Dans un contexte marqué par le recul des volumes pêchés, l’ONP accélère sa transformation. À fin novembre 2025, les produits de la pêche côtière et artisanale commercialisés via son réseau halles, marchés de gros et centres CAPI ont atteint 1,21 million de tonnes, pour une valeur globale de 10,28 milliards de dirhams. Ces résultats traduisent une baisse de 13 % en volume et de 4 % en valeur par rapport à 2024, principalement liée au recul des captures, notamment celles des navires RSW spécialisés dans la conservation en eau réfrigérée. Malgré ce repli, les marchés de gros affichent une relative stabilité. La deuxième vente enregistre même une légère progression en valeur, signe d’une capacité d’adaptation des circuits de distribution.

Le secteur halieutique demeure un levier majeur de l’économie nationale. Avec une production annuelle oscillant entre 1,4 et 1,5 million de tonnes, le Maroc figure parmi les principaux producteurs africains de produits de la mer. La pêche maritime contribue entre 2 et 3 % au PIB et représente jusqu’à 15 % des exportations agroalimentaires du pays. La pêche artisanale joue un rôle social déterminant, en alimentant les marchés intérieurs, en soutenant l’emploi côtier et en participant à la stabilité de territoires souvent vulnérables. L’industrie de transformation et d’exportation, tournée vers plus de 100 marchés internationaux, place la qualité, la traçabilité et la chaîne du froid au cœur de la compétitivité.

Pour répondre aux défis structurels et conjoncturels, le plan d’action 2026 de l’ONP déploie une stratégie à plusieurs niveaux. Sur le plan des infrastructures, il prévoit la construction d’une halle de nouvelle génération à Sidi Ifni, l’extension des halles de Boujdour, Labouirda et Lassarga, ainsi que l’achèvement des marchés de gros de Fès et Nador. Ces projets s’accompagnent de l’installation de nouvelles fabriques de glace afin de renforcer la chaîne du froid. En parallèle, la digitalisation s’impose comme un levier central, avec la généralisation des ventes aux enchères dans les halles encore non connectées et la finalisation du système national de classification ETPQ, destiné à améliorer la transparence et la conformité aux normes internationales.

Le Conseil d’administration, présidé par Zakia Driouich, secrétaire d’État chargée de la Pêche maritime, a insisté sur l’importance d’un appui ciblé à la pêche côtière et artisanale. Parmi les mesures prévues figurent la mise en œuvre de la convention relative aux sennes tournantes renforcées en Méditerranée, l’accompagnement des coopératives et la valorisation des produits locaux à travers des démarches de labellisation et des circuits courts à plus forte valeur ajoutée. Cette approche vise à améliorer la rentabilité des petits opérateurs tout en favorisant la durabilité des ressources.

Au-delà des investissements annoncés, la réussite du plan d’action 2026 dépendra d’un pilotage rigoureux et d’un dialogue constant avec les professionnels. Dans une filière exposée aux aléas naturels et aux exigences des marchés, la capacité à conjuguer vision institutionnelle et réalités de terrain reste la clé pour ancrer durablement l’économie bleue marocaine dans la performance, l’inclusion et la confiance.