Un statu quo monétaire dicté par une inflation historiquement basse
Réuni pour la quatrième et dernière fois de l’année, le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) a opté pour le maintien du taux directeur à 2,25 %. Une décision qui s’inscrit dans un environnement marqué par une inflation durablement contenue et une reprise économique jugée soutenue. En 2025, l’inflation devrait ressortir à 0,8 %, un niveau confirmé par les données observées sur les dix premiers mois de l’année, avant une progression graduelle à 1,3 % en 2026 puis 1,9 % en 2027.
Cette dynamique s’explique notamment par l’amélioration de l’offre de certains produits alimentaires, en particulier l’huile d’olive, et par la baisse des prix des carburants et lubrifiants. L’inflation sous-jacente, indicateur clé suivi par la Banque centrale, atteindrait 0,7 % en 2025 et 2026, avant une accélération attendue à 1,9 % en 2027. Les anticipations demeurent bien ancrées : les experts du secteur financier tablent sur une inflation proche de 2 % à l’horizon de huit trimestres.
Transmission monétaire imparfaite et vigilance sur le crédit bancaire
Lors de son point de presse à Rabat, le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, a reconnu que la transmission de la politique monétaire reste partielle. Une réalité observée aussi bien en phase de hausse que de baisse des taux. Au Maroc, ce phénomène est accentué par la forte proportion de crédits à taux fixe, qui représentent près de 85 % des encours.
Une réunion est d’ailleurs prévue début janvier avec le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), afin d’examiner les conditions de crédit, notamment les dépassements de lignes et les taux qui leur sont appliqués. L’objectif est clair : améliorer l’efficacité de la transmission monétaire sans fragiliser l’équilibre du système bancaire, dans un contexte où les besoins de financement demeurent élevés.
Financement des TPME : un virage structurel assumé
Le financement des très petites, petites et moyennes entreprises reste une priorité stratégique pour BAM. Aujourd’hui, près de 30 % du refinancement bancaire leur est destiné. Fort de l’expérience du programme Intelaka, qui a mobilisé 9 milliards de dirhams au profit de 38 000 entreprises, la Banque centrale a toutefois tiré les leçons d’un taux de rejet supérieur à 40 % des projets présentés aux banques.
La réponse passe par un changement de méthode. Un scoring national des TPME, élaboré avec le Crédit Bureau, est en cours de finalisation. Les banques seront tenues de s’y référer et de justifier toute décision de refus. En parallèle, des dispositifs d’accompagnement seront renforcés, notamment hors de l’axe Casablanca-Rabat, avec l’appui de Maroc PME, du Crédit Agricole du Maroc et des Centres régionaux d’investissement. L’ambition affichée est de doubler l’impact d’Intelaka, tandis que Tamwilcom a revu ses conditions de garantie.
Vers le ciblage de l’inflation et une flexibilité graduelle du dirham
L’année 2026 marquera une étape clé avec le lancement d’une phase pilote du ciblage de l’inflation. Cette transition, menée avec l’appui du FMI et de la Banque mondiale, s’inscrit dans une évolution prudente vers un régime de change plus flexible. L’application effective interviendrait progressivement à partir de 2027.
Pour BAM, la priorité reste le renforcement de la statistique nationale, condition indispensable à un pilotage monétaire plus fin. En attendant, le format actuel des réunions trimestrielles du Conseil sera maintenu, avec la possibilité de réunions exceptionnelles si la conjoncture l’exige.
En maintenant son taux directeur inchangé, Bank Al-Maghrib envoie un signal de stabilité, mais aussi d’exigence. La Banque centrale avance sans précipitation, consciente que la crédibilité monétaire se construit dans la durée. Pour les entreprises, les investisseurs et les ménages marocains, le message est limpide : la stabilité est là, mais elle doit désormais se traduire par un financement plus efficace de l’économie réelle et une croissance plus inclusive.












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