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Deal express ou mirage ? L’Amérique s’invite entre Rabat et Alger

60 jours chrono : Washington peut-il recoller le Maghreb ?


Rédigé par La rédaction le Vendredi 24 Octobre 2025



​Washington remet une pièce dans la machine maghrébine.

Un proche de la Maison-Blanche, Steve Witkoff, affirme qu’un accord Maroc–Algérie est « possible en 60 jours ». Slogan téméraire ou nouvelle fenêtre d’opportunité ?

Entre leviers américains et lignes rouges d’Alger, décryptage à charge et à décharge avec, en toile de fond, la main tendue de Rabat et l’exigence d’une paix utile pour les peuples de la région.

Un pari américain en mode « blitz »

Les signaux se multiplient : selon plusieurs médias anglo-saxons et marocains, l’envoyé de Donald Trump, Steve Witkoff, annonce pouvoir arracher un accord entre Rabat et Alger « dans les 60 jours ». L’information, spectaculaire, a été reprise en boucle, avec l’idée d’une accélération diplomatique sur un contentieux enkysté depuis 1975 et surtout 2021, année de la rupture des relations par l’Algérie. 

Dans la foulée, un autre fait têtu : l’administration Trump II maintient la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, acquise en décembre 2020 et au cœur du nouveau cadre américain. 

Les atouts de Washington : précédent, continuité, pression de calendrier 

Côté « ça peut marcher », trois éléments.

D’abord, un précédent : la diplomatie transactionnelle qui a permis les Accords d’Abraham, où Jared Kushner joua un rôle clé — y compris dans la normalisation Maroc–Israël accompagnée de la proclamation américaine sur le Sahara. Cette continuité politique donne à Washington un cap lisible. 

Ensuite, la constance du message : en 2025, la Maison-Blanche réaffirme que l’autonomie sous souveraineté marocaine est « la » voie réaliste — ce qui ancre la médiation U.S. dans une doctrine stable. 

Enfin, l’US toolkit : réseaux, garanties sécuritaires, et la carotte économique (investissements, intégrations régionales) susceptibles d’emballer des mesures de confiance : reprise graduelle des liens diplomatiques, réouverture contrôlée des frontières, mécanismes de gestion de crise. Les visites régionales de Massad Boulos, conseiller Afrique/MO, cadrent ce tempo. 

Le champ de mines d’en face

Reste la réalité. Alger a récemment douché des tentatives de médiation dites « fraternelles » ; l’annonce américaine surgit donc face à une posture de refus assumée. Et l’Algérie ne bougera pas sans garanties sur le dossier saharien, où elle réclame un schéma onusien incluant l’option d’indépendance. Le délai « 60 jours » paraît, au mieux, un coup d’accélérateur pour créer un momentum, au pire, une sur-promesse. Les observateurs indépendants soulignent d’ailleurs la complexité des nœuds : sécurité régionale, symbolique historique, et coûts politiques internes de tout compromis. 

À quoi ressemblerait un « deal » raisonnable ?

La piste la plus crédible ressemble moins à un grand soir qu’à une détente séquencée :

Paquet 1 : gestes sans renoncement — reprise des canaux diplomatiques, hotline sécuritaire, facilitation humanitaire.
Paquet 2 : économie et jeunesse — corridors logistiques, mobilité académique, co-incubation de startups « Maghreb Tech ».
Paquet 3 : sécurité partagée — coordination anti-trafics au Sahel, surveillance des frontières, mécanismes d’alerte rapide.

Le cœur du différend (Sahara) resterait à l’ONU, mais entouré d’un « pare-chocs » de confiance. Autrement dit, on cherche à faire baisser la température, sans prétendre régler, en deux mois, un conflit de 50 ans.

Les gains potentiels pour le Maroc et les garde-fous 

Pour Rabat, la détente structurée offrirait : (1) la consolidation internationale d’une position déjà soutenue par Washington depuis 2020, (2) la réouverture d’un horizon maghrébin au service de la souveraineté économique — énergie, transports, agro-logistique —, (3) un dividende de paix pour la jeunesse (emploi, mobilité, soft power). 

Mais vigilance : ne pas échanger la clarté stratégique de la position marocaine contre des « gestes » mal calibrés. La main tendue de SM le Roi ,constante, demeure un capital d’image et de stabilité ; elle doit s’inscrire dans un cadre où chaque pas est réversible si la partie adverse re-bloque. Dans le doute, priorité aux mesures win-win qui renforcent l’État social, l’innovation et la sécurité des personnes, en phase avec nos valeurs d’ouverture et d’égalité des chances.

Et l’Algérie ? Les ressorts d’un « oui » possible 

À charge, on dira que le système algérien n’a pas d’incitation domestique à une détente rapide. À décharge, on notera :

la pression économique (diversification hors hydrocarbures),
la compétition d’influences (Russie/Chine/Turquie) qui rend utile un canal direct avec Washington,
la possibilité d’un face-saving gradué, où Alger acte des gestes techniques sans valider la doctrine marocaine.

Les déplacements de Massad Boulos à Alger indiquent au minimum que les États-Unis « parlent » et testent des portes. 

Ici, un diplomate européen résume : « Une détente utile, ce n’est pas l’adhésion à l’autre narrative ; c’est l’acceptation d’un voisinage gérable. » Cette phrase, simple, dit l’essentiel.

Le Sahara, nerf de la paix et point fixe américain

Personne ne fera l’économie du dossier saharien. Côté États-Unis, la position écrite depuis 2020 (Proclamation 10126) reconnaît la souveraineté marocaine et qualifie l’autonomie de « seule solution réaliste ». Cette ligne a été réaffirmée publiquement à l’été 2025. C’est un fait politique avec lequel Alger doit compter et que Rabat a vocation à capitaliser sans triomphalisme. 

Dès lors, la médiation américaine ressemble moins à une tabula rasa qu’à un case management : réduire la conflictualité, baliser l’agenda, et laisser l’ONU travailler, tout en verrouillant des bénéfices concrets pour les populations.

« 60 jours » : promesse trop belle ou fenêtre qu’il faut saisir ?

Faut-il croire au compte à rebours ? Oui, s’il est compris comme une fenêtre politique — créer l’urgence de traiter des irritants (incidents frontaliers, propagande hostile, blocages consulaires). Non, si on y voit la baguette magique qui réglerait souveraineté, mémoire et perceptions en huit semaines. La diplomatie, surtout au Maghreb, est une discipline de patience. Les Américains le savent — et les Marocains aussi.

Alors, que faire ? Tenir la main tendue, exiger la réciprocité, verrouiller les garde-fous, et investir dans les dividendes de la détente : jumelages universitaires, coopérations climatiques, chaînes de valeur automobile/électrique régionales, normes communes pour l’IA civique. Une paix utile n’est pas un slogan, c’est un travail. Et ce travail commence par des pas vérifiables, traçables, utiles aux citoyens des deux rives.

​La « Pax Americana » au Maghreb ne tombera pas du ciel.

Mais s’il y a un moment pour pousser des portes, c’est bien maintenant : l’Amérique a un cap, le Maroc a une main tendue, et la région a besoin d’air. Reste à transformer l’annonce en méthode — et la méthode en mieux-vivre.





Vendredi 24 Octobre 2025

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