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Djamel Belaid et ‘’L’ÉCHEC’’ du modèle agricole marocain


Djamel Belaid, ingénieur agronome et agrégé de Sciences de la Vie et de la Terre, auteur de L’agriculture en Algérie, ou comment nourrir 45 millions d’habitants en temps de crise, que son éditeur l’Harmattan et des sites de distribution de livres aiment présenter comme franco-algérien, a consacré dans TSA un article à l’agriculture marocaine au titre se passant de commentaire : Agriculture, l’échec du modèle marocain.



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Par Naim Kamal

TSA, un destin contrarié
TSA ou tout sur l’Algérie est un site algérien qui se veut premier media algérien francophone sur Internet. Et s’il le fut pendant un temps, notamment au moment du Hirak du peuple algérien, son curieux parcours a fini par éroder sérieusement le professionnalisme qui l’a fait prospérer. De pratiquement tous les médias algériens, TSA était la perle rare capable d’aborder le Maroc avec une certaine objectivité et d’avoir sur l’affaire du Sahara un regard pas constamment conforme à la litanie officielle.

Mais on ne sait trop pour quelle raison, il bifurque en cours de route armes et bagages pour épouser avec zèle la thèse officielle d’Alger dans le traitement de tout ce qui se rapporte au Maroc. A-t-il été l’objet d’une mise au pas ? Probable. Il réussit toutefois à garder ses distances avec le pouvoir et une certaine aile de l’armée en particulier. Pendant les deux ans du Hirak, il est une source d’information inestimable sur le déroulement des évènements et une tribune où l’on pouvait croiser le foisonnement des idées et des débats qui agitaient alors l’Algérie en effervescence. Puis plus rien. A l’instar de toutes les voies dissonantes, il rentre dans les rangs et s’aligne au même titre que tout ce qui bougeait en Algérie.    

 Une compilation des experts marocains
C’est donc sur les colonnes de ce site que Djamel Belaid a évalué et définitivement condamné le modèle agricole marocain à l’échec, offrant en guise d’analyse une compilation de ce qui se dit au Maroc. Grossièrement, il reprend ce que des chercheurs marocains en fonction ou à la retraite, sans être toujours entendus, ont exprimé et fait l’objet de débats médiatiques sans le moindre tracas. On ne peut pas dire autant, pas plus loin que septembre dernier, du journaliste algérien écroué pour avoir publié de supposées «fausses informations» sur le renvoi vers l'Algérie de dattes exportées au motif qu'elles contenaient des substances nocives.

Nul doute, la récurrence de la sécheresse, celle de 2021-2022 ayant été particulièrement sévère, a mis à mal l’agriculture marocaine et à nu les dégâts de certaines cultures, celles-là même qu’il énumère dans son article citant cette fois-ci son compatriote l’agroéconomiste Omar Bessaoud qui, dissimulant mal son plaisir, dit : « Le Maroc est fier d’annoncer qu’ils sont les premiers exportateurs de fruits rouges et de pastèques en Europe, qu’ils ont surpassé l’Espagne sur les exportations de tomates en Grande-Bretagne et sont un partenaire privilégié dans les exportations d’agrumes en Russie ! […] La pastèque de Zagora est sur le marché français dès avril alors que la population (marocaine) manque d’eau. Le barrage de la région (Agadir) étant utilisé par les grands producteurs de pastèques et de melons. » 

Suit ce que tous les Marocain savent de l’usage fait de l’eau, les nappes phréatiques malmenées, le goutte-à-goutte dévoyé, les pompages illégaux etc. Mais parler d'échec, c'est sous-entendre (ou souhaiter) une situation de non-retour, une rectification impossible ou un rattrapage inenvisageable. 

Ce que l’on peut et ce que l’on peut pas

Si l’on peut, certes, reprocher aux intervenants dans la politique agricole et dans sa mise en œuvre ses insuffisances et ses déviances, on ne peut accuser l’agriculture de ne pas avoir permis au pays de traverser des sècheresses itératives sans véritable rupture sociale ou d’approvisionnement.

Outre qu’elle assure depuis trois quarts de siècle les besoins du pays tout au long de l'année dans tous les produits (légumes, fruits, lait, viandes, rouges et blanches, œufs…) sans la contrainte pour les Marocains de se lever aux aurores pour s'assurer une bonne place dans une file d’impatiences, l’agriculture marocaine réalise plus de 5 milliards d'euros à l'export. Pas mal pour un pays qui n’est ni une monarchie ni une république pétrolière. Et pour reprendre la formule d’un ami encore profondément convaincu de l’idéal maghrébin, tout le mal que l’on peut souhaiter à la politique agricole algérienne (voire gazière), c’est de connaitre le même échec que la marocaine.

Evaluation et autocritique

Les aléas climatiques que la quasi-unanimité des experts estime irréversibles, contraignent aujourd’hui le Royaume à une pause pour procéder à l’évaluation et si nécessaire à l’autocritique. Il s’agit pour les intervenants dans le secteur de traduire les directives royales, le makhzen selon l’expression favorite du régime algérien, en projets concrets à l’horizon 2026.

Quatre ans, c’est demain. La campagne agricole 2022-2023 c’est déjà aujourd’hui et il faudra l’engager dans les conditions difficiles du contexte climatique et géopolitique international que l’on connait. La gestion des ressources en eau n’est pas des défis les plus aisés à affronter tant les mauvaises habitudes ont la peau dure. Il est question, selon les directives royales d’un objectif de 550 milliards de DH et de 500 mille emplois à créer d'ici l’horizon fixé par la Charte des investissements. (Lire l’article de Abdeslam Seddiki : L’eau et l’investissement productif…)

A l’évidence, ce n'est pas à Rabat que la partie se jouera, mais sur le terrain et les terres appelés plus que jamais à faire bouger les choses moyennant la décentralisation qui doit assumer ses prérogatives et une déconcentration qui peine depuis une décennie à se mettre en place, le "Central" s’entêtant à ne pas lâcher le morceau.

Reste Djamel Belaid. Sa pertinence, pour qu’elle corresponde à quelque chose de vrai,  devrait se défaire de cette constance toute algérienne d’appréhender le Maroc à travers un prisme qui a de tout temps faussé les calculs d’Alger et la perception qu’ont les voisins du Royaume. L’ingénieur agronome et son pays natal gagneraient à faire bénéficier l’Algérie de son savoir, de son expertise, pour mettre en œuvre les recommandations de son livre, qui permettraient enfin à l'agriculture algérienne de "nourrir 45 millions d’habitants". 

Rédigé par Naim Kamal sur Quid 



Mercredi 19 Octobre 2022


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