Derrière chaque entreprise publique performante, il y a des femmes et des hommes capables, engagés, et souvent méconnus. Le Maroc s’interroge aujourd’hui sur la formation, la sélection et la valorisation de cette élite du service public.
Alors que l’État marocain réforme en profondeur son rôle d’actionnaire à travers l’Agence Nationale de Gestion Stratégique des Participations de l'Etat (ANGSPE), un sujet stratégique refait surface avec insistance : le capital humain dans les entreprises et établissements publics (EEP). Plus qu’un simple enjeu de ressources humaines, il s’agit d’une interrogation centrale sur la capacité du Maroc à bâtir une élite publique moderne, compétente et tournée vers les défis du siècle.
Alors que l’État marocain réforme en profondeur son rôle d’actionnaire à travers l’Agence Nationale de Gestion Stratégique des Participations de l'Etat (ANGSPE), un sujet stratégique refait surface avec insistance : le capital humain dans les entreprises et établissements publics (EEP). Plus qu’un simple enjeu de ressources humaines, il s’agit d’une interrogation centrale sur la capacité du Maroc à bâtir une élite publique moderne, compétente et tournée vers les défis du siècle.
L’héritage d’un système cloisonné
Pendant longtemps, le recrutement et la gestion des cadres au sein des EEP ont été dictés par une logique strictement administrative, privilégiant l’ancienneté au détriment des compétences, la stabilité plutôt que la performance. Cette approche a freiné la mobilité entre entreprises et secteurs, limité l’ouverture à l’international et freiné l’exposition à l’innovation.
Résultat : des structures parfois figées, peu perméables au renouvellement des idées, avec une diversité de profils insuffisante et une réelle difficulté à capter les talents les plus qualifiés, en particulier dans les domaines critiques comme le numérique, la finance, l’ingénierie avancée ou encore la gouvernance environnementale et sociale
Résultat : des structures parfois figées, peu perméables au renouvellement des idées, avec une diversité de profils insuffisante et une réelle difficulté à capter les talents les plus qualifiés, en particulier dans les domaines critiques comme le numérique, la finance, l’ingénierie avancée ou encore la gouvernance environnementale et sociale
Un défi d’attractivité et de compétence
Le monde du travail a changé. Les jeunes diplômés, les profils internationaux, les experts en technologies ou en gestion de projet ont aujourd’hui d’autres aspirations : autonomie, impact, sens, perspectives de carrière, mobilité.
Face à la concurrence du secteur privé, de la société civile organisée et des opportunités à l’international, les EEP doivent impérativement redéfinir leur attractivité. Cela suppose une modernisation de leur marque employeur, l’ajustement des rémunérations aux standards du marché pour les métiers stratégiques, la création de parcours de carrière transversaux favorisant la mobilité entre entités publiques ou vers l’étranger, et, plus fondamentalement, le rétablissement de la méritocratie dans les processus de nomination.
Ainsi, la réforme ne sera crédible que si elle brise les logiques de cooptation opaque ou les nominations à caractère politique.
Face à la concurrence du secteur privé, de la société civile organisée et des opportunités à l’international, les EEP doivent impérativement redéfinir leur attractivité. Cela suppose une modernisation de leur marque employeur, l’ajustement des rémunérations aux standards du marché pour les métiers stratégiques, la création de parcours de carrière transversaux favorisant la mobilité entre entités publiques ou vers l’étranger, et, plus fondamentalement, le rétablissement de la méritocratie dans les processus de nomination.
Ainsi, la réforme ne sera crédible que si elle brise les logiques de cooptation opaque ou les nominations à caractère politique.
L’ANGSPE, levier de transformation RH
Depuis sa création, l’ANGSPE a introduit une vision renouvelée de la gouvernance publique, en posant les premiers jalons d’un encadrement plus rigoureux des dirigeants des EEP. Elle a lancé un répertoire national des compétences dirigeantes, instauré un processus de sélection fondé sur l’appel à candidatures et amorcé une normalisation des profils attendus selon les spécificités sectorielles.
Mais ces efforts demeurent embryonnaires. Pour consolider cette dynamique, plusieurs leviers doivent être activés : évaluer régulièrement et individuellement les performances des top managers, systématiser les entretiens à 360 degrés accompagnés de feedbacks anonymes, imposer une formation continue obligatoire centrée sur les grands enjeux stratégiques tels que la transition climatique, la digitalisation ou la gouvernance, et encourager l’innovation managériale, y compris dans les structures les plus conservatrices du portefeuille public.
Mais ces efforts demeurent embryonnaires. Pour consolider cette dynamique, plusieurs leviers doivent être activés : évaluer régulièrement et individuellement les performances des top managers, systématiser les entretiens à 360 degrés accompagnés de feedbacks anonymes, imposer une formation continue obligatoire centrée sur les grands enjeux stratégiques tels que la transition climatique, la digitalisation ou la gouvernance, et encourager l’innovation managériale, y compris dans les structures les plus conservatrices du portefeuille public.
Une élite publique au service du pays
Au fond, la question dépasse largement les seules ressources humaines : elle renvoie à une certaine idée du service public. Le Maroc a besoin d’une élite dirigeante à la fois compétente, éthique et engagée, capable de conduire les grandes transitions, de représenter le pays sur la scène internationale et d’innover au service de l’intérêt général.
Cela implique une plus grande diversité sociale et territoriale dans les nominations, une parité réelle au sein des comités exécutifs, une ouverture affirmée aux talents issus de la diaspora ou du secteur privé, et la constitution d’un véritable corps de dirigeants publics stratégiques, formés, reconnus et évalués selon des critères exigeants.
Cela implique une plus grande diversité sociale et territoriale dans les nominations, une parité réelle au sein des comités exécutifs, une ouverture affirmée aux talents issus de la diaspora ou du secteur privé, et la constitution d’un véritable corps de dirigeants publics stratégiques, formés, reconnus et évalués selon des critères exigeants.
Investir dans les talents, pour investir dans l’avenir
Réformer les entreprises publiques sans réformer profondément les femmes et les hommes qui les dirigent, c’est bâtir sur du sable. Le capital humain est la colonne vertébrale de la nouvelle politique actionnariale marocaine. Sans lui, aucune stratégie ne tiendra.
Le Maroc a les talents, en interne comme en externe. Reste à créer les conditions de leur mobilisation, de leur fidélisation et de leur épanouissement, au service d’un secteur public moderne, performant et inclusif.
Le Maroc a les talents, en interne comme en externe. Reste à créer les conditions de leur mobilisation, de leur fidélisation et de leur épanouissement, au service d’un secteur public moderne, performant et inclusif.












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