Une infrastructure vitale mais longtemps négligée
Pendant longtemps, les câbles sous-marins africains ont été conçus comme des projets techniques secondaires : utiles, certes, mais sans enjeu politique réel. Ce temps-là est terminé.
Aujourd’hui, la course aux câbles est devenue une course au contrôle de l’avenir numérique du continent. Trois dynamiques en expliquent l’urgence :
– L’explosion du nombre d’utilisateurs africains, avec un taux de pénétration Internet qui pourrait atteindre 60 % d’ici 2030 ;
– Le besoin de connecter des data centers en pleine expansion (notamment au Maroc, en Afrique du Sud et au Kenya) ;
– Les tensions géopolitiques mondiales, qui rendent chaque route numérique stratégique.
Résultat : chaque câble posé, chaque port choisi, chaque pays raccordé devient une décision à la fois économique, technologique et géopolitique.
Aujourd’hui, la course aux câbles est devenue une course au contrôle de l’avenir numérique du continent. Trois dynamiques en expliquent l’urgence :
– L’explosion du nombre d’utilisateurs africains, avec un taux de pénétration Internet qui pourrait atteindre 60 % d’ici 2030 ;
– Le besoin de connecter des data centers en pleine expansion (notamment au Maroc, en Afrique du Sud et au Kenya) ;
– Les tensions géopolitiques mondiales, qui rendent chaque route numérique stratégique.
Résultat : chaque câble posé, chaque port choisi, chaque pays raccordé devient une décision à la fois économique, technologique et géopolitique.
Les États ne sont plus seuls : l’entrée des géants du numérique
Le fait nouveau, depuis 2021, c’est que les plus grands acteurs de cette guerre ne sont plus uniquement les États. Ils s’appellent Google, Meta, Amazon Web Services et, dans une moindre mesure, Microsoft. Pourquoi cette implication directe ?
Parce que ces entreprises captent désormais plus de la moitié du trafic mondial, et qu’elles veulent maîtriser leur propre réseau plutôt que dépendre de gouvernements ou d’opérateurs historiques.
Le meilleur exemple est le câble 2Africa, financé principalement par Meta: un projet colossal de 45 000 km, l’un des plus longs jamais réalisés, reliant 33 pays autour du continent.
Le Maroc y est connecté à travers les stations de Nador, Casablanca et Dakhla. Google, de son côté, développe ses propres liaisons, dont le câble Equiano, qui relie l’Europe à l’Afrique de l’Ouest.
Cette privatisation partielle de l’infrastructure pose une question simple : qui contrôle réellement les autoroutes numériques africaines ?
Parce que ces entreprises captent désormais plus de la moitié du trafic mondial, et qu’elles veulent maîtriser leur propre réseau plutôt que dépendre de gouvernements ou d’opérateurs historiques.
Le meilleur exemple est le câble 2Africa, financé principalement par Meta: un projet colossal de 45 000 km, l’un des plus longs jamais réalisés, reliant 33 pays autour du continent.
Le Maroc y est connecté à travers les stations de Nador, Casablanca et Dakhla. Google, de son côté, développe ses propres liaisons, dont le câble Equiano, qui relie l’Europe à l’Afrique de l’Ouest.
Cette privatisation partielle de l’infrastructure pose une question simple : qui contrôle réellement les autoroutes numériques africaines ?
Le Maroc : un hub discret mais stratégique
Dans cette bataille, le Maroc avance sans bruit mais avec une logique claire : devenir un carrefour numérique entre l’Europe, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique du Nord. Plusieurs facteurs expliquent cette position :
– Une façade atlantique et méditerranéenne qui facilite les raccordements multiples ;
– Des partenariats réguliers avec les grands opérateurs mondiaux ;
– Une volonté politique de faire du pays un point de transit de données entre les continents ;
– Le développement de data centers locaux (Casablanca, Rabat, Tanger), qui renforcent l’attractivité du pays. Dakhla, notamment, est en train d’émerger comme un futur point d’ancrage clé pour les câbles transatlantiques reliant l’Amérique du Sud, l’Afrique et l’Europe.
Ce positionnement prépare le Maroc à jouer un rôle numérique qu’il n’avait jamais occupé auparavant.
– Une façade atlantique et méditerranéenne qui facilite les raccordements multiples ;
– Des partenariats réguliers avec les grands opérateurs mondiaux ;
– Une volonté politique de faire du pays un point de transit de données entre les continents ;
– Le développement de data centers locaux (Casablanca, Rabat, Tanger), qui renforcent l’attractivité du pays. Dakhla, notamment, est en train d’émerger comme un futur point d’ancrage clé pour les câbles transatlantiques reliant l’Amérique du Sud, l’Afrique et l’Europe.
