On nous promet une meilleure régulation des prix et un tourisme plus accessible grâce à la diversification de l’offre. En tant qu’opérateur, pensez-vous que cette promesse est tenable dans un contexte d’inflation, de hausse des coûts et de saisonnalité exacerbée ?
Réponse :
C’est une promesse qui, je le crois, part d’une intention sincère et nécessaire : rendre le tourisme marocain plus inclusif, plus accessible, notamment pour les classes moyennes marocaines, mais aussi pour les clientèles internationales qui comparent les prix au centime près sur les plateformes. Toutefois, la question est délicate, car elle se situe à l’intersection de plusieurs tensions : économiques, sociales, et même structurelles.
Il faut rappeler que nous sortons d’une période de crise sanitaire puis d’inflation généralisée, où les coûts d’exploitation ont explosé : matières premières, énergie, masse salariale, fiscalité locale, mise à niveau des infrastructures, etc. Dans le même temps, les exigences des clients, qu’ils soient nationaux ou étrangers, ne cessent d’augmenter. Ils veulent plus de confort, de services, de personnalisation — tout cela a un coût.
Dans ce contexte, parler de “régulation des prix” ne doit surtout pas être compris comme un appel à l’intervention directe de l’État sur les tarifs, car cela serait à la fois contre-productif et irréaliste. En revanche, diversifier les modèles d’hébergement — bivouacs, hébergement chez l’habitant, formats alternatifs — et les faire entrer dans le cadre légal peut effectivement introduire plus de fluidité dans l’offre et créer des paliers tarifaires plus lisibles. C’est là que se trouve le vrai levier.
Nous avons besoin d’un tourisme à plusieurs vitesses, non pas dans une logique d’inégalité, mais dans celle de l’adaptation à des segments différenciés. Le Maroc ne doit pas être seulement une destination de luxe ou de résidences 5 étoiles. Il doit aussi être capable de proposer des séjours de qualité à 500 ou 700 dirhams la nuit pour une famille marocaine. Cela suppose une meilleure structuration des petits opérateurs, une montée en qualité des maisons d’hôtes, des auberges, des logements alternatifs. Et pour cela, il faut les accompagner, les former, leur ouvrir l’accès au financement.
Autre point : la saisonnalité. C’est un vrai défi. On observe chaque été ou pendant les grandes vacances une explosion des prix dans certaines destinations, liée à une concentration de la demande et à une offre encore rigide. Pour lisser les prix, il faudra donc travailler sur la diversification géographique (favoriser le tourisme intérieur dans l’arrière-pays), et sur la désaisonnalisation (événementiel, culture, sport, tourisme de bien-être). Cela permettra de répartir la pression et d’étaler la consommation touristique dans le temps.
Enfin, l’accessibilité passe aussi par l’offre de transport, notamment terrestre et aérien. Un hôtel abordable ne sert à rien si le billet d’avion coûte le double du séjour. Il faut donc penser en écosystème : hébergement, transport, restauration, animations, tous doivent avancer de manière synchronisée pour produire une expérience accessible.
En résumé, rendre le tourisme plus abordable est possible, mais cela ne dépend pas d’un décret ou d’un plafonnement des prix. C’est une affaire d’intelligence collective, de diversité d’offres, de structuration du marché et de cohérence des politiques publiques. Et surtout, de confiance entre les opérateurs et l’État.
Réponse :
C’est une promesse qui, je le crois, part d’une intention sincère et nécessaire : rendre le tourisme marocain plus inclusif, plus accessible, notamment pour les classes moyennes marocaines, mais aussi pour les clientèles internationales qui comparent les prix au centime près sur les plateformes. Toutefois, la question est délicate, car elle se situe à l’intersection de plusieurs tensions : économiques, sociales, et même structurelles.
Il faut rappeler que nous sortons d’une période de crise sanitaire puis d’inflation généralisée, où les coûts d’exploitation ont explosé : matières premières, énergie, masse salariale, fiscalité locale, mise à niveau des infrastructures, etc. Dans le même temps, les exigences des clients, qu’ils soient nationaux ou étrangers, ne cessent d’augmenter. Ils veulent plus de confort, de services, de personnalisation — tout cela a un coût.
Dans ce contexte, parler de “régulation des prix” ne doit surtout pas être compris comme un appel à l’intervention directe de l’État sur les tarifs, car cela serait à la fois contre-productif et irréaliste. En revanche, diversifier les modèles d’hébergement — bivouacs, hébergement chez l’habitant, formats alternatifs — et les faire entrer dans le cadre légal peut effectivement introduire plus de fluidité dans l’offre et créer des paliers tarifaires plus lisibles. C’est là que se trouve le vrai levier.
Nous avons besoin d’un tourisme à plusieurs vitesses, non pas dans une logique d’inégalité, mais dans celle de l’adaptation à des segments différenciés. Le Maroc ne doit pas être seulement une destination de luxe ou de résidences 5 étoiles. Il doit aussi être capable de proposer des séjours de qualité à 500 ou 700 dirhams la nuit pour une famille marocaine. Cela suppose une meilleure structuration des petits opérateurs, une montée en qualité des maisons d’hôtes, des auberges, des logements alternatifs. Et pour cela, il faut les accompagner, les former, leur ouvrir l’accès au financement.
Autre point : la saisonnalité. C’est un vrai défi. On observe chaque été ou pendant les grandes vacances une explosion des prix dans certaines destinations, liée à une concentration de la demande et à une offre encore rigide. Pour lisser les prix, il faudra donc travailler sur la diversification géographique (favoriser le tourisme intérieur dans l’arrière-pays), et sur la désaisonnalisation (événementiel, culture, sport, tourisme de bien-être). Cela permettra de répartir la pression et d’étaler la consommation touristique dans le temps.
Enfin, l’accessibilité passe aussi par l’offre de transport, notamment terrestre et aérien. Un hôtel abordable ne sert à rien si le billet d’avion coûte le double du séjour. Il faut donc penser en écosystème : hébergement, transport, restauration, animations, tous doivent avancer de manière synchronisée pour produire une expérience accessible.
En résumé, rendre le tourisme plus abordable est possible, mais cela ne dépend pas d’un décret ou d’un plafonnement des prix. C’est une affaire d’intelligence collective, de diversité d’offres, de structuration du marché et de cohérence des politiques publiques. Et surtout, de confiance entre les opérateurs et l’État.












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