Un système rôdé pour blanchir, escroquer et contourner l’impôt
Tout est parti de documents fiscaux apparemment irréprochables. Trop irréprochables. Alertée par des chiffres gonflés et des montages financiers douteux, l’ANRF a mobilisé ses experts. Rapidement, ils tombent sur un cercle fermé de sociétés, souvent créées récemment, sans véritables locaux, actives sur le papier dans des domaines aussi divers que le textile, la chocolaterie, ou encore la sécurité.
Les transactions ? Légales en apparence : chèques, virements, factures alignées. Mais derrière cette façade, une mécanique bien huilée pour injecter de l’argent sale dans l’économie légale.
Le stratagème est malin : déclarer des profits exagérés, souvent dans des cabinets comptables à Casablanca ou Tanger, pour donner une légitimité aux flux d’argent. L’argent transite, gonfle artificiellement les bilans, puis atterrit dans les comptes courants d’associés, bouclant le cercle du blanchiment.
L’objectif ? Faire passer des fonds issus du trafic ou de la corruption pour de l’argent propre. Et au passage, réduire la base imposable de façon très discrète. Résultat : des dizaines de millions de dirhams circulent hors radar.
Une affaire qui prend de l’ampleur judiciaire
Devant l’ampleur des découvertes, l’ANRF a transmis son rapport à 71 procureurs dans plusieurs villes : Rabat, Fès, Marrakech, Casablanca. Un signal fort, surtout après une hausse de 31,48 % des dossiers liés à la fraude en 2023, dont 38 % pour falsifications bancaires et escroquerie.
Les ramifications sont nombreuses. On parle aussi de fraude sportive, vente pyramidale et cryptomonnaies, avec des liens troubles entre sociétés, banques et comptables.
Cette affaire met en lumière les limites des contrôles fiscaux et la créativité des réseaux criminels. Reste à savoir si les autorités frapperont vite… et fort. En attendant, le fisc semble bien décidé à continuer le nettoyage de printemps. À suivre de très près.