La régionalisation avancée impose aux entreprises publiques marocaines de sortir de leur centralisme historique pour devenir de véritables acteurs de proximité. Mais le passage du discours aux actes reste encore timide.
Depuis la réforme constitutionnelle de 2011, la régionalisation avancée est érigée en levier fondamental du développement équilibré du Maroc. Les discours se sont multipliés, les textes ont suivi, et les conseils régionaux ont été renforcés. Pourtant, un acteur majeur de l’investissement public reste encore insuffisamment mobilisé dans cette dynamique : les les entreprises et établissements publics (EEP).
Avec plus de 200 milliards de dirhams investis chaque année, les entreprises et établissements publics ont un poids décisif dans les infrastructures, les services, l’emploi local, et les politiques sectorielles. Pourtant, leurs pratiques restent souvent verticales, centralisées, peu intégrées aux logiques régionales.
Depuis la réforme constitutionnelle de 2011, la régionalisation avancée est érigée en levier fondamental du développement équilibré du Maroc. Les discours se sont multipliés, les textes ont suivi, et les conseils régionaux ont été renforcés. Pourtant, un acteur majeur de l’investissement public reste encore insuffisamment mobilisé dans cette dynamique : les les entreprises et établissements publics (EEP).
Avec plus de 200 milliards de dirhams investis chaque année, les entreprises et établissements publics ont un poids décisif dans les infrastructures, les services, l’emploi local, et les politiques sectorielles. Pourtant, leurs pratiques restent souvent verticales, centralisées, peu intégrées aux logiques régionales.
Des investissements publics encore trop centralisés
Selon les données disponibles, près de 70 % des investissements des EEP sont concentrés dans seulement cinq régions : Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra, Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Marrakech-Safi, et Laâyoune-Sakia El Hamra. Certaines régions comme Béni Mellal-Khénifra, Drâa-Tafilalet ou Guelmim-Oued Noun ne captent qu’une infime part de ces flux.
Cette concentration géographique reflète le poids prépondérant des grands pôles industriels et logistiques, mais aussi le manque de stratégie territorialisée au sein des EEP. Elle met en lumière une faible coordination entre l’État central et les conseils régionaux, ainsi qu’une vision de la performance encore trop déconnectée des enjeux d’équité spatiale.
Cette concentration géographique reflète le poids prépondérant des grands pôles industriels et logistiques, mais aussi le manque de stratégie territorialisée au sein des EEP. Elle met en lumière une faible coordination entre l’État central et les conseils régionaux, ainsi qu’une vision de la performance encore trop déconnectée des enjeux d’équité spatiale.
Une nécessité de reterritorialiser les EEP
Face à cette situation, plusieurs voix s’élèvent pour réinventer la gouvernance territoriale des EEP, notamment par la mise en place de plans d’investissement régionaux co-construits entre les EEP et les conseils régionaux, le déploiement de directions régionales renforcées dotées de réels pouvoirs d’adaptation, l’intégration de critères d’impact territorial dans l’évaluation des projets, ainsi que la nomination d’administrateurs indépendants issus des territoires concernés.
Ces orientations permettraient de passer d’un modèle “top-down” à un État investisseur de proximité, capable de répondre aux besoins spécifiques de chaque région : gestion de l’eau dans le sud-est, mobilité dans le Moyen Atlas, connectivité dans les zones rurales…
Ces orientations permettraient de passer d’un modèle “top-down” à un État investisseur de proximité, capable de répondre aux besoins spécifiques de chaque région : gestion de l’eau dans le sud-est, mobilité dans le Moyen Atlas, connectivité dans les zones rurales…
L’ANGSPE, trait d’union entre État et régions
En tant que bras actionnarial de l’État, l’Agence Nationale de Gestion Stratégique des Participations de l'Etat (ANGSPE) joue un rôle pivot dans la reterritorialisation des EEP. Elle impose la déconcentration des décisions d’investissement, intègre des indicateurs de développement régional dans les contrats d’objectifs, valorise les projets à fort impact territorial même lorsqu’ils sont moins rentables à court terme, et favorise la mutualisation interrégionale des infrastructures publiques, telles que plateformes logistiques, data centers ou parcs industriels.
Par ailleurs, elle facilite l’harmonisation des priorités régionales avec les stratégies sectorielles nationales, évitant ainsi doublons et incohérences.
Par ailleurs, elle facilite l’harmonisation des priorités régionales avec les stratégies sectorielles nationales, évitant ainsi doublons et incohérences.
Des EEP déjà engagées localement
Certaines entreprises publiques ont pris de l’avance en adaptant leurs actions aux besoins des territoires. L’ONEE ajuste ses projets d’électrification et d’assainissement en lien direct avec les régions. Barid Al-Maghrib développe des solutions logistiques adaptées aux zones enclavées. La SNTL et l’ONCF réfléchissent à la création de hubs logistiques régionaux.
De son côté, l’OCP, à travers son programme Act4Community, mène des initiatives en agriculture et en éducation locale. Toutefois, ces démarches restent souvent fragmentées, peu coordonnées et insuffisamment suivies à l’échelle nationale.
De son côté, l’OCP, à travers son programme Act4Community, mène des initiatives en agriculture et en éducation locale. Toutefois, ces démarches restent souvent fragmentées, peu coordonnées et insuffisamment suivies à l’échelle nationale.
Sans territorialisation, pas de performance durable
La régionalisation n’est pas un supplément d’âme. C’est la condition d’une performance équitable et durable pour les EEP. Sans ancrage territorial fort, l’entreprise publique risque de se couper des besoins concrets, de mal cibler ses investissements, et de perdre en légitimité sociale.
La réforme actionnariale menée par l’ANGSPE est une opportunité unique pour corriger le déséquilibre entre centre et périphérie. Mais pour cela, il faudra briser la culture du “siège”, former des cadres à la gouvernance régionale, et co-construire avec les élus locaux une nouvelle carte des priorités publiques.
La réforme actionnariale menée par l’ANGSPE est une opportunité unique pour corriger le déséquilibre entre centre et périphérie. Mais pour cela, il faudra briser la culture du “siège”, former des cadres à la gouvernance régionale, et co-construire avec les élus locaux une nouvelle carte des priorités publiques.












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