Le Maroc veut transformer certaines de ses entreprises publiques en locomotives régionales. Une ambition assumée, mais pas sans défis.
Depuis une dizaine d’années, l’Afrique est redevenue une priorité géostratégique pour le Royaume du Maroc. Diplomatie économique, accords bilatéraux, soft power royal : tous les canaux ont été mobilisés pour renforcer la présence marocaine sur le continent. Dans cette dynamique, un nouvel acteur se profile : l’État actionnaire lui-même, qui souhaite désormais positionner ses entreprises publiques comme des champions régionaux.
Ce basculement est au cœur de la Politique Actionnariale de l’État. Loin de se contenter d’un rôle domestique, certaines entreprises publiques marocaines sont désormais appelées à rayonner à l’international, notamment en Afrique, dans les secteurs de l’énergie, du transport, de l’ingénierie, du BTP, ou encore des télécoms. Objectif : combiner rentabilité, influence et développement.
Depuis une dizaine d’années, l’Afrique est redevenue une priorité géostratégique pour le Royaume du Maroc. Diplomatie économique, accords bilatéraux, soft power royal : tous les canaux ont été mobilisés pour renforcer la présence marocaine sur le continent. Dans cette dynamique, un nouvel acteur se profile : l’État actionnaire lui-même, qui souhaite désormais positionner ses entreprises publiques comme des champions régionaux.
Ce basculement est au cœur de la Politique Actionnariale de l’État. Loin de se contenter d’un rôle domestique, certaines entreprises publiques marocaines sont désormais appelées à rayonner à l’international, notamment en Afrique, dans les secteurs de l’énergie, du transport, de l’ingénierie, du BTP, ou encore des télécoms. Objectif : combiner rentabilité, influence et développement.
Une stratégie déjà en marche
Le Maroc ne part pas de zéro dans sa stratégie de rayonnement économique sur le continent africain. Depuis plusieurs années, des entreprises publiques ou à participation publique ont déjà consolidé leur présence à travers des projets structurants et des partenariats ciblés.
L’OCP s’est affirmé comme le leader africain des engrais phosphatés, en développant des filiales en Côte d’Ivoire, au Rwanda et au Nigéria. La Royal Air Maroc relie plus de trente capitales africaines, contribuant à renforcer la connectivité et les échanges intra-continentaux. L’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) a piloté des programmes d’électrification rurale dans une douzaine de pays, tandis que le groupe Marchica Med exporte son expertise en aménagement urbain et touristique, notamment au Bénin et en Guinée.
Cette implantation progressive traduit une diplomatie économique qui allie logique commerciale, transfert de savoir-faire et coopération régionale. Jusqu’ici, ces initiatives relevaient principalement de cadres bilatéraux ou diplomatiques ; avec l’ANGSPE, elles s’inscrivent désormais dans une ambition plus structurée, visant à identifier les opérateurs publics à fort potentiel international, à leur fournir les leviers nécessaires et à professionnaliser leur démarche pour maximiser l’impact continental.
L’OCP s’est affirmé comme le leader africain des engrais phosphatés, en développant des filiales en Côte d’Ivoire, au Rwanda et au Nigéria. La Royal Air Maroc relie plus de trente capitales africaines, contribuant à renforcer la connectivité et les échanges intra-continentaux. L’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) a piloté des programmes d’électrification rurale dans une douzaine de pays, tandis que le groupe Marchica Med exporte son expertise en aménagement urbain et touristique, notamment au Bénin et en Guinée.
Cette implantation progressive traduit une diplomatie économique qui allie logique commerciale, transfert de savoir-faire et coopération régionale. Jusqu’ici, ces initiatives relevaient principalement de cadres bilatéraux ou diplomatiques ; avec l’ANGSPE, elles s’inscrivent désormais dans une ambition plus structurée, visant à identifier les opérateurs publics à fort potentiel international, à leur fournir les leviers nécessaires et à professionnaliser leur démarche pour maximiser l’impact continental.
