Par Pr Aziza Benkirane
Sans nécessairement vouloir encenser un personnage aussi contestable qu’Éric Zemmour, on peut citer sa définition de l’obsession par le Maroc du pouvoir algérien. « Le Maroc est tout ce qu’ils (les algériens) ne sont pas », nous dit-il, « Là où l’état marocain et la société marocaine ont été préservés par les conquérants, la colonisation française a massacré l’identité algérienne ».
Et plus loin, dans son interview sur le fauteuil rouge de Frontières « Le récit prétendu glorieux de la guerre d’Algérie sert de paravent à tous leurs échecs ».
Et bien sûr Éric Zemmour s’indigne des propos de Benjamin Stora, quand il rattache à l’Algérie l’Emir Abdelkader - né dans ce fameux Nord-Ouest attribué au Maroc par Boualem Sansal - qui défendait la Umma musulmane contre des infidèles (Jihad), et non l’Algérie qui n’existait pas encore.
De même quand Benjamin Stora fait état d’un héros de l’indépendance algérienne, né à Tlemcen, en oubliant de préciser que tous les partisans de ce Messali El Hadj furent sauvagement massacrés par le FLN.
Le présentateur vedette d’Achkayen Press, quant à lui, nous explique que la haine de l’Algérie pour le Maroc ne date pas de la guerre des sables en 1963. Il illustre ces propos par la décapitation nocturne du sultan Mohamed Cheikh au XVIème siècle, par des algériens venus prétendre solliciter son aide pour se libérer des ottomans. Ils emportèrent sa tête coupée pour l’exposer à Constantine. Et son successeur El Mansour Eddahbi dut engager une guerre pour la récupérer.
Selon lui cette haine des algériens pour le Maroc a été héritée de l’occupation par les Ottomans, ces derniers, ayant développé un sentiment de frustration pour avoir été arrêtés dans leurs conquête par le Maroc. Il y eut 14 guerres en 3 siècles, selon le Figaro.
Quand on consulte le spécialiste de la région, Bernard Lugan, cette région du Nord-Ouest algérien passait sous domination chérifienne quand les sultans du Maroc devenaient puissants, et reprenait son indépendance dans le cas contraire.
Peu importe les frontières, Boualem Sansal n’est pas un historien, ni Benjamin Stora d’ailleurs. Alors Est-ce que le percutant écrivain a voulu piéger les autorités algériennes, en prenant soin d’obtenir au préalable la nationalité française ? lui qui citait le proverbe « Si tu parles, tu meurs ; si tu ne parles pas tu meurs ; alors parles et meurs ».
Après l’avoir fait disparaître quelques jours, les autorités algériennes souhaiteraient bien sûr le faire taire à jamais. Mais pour autant, pourraient-elles mettre fin à sa vie d’une façon ou d’une autre, sans en payer un large tribut à l’international, et pour des siècles à venir ?