Les partis politiques au Maroc ont un très sérieux problème de RH, aggravé d’une tenace prédisposition à détenir le pouvoir et à jouir de son apparat.
Mohand Laenser a dirigé le MP durant un bon tiers de siècle, Driss Lachgar semble reparti pour un énième mandat inchallah ce week-end, le PJD a alterné ces 20 dernières années entre Abdelilah Benkirane et Saadeddine Elotmani, au RNI Aziz Akhannouch partira quand et seulement quand il le voudra, lui, seul, Nabil Benabdallah en est à son 4ème mandat, et l’Istiqlal est tellement « barakien » qu’il a fonctionné deux ans et demi sans juger nécessaire, important et urgent de tenir son congrès. Le PAM, lui, c’est l’inverse, un peu moins d’une dizaine de patrons en 15 ans, avec trois actuellement !
Comment voulez-vous qu’une jeunesse connectée, pressée, intelligente et solidement ancrée dans son siècle se reconnaisse dans une telle structuration politique désuète, surannée ? Et de fait, selon plusieurs études menées par des organismes étrangers ou marocains, ils sont moins de 5% des jeunes à adhérer à un parti politique, et une écrasante majorité de ces jeunes (et même moins jeunes) considèrent les partis politiques comme corrompus (la définition de la corruption et ses méthodes étant très larges), inefficaces, déconnectés de leurs préoccupations et intérêts.
En revanche, ils sont près de 90% de ces jeunes à avoir accès à internet et aux réseaux sociaux.
Résultat logique et prévisible de ces données, Discord et GenZ ! Puis le discours de vendredi dernier 10 octobre.
Il est très important que les partis politiques se reconstruisent et recrutent car les élections de 2026 sont cruciales, et pas seulement pour le Mondial 2030. En effet, d’immenses chantiers attendent le pays : protection sociale, aménagement des zones montagneuses, littorales et rurales, dessalement et réforme agricole voire, un peu, agraire, l’emploi des jeunes par l’adéquation de la formation avec le marché du travail et, possiblement, idéalement, la mise en œuvre du Nouveau modèle de développement, largement ignoré par le gouvernement Akhannouch…
Jusque-là, l’ingénierie électorale, très ingénieuse et parfois trop, masque une réalité rude, qui est que les gens ne veulent pas voter, n’en voient pas l’utilité.
Et elles sont d’autant moins légitimes si on considère le gros bloc des députés de la nation en prison ou en jugement, une bonne quarantaine, une sorte de groupe parlementaire d’un genre nouveau ! L’ingénierie électorale sert donc de cache-misère, on masque, on enfouit les dysfonctionnements politiques et partisans.
Le roi a parlé et il a été clair pour ceux qui savent lire, les jeunes ont parlé et continuent, sans intention de s’arrêter, la société civile n’en peut plus de parler sur l’incurie de notre classe politique et de nos partis. Il devient urgent, crucial, presque vital pour la bonne tenue de ce pays que les personnels politiques se reprennent en prenant les décisions adéquates.
Si le PAM et l’Istiqlal veulent avoir une chance infime d’être un peu audibles durant la prochaine campagne, il leur appartient de prendre leurs distances avec le RNI, tant qu’il est encore temps (à eux de savoir placer le curseur de leur distanciation ), il leur revient d’exclure leurs membres ripoux et leurs députés indélicats, et il leur incombe de recruter dans leurs organes de direction des cadres de valeur et de talent. Il en existe beaucoup plus qu’on ne le pense, il suffit qu’ils soient convaincus.
Les autres partis, et essentiellement le PPS et le PJD, gagneraient à mettre en place un véritable langage politique et non plus seulement un discours de raison, qui plaît certes mais ne recrute pas.
Et tous les partis, tous, sans exception aucune, doivent se départir de cette logique et de cette sémantique « d’en haut ».
Que notre classe politique agisse sur elle-même pour qu’elle puisse agir institutionnellement ! Que les ministres politiques, et leur chef, osent aller devant les médias et participent à des débats contradictoires car si on accepte l’apparat de la fonction, il faut aussi en assumer le cambouis.
Autrement, la GenZ continuera et s’amplifiera, les élections prochaines se réduiront à une grosse perte d’argent et de temps, et les résidus d’espoirs restant encore s‘envoleront…
PAR AZIZ BOUCETTA/PANORAPOST.MA












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