Madrid face à Israël : quand la mémoire dicte la diplomatie
Dans les années 1980, l’Espagne sortait difficilement de la dictature franquiste et cherchait sa place en Europe. Pour entrer sur le marché commun, elle dut reconnaître Israël en 1986, sous pression de ses partenaires européens. Mais ce geste diplomatique n’effaça pas un autre héritage : celui de son attachement aux causes arabes, forgé pendant les décennies où Madrid, isolée par l’Occident, avait trouvé en Égypte, en Arabie Saoudite et au Maroc des alliés précieux. La crise pétrolière de 1973 renforça encore ce lien, l’Espagne ayant bénéficié d’un traitement de faveur de la part de l’OPEP en raison de son soutien affiché aux Palestiniens.
Dès lors, la politique espagnole a toujours tenté un équilibre : reconnaître Israël sans jamais abandonner la défense des droits palestiniens.
Ce tropisme est encore plus marqué sous les gouvernements socialistes. De Felipe González à Pedro Sánchez, l’Espagne s’est montrée parmi les plus critiques d’Europe à l’égard des politiques israéliennes. Ces dernières années, Madrid s’est même placée à l’avant-garde d’une tendance plus large : la reconnaissance officielle d’un État palestinien. À chaque étape, les socialistes espagnols ont cherché à inscrire cette position dans une logique de droits humains et de justice internationale, quitte à froisser les équilibres diplomatiques.
Depuis le 7 octobre, l’Espagne a franchi un cap. Embargo officiel sur les armes, blocage annoncé des produits issus des colonies, appui à des projets agricoles et médicaux en Palestine, multiplication des déclarations au plus haut niveau de l’État : l’Espagne se veut exemplaire. Dans un contexte européen où la prudence reste la norme, Madrid joue les franc-tireurs.
Dès lors, la politique espagnole a toujours tenté un équilibre : reconnaître Israël sans jamais abandonner la défense des droits palestiniens.
Ce tropisme est encore plus marqué sous les gouvernements socialistes. De Felipe González à Pedro Sánchez, l’Espagne s’est montrée parmi les plus critiques d’Europe à l’égard des politiques israéliennes. Ces dernières années, Madrid s’est même placée à l’avant-garde d’une tendance plus large : la reconnaissance officielle d’un État palestinien. À chaque étape, les socialistes espagnols ont cherché à inscrire cette position dans une logique de droits humains et de justice internationale, quitte à froisser les équilibres diplomatiques.
Depuis le 7 octobre, l’Espagne a franchi un cap. Embargo officiel sur les armes, blocage annoncé des produits issus des colonies, appui à des projets agricoles et médicaux en Palestine, multiplication des déclarations au plus haut niveau de l’État : l’Espagne se veut exemplaire. Dans un contexte européen où la prudence reste la norme, Madrid joue les franc-tireurs.
Une solidarité inscrite dans l’histoire :
Mais cette ligne n’est pas qu’une affaire de morale. Elle répond aussi à des calculs géopolitiques. L’Espagne sait que son rôle au sud de la Méditerranée reste fragile : elle doit gérer une relation parfois tendue avec le Maroc, un voisin stratégique et incontournable, et cherche à asseoir une image de médiateur dans la région. Afficher un soutien ferme aux Palestiniens permet de renforcer sa légitimité auprès de ses partenaires arabes, tout en capitalisant sur une opinion publique espagnole très sensible à la question palestinienne.
De Barcelone à Madrid, des manifestations massives rappellent que la société civile espagnole n’accepte plus le statu quo. La rupture des relations de certaines municipalités avec Israël en dit long : il ne s’agit plus seulement de gestes gouvernementaux, mais d’une dynamique populaire qui pèse sur les décisions politiques.
Évidemment, cette posture a un coût diplomatique. Israël dénonce l’Espagne comme étant « du mauvais côté de l’histoire ». Des accusations d’antisémitisme resurgissent, parfois instrumentalisées pour discréditer des critiques pourtant fondées sur le droit international. Washington observe avec une inquiétude polie : voir un allié occidental adopter une ligne aussi tranchée met en lumière les fractures d’un bloc censé rester uni.
Mais l’Espagne assume. Sa diplomatie veut croire que défendre la solution à deux États, soutenir des projets humanitaires et dénoncer les colonies illégales ne sont pas des options partisanes, mais des nécessités pour préserver un minimum d’espoir au Moyen-Orient.
Reste à savoir si cette posture restera isolée ou si elle préfigure un basculement plus large en Europe. Déjà, certains gouvernements, comme en Irlande, en Norvège ou en Belgique, se rapprochent de cette sensibilité. Le temps joue contre Israël, dont les violations du droit international deviennent de plus en plus coûteuses en termes d’image et d’influence.
En plaçant la barre haut, l’Espagne prend un risque : celui d’être marginalisée par ses partenaires les plus prudents. Mais elle peut aussi récolter un bénéfice politique : incarner la voix d’une Europe qui ne veut pas rester spectatrice de l’érosion du droit et de la justice internationale.
Au fond, ce que dit l’attitude espagnole, c’est qu’il n’est plus possible de concilier indéfiniment les discours de paix et le silence sur les crimes. L’Espagne choisit de mettre en cohérence ses valeurs et ses actes, quitte à s’attirer les foudres d’alliés puissants. Dans un monde multipolaire, ce choix est moins marginal qu’il n’y paraît : il pourrait annoncer une recomposition durable du rapport de forces diplomatiques autour de la question palestinienne.
De Barcelone à Madrid, des manifestations massives rappellent que la société civile espagnole n’accepte plus le statu quo. La rupture des relations de certaines municipalités avec Israël en dit long : il ne s’agit plus seulement de gestes gouvernementaux, mais d’une dynamique populaire qui pèse sur les décisions politiques.
Évidemment, cette posture a un coût diplomatique. Israël dénonce l’Espagne comme étant « du mauvais côté de l’histoire ». Des accusations d’antisémitisme resurgissent, parfois instrumentalisées pour discréditer des critiques pourtant fondées sur le droit international. Washington observe avec une inquiétude polie : voir un allié occidental adopter une ligne aussi tranchée met en lumière les fractures d’un bloc censé rester uni.
Mais l’Espagne assume. Sa diplomatie veut croire que défendre la solution à deux États, soutenir des projets humanitaires et dénoncer les colonies illégales ne sont pas des options partisanes, mais des nécessités pour préserver un minimum d’espoir au Moyen-Orient.
Reste à savoir si cette posture restera isolée ou si elle préfigure un basculement plus large en Europe. Déjà, certains gouvernements, comme en Irlande, en Norvège ou en Belgique, se rapprochent de cette sensibilité. Le temps joue contre Israël, dont les violations du droit international deviennent de plus en plus coûteuses en termes d’image et d’influence.
En plaçant la barre haut, l’Espagne prend un risque : celui d’être marginalisée par ses partenaires les plus prudents. Mais elle peut aussi récolter un bénéfice politique : incarner la voix d’une Europe qui ne veut pas rester spectatrice de l’érosion du droit et de la justice internationale.
Au fond, ce que dit l’attitude espagnole, c’est qu’il n’est plus possible de concilier indéfiniment les discours de paix et le silence sur les crimes. L’Espagne choisit de mettre en cohérence ses valeurs et ses actes, quitte à s’attirer les foudres d’alliés puissants. Dans un monde multipolaire, ce choix est moins marginal qu’il n’y paraît : il pourrait annoncer une recomposition durable du rapport de forces diplomatiques autour de la question palestinienne.












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