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Dossier Tourisme : Transparence réglementaire : que manque-t-il encore ?


Rédigé par le Vendredi 20 Juin 2025

Dix ans après l’adoption de la loi 80-14, le Maroc amorce enfin une réforme en profondeur de son dispositif de classement hôtelier. Simplification, harmonisation, montée en qualité : les ambitions sont affichées, les premiers arrêtés publiés. Mais la mutation sera-t-elle au rendez-vous ? Jalil Benabbés-Taarji, opérateur de référence et past président des FNT et ANIT, analyse pour nous les enjeux, les avancées, et les zones grises d’une réforme attendue autant que redoutée. Un entretien sans concession sur les promesses et les angles morts de cette relance réglementaire, qui pourrait bien redessiner le visage du tourisme marocain.



Monsieur Benabbés-Taarji, selon nos informations, trois décrets d’application prévus par la loi 80-14 n’ont toujours pas été publiés à ce jour. Pouvez-vous nous dire de quoi il s’agit concrètement ? Et à votre avis, pourquoi ces textes tardent-ils encore à voir le jour ? S’agit-il de blocages techniques, politiques, ou d’arbitrages encore en suspens ?

Réponse :

Effectivement, vous soulevez un point important et souvent passé sous silence. Si la publication des cinq arrêtés récemment annoncés constitue une avancée considérable et très attendue, il est vrai que trois textes réglementaires essentiels manquent encore à l’appel pour que le dispositif d’application de la loi 80-14 soit pleinement opérationnel. Et leur absence retarde certains pans fondamentaux de la réforme.

À ma connaissance, ces textes concernent notamment :

Le cadre juridique de l’hébergement chez l’habitant, qui touche à un secteur très sensible, à la croisée de l’informel et de la valorisation de l’hospitalité rurale.

La réglementation spécifique des bivouacs, une forme d’hébergement en pleine expansion dans les régions sahariennes et montagneuses, mais encore juridiquement floue.

Le troisième concerne les hébergements dits “alternatifs”, incluant des concepts récents tels que les cabanes, conteneurs aménagés, bulles, ou même les écolodges mobiles. Ce segment est en plein essor, notamment auprès des clientèles éco-sensibles et jeunes. 

Pourquoi ces textes ne sont-ils pas encore publiés ? Il y a plusieurs raisons possibles, que je dirais plutôt techniques et structurelles que politiques. D’abord, ces formes d’hébergement sont très hétérogènes, souvent nouvelles, parfois non codifiées internationalement. Il est donc difficile d’élaborer des référentiels précis sans tomber dans des règles rigides qui bloqueraient l’innovation ou excluraient de facto des acteurs locaux.

Ensuite, il y a sans doute un besoin de concertation renforcée avec les régions concernées, les opérateurs de terrain, et les représentants des communautés locales. Car intégrer, par exemple, les bivouacs dans une logique réglementaire ne peut se faire sans réflexion sur les questions environnementales, foncières, sécuritaires et même culturelles. L’État veut avancer prudemment, et c’est compréhensible.

Il y a aussi un sujet de régulation du secteur informel : comment encadrer sans étouffer ? Comment formaliser sans exclure ? Comment valoriser sans favoriser la spéculation ? Ce sont des arbitrages délicats. Ces textes devront à la fois rassurer les clients, sécuriser les opérateurs sérieux, et permettre une transition douce vers la formalisation. Ce n’est pas simple.

Enfin, je pense que le ministère a choisi une approche progressive : commencer par les segments les plus structurés, poser une base solide, et ensuite élargir. Ce choix peut se défendre, à condition que les textes manquants ne tardent pas trop, car ils concernent justement les marges du système, là où se joue l’innovation et la démocratisation du tourisme. 

En résumé, ces trois textes ne sont pas absents par oubli. Ils font l’objet d’un travail en cours, sans doute plus complexe que prévu. Mais leur publication sera déterminante pour achever la réforme dans un esprit de cohérence et d’inclusivité. Et nous, professionnels, serons évidemment très attentifs à leur contenu, car ils dessineront aussi le visage du tourisme marocain de demain : plus diversifié, plus accessible, mais aussi plus responsable.

 

Pour découvrir l'interview en entier, feuilletez le numéro du 23/06 de l'ECO-BUSINESS ci-dessous.






Vendredi 20 Juin 2025

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