L’analyse de la structure de détention montre une concentration notable : plus de 83 % de l’encours est détenu par des personnes morales étrangères non-résidentes. Les personnes physiques étrangères résidentes n’en détiennent que 7,3 %, ce qui traduit une prédominance nette d’acteurs institutionnels. Lorsque quelques grands porteurs concentrent l’essentiel des positions, la stabilité du segment devient mécaniquement plus sensible aux arbitrages ponctuels de ces mêmes institutions.
En valeur globale, l’investissement étranger a poursuivi sa tendance baissière, passant de 3,2 MMDH en 2023 à 1,7 MMDH en 2024. Les maturités couvertes vont de 0,3 an à 30 ans, signe d’un engagement diversifié mais globalement prudent. Un gestionnaire de fonds basé à Casablanca expliquait récemment que « la prime de risque locale ne convainc pas encore pleinement les gérants internationaux, surtout dans un cycle mondial où les marchés développés offrent davantage de visibilité ». Cette remarque, entendue dans les couloirs d’une conférence financière, reflète bien l’état d’esprit ambiant.
Par type d’instrument, les bons du Trésor restent prédominants et représentent 61,2 % de l’encours étranger en 2024. Leur part était néanmoins beaucoup plus élevée en 2023 (74,8 %), ce qui traduit un léger rééquilibrage vers d’autres supports en particulier les obligations conventionnelles. La part des obligations détenues par des investisseurs étrangers est ainsi passée de 14,7 % en 2023 à 22,1 % en 2024. En valeur, l’encours obligataire s’établit à 613 MDH à fin 2024, contre 632 MDH un an auparavant. Les certificats de dépôt affichent également un léger recul, à 462 MDH contre un niveau légèrement supérieur en 2023.
Ce mouvement n’est pas propre au Maroc. Partout dans les marchés émergents, la hausse des taux dans les économies avancées notamment aux États-Unis et en Europe a reconfiguré les flux d’investissements étrangers. Les investisseurs privilégient des environnements jugés plus sécurisés, où les rendements restent attractifs malgré une volatilité moindre. Dans cette configuration, capter l’épargne internationale devient un défi supplémentaire pour les économies émergentes, dont le Maroc fait partie.
Le recul à 2,8 MMDH de l’encours étranger en titres de créance ne doit pas être interprété comme une perte d’intérêt durable, mais plutôt comme un signal d’alerte. Pour renforcer l’attractivité du marché, le Maroc devra intensifier ses efforts de diversification des instruments, améliorer la liquidité et continuer à valoriser la stabilité de son cadre macroéconomique. Un dialogue régulier entre autorités, émetteurs et investisseurs reste essentiel pour transformer ce segment encore marginal en véritable levier de financement pour les projets publics et privés du pays.
-
Loi 25.14 : la fiscalité locale dans le flou
-
Mauritanie : les États généraux des assurances à Nouakchott un pari audacieux pour réveiller un marché moribond
-
Maroc : quatre secteurs concentrent 66 % des échanges étrangers à la Bourse en 2024
-
L’Office des Changes autorise le change via TPE et cartes bancaires internationales
-
70 millions d’euros de garantie européenne : un nouveau souffle pour les TPME marocaines












L'accueil