Exporter un savoir-faire, pas seulement des services
Le pari est clair : le Maroc peut monétiser ses expertises publiques, notamment dans la gestion d’infrastructures, l’aménagement du territoire, l’accès à l’eau et à l’énergie, ou encore la logistique intégrée. Autant de domaines où le pays a développé un savoir-faire reconnu, souvent au sein d’entreprises publiques ou de joint-ventures avec des capitaux nationaux.
En exportant ce savoir-faire, le Royaume entend non seulement consolider sa position en Afrique, mais aussi rentabiliser les investissements publics, en ouvrant de nouveaux débouchés à ses Établissements et Entreprises Publics (EEP), en devises et en contrats à long terme.
Il s’agit aussi d’ancrer une image : celle d’un Maroc solution, capable de proposer des modèles alternatifs à ceux des puissances occidentales ou asiatiques.
En exportant ce savoir-faire, le Royaume entend non seulement consolider sa position en Afrique, mais aussi rentabiliser les investissements publics, en ouvrant de nouveaux débouchés à ses Établissements et Entreprises Publics (EEP), en devises et en contrats à long terme.
Il s’agit aussi d’ancrer une image : celle d’un Maroc solution, capable de proposer des modèles alternatifs à ceux des puissances occidentales ou asiatiques.
Des conditions de réussite strictes
Mais ce déploiement ne peut s’affranchir d’une exigence de rigueur. Le rapport de l’ANGSPE rappelle plusieurs prérequis essentiels : une gouvernance solide et véritablement professionnelle, afin de prévenir tout pilotage purement politique ; la création de filiales internationales autonomes, dotées d’équipes mixtes associant compétences locales et expertises marocaines ; des évaluations ex-ante des risques pays, juridiques et financiers, pour anticiper les vulnérabilités ; et un alignement avec la diplomatie économique du Royaume, sans pour autant tomber dans une logique de dépendance.
L’État actionnaire devra, en outre, tirer les leçons du passé en évitant les projets surdimensionnés, les investissements sans retour tangible ou les échecs d’exécution. Plus que jamais, le pragmatisme devra primer sur la seule valeur symbolique.
L’État actionnaire devra, en outre, tirer les leçons du passé en évitant les projets surdimensionnés, les investissements sans retour tangible ou les échecs d’exécution. Plus que jamais, le pragmatisme devra primer sur la seule valeur symbolique.
Une opportunité pour le rayonnement et la croissance
Dans un contexte africain où la demande en infrastructures, en connectivité et en expertise technique ne cesse de croître, les EEP marocaines disposent d’un levier stratégique majeur.
En s’affirmant comme des opérateurs crédibles à l’échelle continentale, elles peuvent renforcer la stature économique du Maroc, attirer des partenaires internationaux tels que des fonds d’investissement ou des banques multilatérales, et accroître leur rentabilité en diversifiant leurs marchés.
À terme, elles pourraient même contribuer à soutenir la politique migratoire ou les initiatives de formation régionale du Royaume. Cette ouverture internationale représente également une opportunité de transformation interne : confrontées à la concurrence, aux standards mondiaux et aux exigences de clients étrangers, les EEP sont incitées à se professionnaliser, à se moderniser et à adapter leur modèle pour gagner en efficacité et en pertinence.
En s’affirmant comme des opérateurs crédibles à l’échelle continentale, elles peuvent renforcer la stature économique du Maroc, attirer des partenaires internationaux tels que des fonds d’investissement ou des banques multilatérales, et accroître leur rentabilité en diversifiant leurs marchés.
À terme, elles pourraient même contribuer à soutenir la politique migratoire ou les initiatives de formation régionale du Royaume. Cette ouverture internationale représente également une opportunité de transformation interne : confrontées à la concurrence, aux standards mondiaux et aux exigences de clients étrangers, les EEP sont incitées à se professionnaliser, à se moderniser et à adapter leur modèle pour gagner en efficacité et en pertinence.












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