Ce positionnement prépare le Maroc à jouer un rôle numérique qu’il n’avait jamais occupé auparavant.
La concurrence continentale : Nairobi, Lagos, Le Cap
Si le Maroc avance, d’autres jouent également leur carte. Nairobi est devenu un hub pour les plateformes technologiques et les câbles venant d’Asie. Lagos profite de la dynamique nigériane et de la présence d’acteurs privés puissants.
Le Cap et Johannesburg concentrent encore les plus grands data centers du continent, attirant naturellement les infrastructures sous-marines. Cette compétition n’est pas négative. Au contraire : elle encourage l’Afrique à se doter d’une architecture numérique plus robuste, plus redondante, moins vulnérable.
Mais elle montre surtout qu’une hiérarchie géodigitale nouvelle est en train d’apparaître.
Le Cap et Johannesburg concentrent encore les plus grands data centers du continent, attirant naturellement les infrastructures sous-marines. Cette compétition n’est pas négative. Au contraire : elle encourage l’Afrique à se doter d’une architecture numérique plus robuste, plus redondante, moins vulnérable.
Mais elle montre surtout qu’une hiérarchie géodigitale nouvelle est en train d’apparaître.
Une bataille aussi militaire que technologique
On parle rarement d’un point essentiel : les câbles sous-marins ne sont pas seulement des installations civiles. Ce sont aussi des infrastructures critiques, surveillées par les armées.
Plusieurs incidents internationaux ont rappelé la fragilité de ces réseaux : câbles sectionnés en mer Rouge, pressions russes dans l’Arctique, sabotages présumés en Europe du Nord.
L’Afrique, désormais mieux connectée, doit se préparer à ces questions de sécurité. Cela implique :
– Une surveillance plus poussée des zones où passent les câbles ;
– Des protocoles de réparation plus rapides ;
– Une coopération régionale pour éviter que chaque pays ne se retrouve seul face à une menace.
Plusieurs incidents internationaux ont rappelé la fragilité de ces réseaux : câbles sectionnés en mer Rouge, pressions russes dans l’Arctique, sabotages présumés en Europe du Nord.
L’Afrique, désormais mieux connectée, doit se préparer à ces questions de sécurité. Cela implique :
– Une surveillance plus poussée des zones où passent les câbles ;
– Des protocoles de réparation plus rapides ;
– Une coopération régionale pour éviter que chaque pays ne se retrouve seul face à une menace.
Le vrai enjeu : souveraineté ou dépendance ?
L’enjeu ultime n’est pas technologique, mais politique. Si les géants du numérique financent la moitié des nouveaux câbles, cela signifie que le trafic africain dépendra de décisions prises à Menlo Park, Seattle ou Mountain View.
Cela crée un paradoxe :
• L’Afrique gagne une connectivité plus rapide, plus économique, plus moderne ;
• Mais elle perd une part de maîtrise sur ses flux de données.
Plusieurs pays : Kenya, Afrique du Sud, Nigeria, Maroc commencent donc à réfléchir à une stratégie de souveraineté numérique, qui ne soit pas contre les acteurs privés, mais qui garantisse un équilibre.
La construction de data centers locaux et de clouds souverains va dans ce sens.
Cela crée un paradoxe :
• L’Afrique gagne une connectivité plus rapide, plus économique, plus moderne ;
• Mais elle perd une part de maîtrise sur ses flux de données.
Plusieurs pays : Kenya, Afrique du Sud, Nigeria, Maroc commencent donc à réfléchir à une stratégie de souveraineté numérique, qui ne soit pas contre les acteurs privés, mais qui garantisse un équilibre.
La construction de data centers locaux et de clouds souverains va dans ce sens.
Alors, la guerre a-t-elle déjà commencé ?
La réponse est simple : oui, mais elle ne ressemble pas à une guerre traditionnelle. Pas d’explosions, pas de discours officiels, pas de confrontations directes.
C’est une guerre :
– D’influence ;
– de routes maritimes ;
– de stations d’atterrissement ;
– de capacité à attirer les investissements des opérateurs globaux ;
– de sécurisation des données.
Ce qui se joue aujourd’hui sous l’eau déterminera, dans dix ans, quels pays africains seront les centres névralgiques du numérique, et lesquels resteront des consommateurs passifs.
L’Afrique a encore le choix. Mais la fenêtre se referme vite.
C’est une guerre :
– D’influence ;
– de routes maritimes ;
– de stations d’atterrissement ;
– de capacité à attirer les investissements des opérateurs globaux ;
– de sécurisation des données.
Ce qui se joue aujourd’hui sous l’eau déterminera, dans dix ans, quels pays africains seront les centres névralgiques du numérique, et lesquels resteront des consommateurs passifs.
L’Afrique a encore le choix. Mais la fenêtre se referme vite.












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