La présence d’administrateurs indépendants dans les conseils d’administration des entreprises publiques marocaines est désormais exigée. Mais dans les faits, leur rôle, leur influence et leur légitimité restent à construire.
Avec la mise en œuvre progressive de la réforme actionnariale de l’État, portée par l’Agence Nationale de Gestion Stratégique des Participations de l'Etat (ANGSPE), les conseils d’administration des entreprises et établissements publics (EEP) connaissent une transformation profonde.
Parmi les nouveautés, l’introduction d’administrateurs dits “indépendants” marque un tournant vers plus de transparence, de professionnalisme et de délibération stratégique. Mais que recouvre réellement cette indépendance dans le contexte marocain ? Et à quelles conditions peut-elle être crédible ?
Avec la mise en œuvre progressive de la réforme actionnariale de l’État, portée par l’Agence Nationale de Gestion Stratégique des Participations de l'Etat (ANGSPE), les conseils d’administration des entreprises et établissements publics (EEP) connaissent une transformation profonde.
Parmi les nouveautés, l’introduction d’administrateurs dits “indépendants” marque un tournant vers plus de transparence, de professionnalisme et de délibération stratégique. Mais que recouvre réellement cette indépendance dans le contexte marocain ? Et à quelles conditions peut-elle être crédible ?
Pourquoi des administrateurs indépendants ?
Dans les meilleures pratiques internationales, la figure de l’administrateur indépendant joue un rôle clé dans l’équilibre des instances de gouvernance. Il s’agit d’une personne extérieure à l’entreprise, n’ayant aucun lien capitalistique, contractuel ou d’intérêt direct avec celle-ci, et disposant d’une expertise sectorielle ou stratégique reconnue.
Son indépendance, à la fois intellectuelle et structurelle, lui permet d’exercer un jugement libre, y compris lorsqu’il est minoritaire ou en désaccord avec la majorité. Sa présence permet non seulement d’enrichir les débats, mais aussi de prévenir les dérives de gouvernance comme l’opacité, l’autocensure ou la complaisance. Elle renforce la redevabilité des entreprises publiques vis-à-vis de l’État actionnaire et, au-delà, du citoyen, tout en insufflant une culture du résultat et de la vision à long terme.
Son indépendance, à la fois intellectuelle et structurelle, lui permet d’exercer un jugement libre, y compris lorsqu’il est minoritaire ou en désaccord avec la majorité. Sa présence permet non seulement d’enrichir les débats, mais aussi de prévenir les dérives de gouvernance comme l’opacité, l’autocensure ou la complaisance. Elle renforce la redevabilité des entreprises publiques vis-à-vis de l’État actionnaire et, au-delà, du citoyen, tout en insufflant une culture du résultat et de la vision à long terme.
Une obligation réglementaire… encore molle
Au Maroc, le décret encadrant la gouvernance des EEP impose désormais la présence d’au moins deux administrateurs indépendants au sein de chaque conseil d’administration. Si l’ANGSPE veille à la mise en œuvre de cette mesure, plusieurs limites en réduisent encore la portée. Les critères de sélection manquent de clarté ou de rigueur, la rémunération proposée demeure largement symbolique, ce qui dissuade les profils les plus qualifiés, et les moyens mis à disposition, en termes d’accès à l’information, d’accompagnement ou de formation, restent insuffisants.
Surtout, la culture du débat contradictoire peine à s’imposer dans certaines instances, où la cooptation persiste en coulisses. Il arrive même que l’administrateur dit "indépendant" soit désigné par les mêmes réseaux qu’il est censé superviser. Dès lors, peut-on vraiment parler de contre-pouvoir crédible ?
Surtout, la culture du débat contradictoire peine à s’imposer dans certaines instances, où la cooptation persiste en coulisses. Il arrive même que l’administrateur dit "indépendant" soit désigné par les mêmes réseaux qu’il est censé superviser. Dès lors, peut-on vraiment parler de contre-pouvoir crédible ?
Une opportunité pour professionnaliser la gouvernance
La réforme visant à intégrer des administrateurs indépendants dans la gouvernance des établissements publics économiques (EEP) représente une opportunité majeure pour professionnaliser leur fonctionnement et renforcer leur crédibilité.
Ces administrateurs, issus de divers horizons tels que le secteur privé, l’académie ou la société civile, apporteraient un regard neuf et seraient en mesure de défendre l’intérêt général face aux logiques court-termistes. Leur rôle serait également de poser des questions essentielles sur les budgets, les dérives en matière de ressources humaines ou les priorités stratégiques, tout en devenant des relais de bonne gouvernance au sein des territoires.
En outre, leur présence pourrait préparer les EEP à des transformations structurelles telles qu’une ouverture partielle du capital ou une cotation en bourse, où l’indépendance de la gouvernance est un critère central de crédibilité. Cependant, pour garantir leur véritable indépendance et éviter toute façade de réforme, il est impératif de mettre en place des mécanismes robustes, notamment un comité national d’éthique et de sélection, une charte d’indépendance opposable, une formation continue obligatoire, ainsi qu’une rémunération attractive pour attirer des profils compétents. La publication annuelle d’un rapport sur la composition et l’activité des conseils, accessible au public, renforcerait encore cette dynamique.
Ces mesures permettraient de passer de la nomination politique à la compétence stratégique, et d’ancrer une gouvernance exigeante dans la durée.
Ces administrateurs, issus de divers horizons tels que le secteur privé, l’académie ou la société civile, apporteraient un regard neuf et seraient en mesure de défendre l’intérêt général face aux logiques court-termistes. Leur rôle serait également de poser des questions essentielles sur les budgets, les dérives en matière de ressources humaines ou les priorités stratégiques, tout en devenant des relais de bonne gouvernance au sein des territoires.
En outre, leur présence pourrait préparer les EEP à des transformations structurelles telles qu’une ouverture partielle du capital ou une cotation en bourse, où l’indépendance de la gouvernance est un critère central de crédibilité. Cependant, pour garantir leur véritable indépendance et éviter toute façade de réforme, il est impératif de mettre en place des mécanismes robustes, notamment un comité national d’éthique et de sélection, une charte d’indépendance opposable, une formation continue obligatoire, ainsi qu’une rémunération attractive pour attirer des profils compétents. La publication annuelle d’un rapport sur la composition et l’activité des conseils, accessible au public, renforcerait encore cette dynamique.
Ces mesures permettraient de passer de la nomination politique à la compétence stratégique, et d’ancrer une gouvernance exigeante dans la durée.
Vers une gouvernance adulte ?
L’introduction des administrateurs indépendants est un signal fort : l’État marocain accepte enfin que la bonne gestion ne peut être l’affaire de l’État seul. Mais pour que cette réforme soit autre chose qu’un affichage, il faudra la doter de règles du jeu transparentes, d’un vivier de talents crédibles, et d’une culture du débat à tous les étages.
Les entreprises publiques marocaines ont besoin de conseils d’administration vivants, stratèges, pluriels. L’indépendant ne doit pas être un figurant, mais un aiguillon, un garant, un bâtisseur de confiance.
Les entreprises publiques marocaines ont besoin de conseils d’administration vivants, stratèges, pluriels. L’indépendant ne doit pas être un figurant, mais un aiguillon, un garant, un bâtisseur de confiance.












L'accueil

















