Une cartographie fidèle du cheptel et un bouclage presque achevé
Le ministère de l’Agriculture annonce une base nationale recensant 32,8 millions de têtes et environ 1,2 million d’éleveurs, fruit d’une opération de recensement menée au printemps-été 2025. Cette cartographie a permis d’identifier 25 millions de têtes déjà « bouclées », soit près de 92% des effectifs ciblés à la date communiquée par le ministère étape clé pour cibler l’aide et limiter les fraudes.
Sur le terrain, le bouclage change le rapport de force : le berger qui, il y a quelques mois, peinait à faire valoir ses droits auprès des circuits classiques peut désormais prouver la propriété de son troupeau et, surtout, prétendre à un soutien financier direct.
Aides dégressives et prime de préservation : détails et calendrier
Le dispositif d’aide est calibré par espèce et par tranches dégressives (ovins, caprins, bovins/camelins), conformément aux modalités annoncées par le ministère par exemple 150 DH par tête pour les 10 premières brebis, et des paliers décroissants au-delà; 100 DH pour les 10 premières chèvres, etc. Une prime spécifique au maintien des femelles reproductrices a été fixée à 400 DH par femelle ovine et 300 DH par femelle caprine, avec 100 DH versés en avance et le solde après vérification du maintien des femelles à partir du 1er avril 2026.
Sur le calendrier financier, les autorités ont fait savoir que 1.102.000 dossiers d’aide ont été traités et que 4,465 milliards de dirhams ont déjà été versés à près de 977.000 bénéficiaires, en moins d’un mois un rythme important qui pose autant d’enjeux logistiques que de contrôle.
Gouvernance, inclusion et risques d’exclusion
Le ministère insiste sur la coordination entre l’Intérieur, l’Économie et la Trésorerie pour sécuriser les versements. C’est un point crucial : sans contrôles robustes, la rapidité peut tourner au favoritisme ou laisser des ayants droit sur le carreau. Les autorités promettent une approche « participative » pour éviter les exclusions promesse qui devra être vérifiée sur le terrain, notamment dans les zones d’altitude et chez les femmes et jeunes éleveurs.
Agriculture solidaire : projets pilotes et cible sociale
Le volet « agriculture solidaire » lié à ce programme vise à soutenir prioritairement les jeunes et les femmes rurales. Selon les chiffres communiqués, sur trois ans le programme disposerait d’une enveloppe d’environ 2 MMDH, avec à ce jour 68 projets validés couvrant 46 provinces, 199 communes et ciblant 28.000 bénéficiaires pour un montant mobilisé de plus de 544 millions de dirhams un début encourageant mais qui reste modeste au regard de l’ampleur nationale du défi.
Le chantier de la reconstitution du cheptel est lancé et les chiffres sont tangibles. Pour que cette dynamique profite réellement à la souveraineté alimentaire et au pouvoir d’achat des ruraux, il faudra transformer l’efficience administrative en impacts concrets : accès aux fourrages, insertion dans des filières rémunératrices, et surtout, contrôle et transparence pour que l’aide arrive à ceux qui en vivent. Le diable, comme souvent, sera dans la mise en œuvre.












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