Réinventer la création de valeur exportatrice
Le déficit commercial est un chiffre que l’on lit souvent comme une alerte pure. Pourtant, à 195 MMDH sur les sept premiers mois de 2025, soit un élargissement de près de 16%, il constitue davantage un diagnostic composite qu’un simple voyant rouge. La dynamique reflète l’empilement de mouvements divergents : une facture import tirée par l’énergie, des achats de biens d’équipement que l’on peut interpréter comme investissement différé en capacité future, et une phase de normalisation des prix internationaux de produits qui avaient artificiellement dopé les exportations en 2022–2023, notamment les dérivés phosphatés. Ainsi, le même indicateur agrège fragilité conjoncturelle et pari stratégique.
La composante énergétique reste un pivot sensible. Une volatilité des cours du pétrole et du gaz, sur fond de tensions géopolitiques persistantes, a renchéri la facture des hydrocarbures et de certains combustibles de transition, malgré l’accélération annoncée des capacités renouvelables. Chaque dollar supplémentaire sur le baril nourrit un effet multiplicateur en dirhams lorsque les besoins logistiques, aéroportuaires et industriels montent en régime. Dans le même temps, l’appétit pour des machines-outils, composants électriques et équipements automobiles signale la progression de segments industriels en montée de gamme (automobile électrique, aéronautique, électronique embarquée), mais creuse mécaniquement le court terme de la balance.
Côté exportations, la locomotive automobile continue de gagner des parts dans la composition, portée par l’assemblage de véhicules thermiques et l’extension progressive vers l’électrique. Néanmoins, l’élasticité prix sur certains marchés européens ralentis limite la progression en valeur. Les phosphates, après une phase haussière exceptionnelle liée aux ruptures d’approvisionnement mondiales et aux inquiétudes alimentaires post-conflit, ont cédé une partie de leur prime, comprimant la contribution relative du géant OCP. L’agroalimentaire, lui, affronte un double défi : adaptation climatique et concurrence accrue dans les segments à haute valeur ajoutée (produits transformés, nutraceutiques). En toile de fond, les services : tourisme en record, remises des Marocains résidant à l’étranger; amortissent partiellement le déficit marchand au niveau du compte courant, mais ne le neutralisent pas.
La question centrale devient alors celle du financement. Tant que les flux d’investissement direct étranger restent robustes et orientés vers des chaînes globales exportatrices, le déficit commercial peut être perçu comme le coût d’une phase d’intégration industrielle accélérée. Si, en revanche, la dépendance aux importations de biens intermédiaires ne s’accompagne pas d’un saut qualitatif local (montée de contenu domestique, R&D, capital humain technique), l’addition se transforme en vulnérabilité. La transition énergétique est ici un levier : substituer progressivement une fraction de la facture fossile par des capacités solaires, éoliennes ou hydrogène vert adossées à des clusters industriels produit un double dividende, balance et climat.
La logistique portuaire et ferroviaire doit évoluer vers un maillage plus inclusif des régions intérieures afin que la diversification exportatrice ne se concentre pas dans un corridor saturé. L’accord de libre-échange continental africain, encore en phase d’opérationnalisation graduelle, ouvre aussi des niches où le Maroc peut tester des offres intermédiaires avant la pleine maturité sur des marchés ultra-concurrentiels.
Le seuil des 195 MMDH ne signe donc pas une fatalité mais un pivot temporel. Il impose discipline analytique : distinguer déficit de consommation pure et déficit d’investissement, mesurer la vitesse de substitution locale d’intrants, objectiver l’impact attendu des stratégies sectorielles (automobile électrique, batteries, pharmaceutique). La crédibilité de la trajectoire dépendra d’indicateurs bientôt incontournables : contenu local moyen, intensité énergétique des exportations, ratio brevets-projets industriels. En attendant, la vigilance reste la meilleure alliée d’une ambition d’intégration soutenable.
La composante énergétique reste un pivot sensible. Une volatilité des cours du pétrole et du gaz, sur fond de tensions géopolitiques persistantes, a renchéri la facture des hydrocarbures et de certains combustibles de transition, malgré l’accélération annoncée des capacités renouvelables. Chaque dollar supplémentaire sur le baril nourrit un effet multiplicateur en dirhams lorsque les besoins logistiques, aéroportuaires et industriels montent en régime. Dans le même temps, l’appétit pour des machines-outils, composants électriques et équipements automobiles signale la progression de segments industriels en montée de gamme (automobile électrique, aéronautique, électronique embarquée), mais creuse mécaniquement le court terme de la balance.
Côté exportations, la locomotive automobile continue de gagner des parts dans la composition, portée par l’assemblage de véhicules thermiques et l’extension progressive vers l’électrique. Néanmoins, l’élasticité prix sur certains marchés européens ralentis limite la progression en valeur. Les phosphates, après une phase haussière exceptionnelle liée aux ruptures d’approvisionnement mondiales et aux inquiétudes alimentaires post-conflit, ont cédé une partie de leur prime, comprimant la contribution relative du géant OCP. L’agroalimentaire, lui, affronte un double défi : adaptation climatique et concurrence accrue dans les segments à haute valeur ajoutée (produits transformés, nutraceutiques). En toile de fond, les services : tourisme en record, remises des Marocains résidant à l’étranger; amortissent partiellement le déficit marchand au niveau du compte courant, mais ne le neutralisent pas.
La question centrale devient alors celle du financement. Tant que les flux d’investissement direct étranger restent robustes et orientés vers des chaînes globales exportatrices, le déficit commercial peut être perçu comme le coût d’une phase d’intégration industrielle accélérée. Si, en revanche, la dépendance aux importations de biens intermédiaires ne s’accompagne pas d’un saut qualitatif local (montée de contenu domestique, R&D, capital humain technique), l’addition se transforme en vulnérabilité. La transition énergétique est ici un levier : substituer progressivement une fraction de la facture fossile par des capacités solaires, éoliennes ou hydrogène vert adossées à des clusters industriels produit un double dividende, balance et climat.
La logistique portuaire et ferroviaire doit évoluer vers un maillage plus inclusif des régions intérieures afin que la diversification exportatrice ne se concentre pas dans un corridor saturé. L’accord de libre-échange continental africain, encore en phase d’opérationnalisation graduelle, ouvre aussi des niches où le Maroc peut tester des offres intermédiaires avant la pleine maturité sur des marchés ultra-concurrentiels.
Le seuil des 195 MMDH ne signe donc pas une fatalité mais un pivot temporel. Il impose discipline analytique : distinguer déficit de consommation pure et déficit d’investissement, mesurer la vitesse de substitution locale d’intrants, objectiver l’impact attendu des stratégies sectorielles (automobile électrique, batteries, pharmaceutique). La crédibilité de la trajectoire dépendra d’indicateurs bientôt incontournables : contenu local moyen, intensité énergétique des exportations, ratio brevets-projets industriels. En attendant, la vigilance reste la meilleure alliée d’une ambition d’intégration soutenable.












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