pourrait déterminer les chaînes de valeur mondiales de demain. L’électrification, l’intelligence artificielle, les batteries de nouvelle génération : tout passe par ces minerais. Or, Bagram, par sa position, serait une porte d’entrée idéale pour contrôler, surveiller et, à terme, exploiter ces ressources.
L’argument stratégique est simple : Bagram se situe à quelques encablures des zones sensibles de la Chine. Sa proximité avec Lop Nur, site historique des essais nucléaires chinois, alimente les fantasmes d’une surveillance avancée. Pourtant, les experts rappellent que l’espionnage moderne repose davantage sur les satellites et le cyber que sur la présence physique. Mais qu’importe : la force des symboles l’emporte souvent sur la rationalité militaire.
Derrière les discours sur la sécurité, une autre réalité affleure : celle des richesses enfouies dans le sol afghan. L’US Geological Survey estime que le pays recèle près de 1 000 milliards de dollars en minerais stratégiques : lithium, cuivre, terres rares. Autant de ressources devenues vitales dans la compétition technologique mondiale. La Chine, via ses entreprises publiques, avance déjà ses pions en Afghanistan, profitant du retrait occidental. Pour Trump, ne pas réinvestir Bagram reviendrait à laisser Pékin s’installer sans rivalité, consolidant encore son hégémonie industrielle.
Ce n’est donc pas seulement une question de sécurité : c’est une bataille économique, où l’accès au sous-sol afghan pourrait déterminer les chaînes de valeur mondiales de demain. L’électrification, l’intelligence artificielle, les batteries de nouvelle génération : tout passe par ces minerais. Or, Bagram, par sa position, serait une porte d’entrée idéale pour contrôler, surveiller et, à terme, exploiter ces ressources.
Minerais, souveraineté et illusions : pourquoi Bagram reste un piège
Mais il y a un détail qui ne s’efface pas d’un trait de plume : l’Afghanistan est souverain. Les Talibans, revenus au pouvoir après le retrait américain, ne cessent de le rappeler. Pour eux, le retour de l’armée américaine sur leur sol serait une humiliation et une violation flagrante de l’indépendance nationale. L’opinion publique afghane, meurtrie par quarante ans de guerres, ne veut plus d’une présence étrangère armée.
Trump imagine des négociations, jouant sur la crise économique qui étrangle Kaboul. Le pays est isolé, privé de reconnaissance internationale, dépendant de quelques flux d’aide. Les Talibans pourraient-ils céder face aux promesses d’argent ou de levées de sanctions ? Peut-être. Mais ils savent aussi que céder Bagram reviendrait à perdre le peu de légitimité qu’ils ont auprès de leur population.
La question de Bagram ne se limite pas à l’Afghanistan. Elle s’inscrit dans la rivalité croissante entre Washington et Pékin. L’idée de « contenir » la Chine par une présence militaire accrue en Asie centrale rappelle les logiques de la guerre froide. Mais le monde a changé. Les bases aériennes ne suffisent plus à garantir l’influence ; ce sont les routes de la soie, les câbles numériques, les investissements et les alliances économiques qui dessinent les nouvelles sphères de puissance.
Vouloir reprendre Bagram pourrait flatter un électorat nostalgique d’une Amérique toute-puissante, mais cela ne garantit pas une influence durable. Pis, cela pourrait rallumer une guerre sans fin, sur un terrain où toutes les grandes puissances – URSS hier, États-Unis aujourd’hui – se sont déjà cassé les dents.
Reste l’argument sécuritaire. Les menaces terroristes n’ont pas disparu, et certains stratèges américains estiment qu’un retour à Bagram serait une assurance contre la résurgence de groupes djihadistes. Mais là encore, les outils ont changé : les drones, le renseignement électronique, les coopérations régionales sont désormais privilégiés.
Au fond, Bagram cristallise moins une nécessité militaire qu’un réflexe politique. C’est le mirage d’une Amérique qui voudrait croire qu’un drapeau hissé sur une base étrangère peut suffire à restaurer sa suprématie. Mais l’Histoire afghane enseigne une leçon constante : aucune puissance ne s’y installe durablement sans y perdre sa crédibilité et ses ressources.
Trump imagine des négociations, jouant sur la crise économique qui étrangle Kaboul. Le pays est isolé, privé de reconnaissance internationale, dépendant de quelques flux d’aide. Les Talibans pourraient-ils céder face aux promesses d’argent ou de levées de sanctions ? Peut-être. Mais ils savent aussi que céder Bagram reviendrait à perdre le peu de légitimité qu’ils ont auprès de leur population.
La question de Bagram ne se limite pas à l’Afghanistan. Elle s’inscrit dans la rivalité croissante entre Washington et Pékin. L’idée de « contenir » la Chine par une présence militaire accrue en Asie centrale rappelle les logiques de la guerre froide. Mais le monde a changé. Les bases aériennes ne suffisent plus à garantir l’influence ; ce sont les routes de la soie, les câbles numériques, les investissements et les alliances économiques qui dessinent les nouvelles sphères de puissance.
Vouloir reprendre Bagram pourrait flatter un électorat nostalgique d’une Amérique toute-puissante, mais cela ne garantit pas une influence durable. Pis, cela pourrait rallumer une guerre sans fin, sur un terrain où toutes les grandes puissances – URSS hier, États-Unis aujourd’hui – se sont déjà cassé les dents.
Reste l’argument sécuritaire. Les menaces terroristes n’ont pas disparu, et certains stratèges américains estiment qu’un retour à Bagram serait une assurance contre la résurgence de groupes djihadistes. Mais là encore, les outils ont changé : les drones, le renseignement électronique, les coopérations régionales sont désormais privilégiés.
Au fond, Bagram cristallise moins une nécessité militaire qu’un réflexe politique. C’est le mirage d’une Amérique qui voudrait croire qu’un drapeau hissé sur une base étrangère peut suffire à restaurer sa suprématie. Mais l’Histoire afghane enseigne une leçon constante : aucune puissance ne s’y installe durablement sans y perdre sa crédibilité et ses ressources.
Trump peut bien promettre, menacer ou séduire, la réalité est là : Bagram est un rêve américain qui appartient au passé, et que l’Afghanistan n’a aucune intention de ressusciter.












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