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Cette terrible vanité …




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Par Rachid Boufous

Le monde devient fou. Depuis le début de la guerre entre l’Ukraine et la Russie, les prix du pétrole, du carburant et du gaz sont partis à la hausse, engendrant une augmentation des prix de tous les produits manufacturés ou agricoles. L’inflation, cet hydre qui pointe ses griffes à chaque dérèglement de l’offre et de la demande et qui était l’apanage des économies bannières, commence à lacérer les poches des consommateurs des pays riches autant que ceux des pays pauvres, partout autour du globe. Du jamais vu, depuis la fin de la première guerre mondiale. 

Tout le monde se retrouve embarque dans le même Titanic qui coule, suite à l’iceberg qui s’appelle la VANITÉ. 

Vanité de Potine, qui croyait faire une bouchée de l’Ukraine, ne réussissant qu’à épuiser son armée et à faire fuir sa jeunesse, hors de Russie, de peur d’être enrôlée de force, suite à la mobilisation générale décrétée.

Vanité des ukrainiens qui pensaient pouvoir narguer les russes, en demandant leur adhésion à l’OTAN, sans en mesurer les terribles conséquences.

Vanité des européens qui pensaient mettre à terre Potine avec leurs sanctions économiques, qui n’ont pas affaibli d’un iota l’ours russe.

Vanité des américains qui pensaient vaincre les russes, rien qu’en les menaçant des pires sanctions.

Vanité des saoudiens qui pensent pouvoir dompter les américains en procédant à une baisse de leurs production pétrolière, engendrant une hausse du prix du pétrole et la colère de Biden.

Vanité des Chinois qui pensent que leur heure est arrivée pour mettre la main sur Taïwan, alors qu’ils en sont incapables militairement.

Vanité des africains qui pensent amadouer Poutine en allant négocier avec lui afin qu’il libère le passage aux navires céréaliers retenus en Ukraine, sans pour autant condamner son invasion de ce pays.

Et puis la vanité de notre gouvernement, à nous les marocains, qui ne fait rien pour juguler cette hausse astronomique des prix et qui pense que les gens vont tenir encore longtemps, ainsi. On verse des aides aux transporteurs on oublie les d’aider les citoyens lambda avec une baisse drastique des taxes sur le carburant. Un pays qui a sacrifié l’unique raffinerie qu’il possédait depuis la fin des années cinquante pour aller faire la queue avec ses tankers chez les vendeurs de pétrole raffiné, achetant le carburant, au prix fort.

Aujourd’hui même, le prix du carburant a bondi sévèrement, retrouvant les tarifs d’il y a un mois. Le plein d’essence coûte aujourd’hui le double de ce qu’on le payait il y’a un an. Et cette hausse tire avec elle tous les prix, sans exception. Les gens en viendront à sortir leur épargne des banques, vu qu’elle sera plus sécurisée chez eux. Et comme l’État n’a pas d’entrées fiscales extensibles, le déficit budgétaire va se creuser dangereusement et il recourra à la planche à billet pour juguler l’inflation, qui repartira à la hausse et affaiblira la monnaie nationale. Même une augmentation du pouvoir d’achat par une baisse des impôts sur le revenu, ne fera que soutenir l’inflation et la hausse des prix.

On risque même de revenir à une forte compensation pour stabiliser les prix du carburant, alors qu’on n’y a plus recours pour les hydrocarbures depuis 2016.

Le pays a besoin de retrouver une confiance saine dans ses institutions gouvernementales. Il ne s’agit plus d’un remaniement ministériel ou de changement de maroquins. Le pays a besoin d’un changement de cap intégral, afin qu’on puisse sauver ce qui peut encore l’être. Et on ne va pas attendre que Poutine daigne avouer son échec en Ukraine, ou que les européens rallument leurs centrales nucléaires à l’arrêt pour éviter de greloter en hiver, par manque de gaz russe, pour y arriver…

Le Maroc est un pays, comme d’autres de sa catégorie, victimes collatérales des enjeux internationaux qui les dépassent. Mais ce n’est pas une raison, pour autant, de rester les mains croisés, en attendant que les ennemis du jour se rabibochent m, un jour prochain...

Le Maroc a besoin d’une croissance forte pour répondre aux défis qui l’attendent sur le plan intérieur. Il ne peut y arriver qu’en s’ouvrant au maximum au reste du monde et en chamboulant les règles en matière d’incitation économique envers les investisseurs, tant nationaux qu’étrangers. 

Le dernier discours Royal au parlement va dans ce sens, en mettant l’accent sur le rôle prépondérant des centres régionaux d’investissement (CRI) dans cette dynamique. 

On doit aussi fabriquer une diplomatie économique offensive, donnant de nouvelles prérogatives aux ambassadeurs du Maroc à travers le monde, pour séduire, convaincre et ramener des investisseurs étrangers vers notre pays. Des nations comme la Turquie le font allègrement et ce pays s’est transformé, en une quarantaine d’années, en une véritable puissance économique.

Cela passe aussi par la culture. La Turquie, toujours, ne va pas simplement conquérir des marchés grâce à sa main-d’oeuvre abordable et à des mesures incitatives, mais elle vend une civilisation à travers plusieurs canaux : monuments, téléfilms, patrimoine matériel et immatériel, textile, tourisme de qualité et pas cher, grandes infrastructures aéroportuaires. A coups de subventions étatiques fortes. Il n’y a qu’à voir l’exemple des supermarchés BIM et du textile turc, pas cher, qui font des ravages chez nous. Vous imaginez des marocains ouvrir des supermarchés subventionnés par le gouvernement marocain, en Turquie ? Même pas en rêve… Voilà toute l’équation…!!!

Pourtant nous possédons n’évaluons d’atouts au Maroc, dans tous les domaines, mais nous n’arrivons pas à les activer convenablement. 

Les stratégies publiques et les Visions, vont dans tous les sens, sans coordination, ni fil conducteur. 

On n’arrive toujours pas à raconter une histoire marocaine simple et fluide dans tous les domaines, économiques, culturels ou même politiques…

Nous avons cette vanité de croire qu’on peut y arriver juste en pensant, qu’en défendant le Zellije, nous avons un patrimoine irremplaçable, alors que l’artisanat se meurt doucement, face à l’indifférence générale…

Aujourd’hui la guerre n’est plus seulement économique entre les nations, mais devient aussi culturelle, patrimoniale et identitaire. 

Nous avons vécu, durant longtemps, avec la vanité du sologan qui dit que le Maroc est le « plus beau pays au monde », sans faire grand chose pour le rendre ainsi aux yeux du monde…

Arrêtons avec la vanité qui endort, qui caresse les sentiments nationalistes dans le sens du poil, mais qui ne fait rien pour installer la rigueur et l’humilité ; et mettons-nous sérieusement au travail…

Rédigé par Rachid Boufous



Mardi 18 Octobre 2022


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