Scolarité, mariage, contraception : ce que pensent vraiment les Marocains
Au Maroc, la première donnée qui frappe est le taux de soutien à l’éducation sexuelle à l’école : 4% seulement. Le rejet frontal atteint 40%, mais ce qui domine surtout, c’est la zone grise : 46% refusent de se prononcer. Un silence massif, rarement observé à cette échelle sur le continent. À l’opposé, Madagascar, Maurice ou le Cabo Verde frôlent les 90% de soutien… l’écart est vertigineux.
Mais l’enquête montre qu’il ne s’agit pas d’une opposition idéologique frontale. Sur d’autres sujets, les Marocains se montrent plus favorables. 51% estiment que les filles doivent continuer à étudier même en cas de grossesse. Une position partagée massivement au Gabon (97%) ou en Zambie (95%). Le Maroc reste en milieu de tableau, mais la tendance est nette : le maintien des filles à l’école gagne du terrain, malgré la sensibilité du sujet.
Sur l’autonomie des femmes, les perceptions évoluent mais restent contrastées. 65% des Marocains pensent que les femmes doivent décider elles-mêmes du mariage. Par contre, lorsqu’il s’agit du choix d’avoir des enfants ou du nombre d’enfants, le soutien tombe à 39%. Là encore, les taux de non-réponse sont frappants : 31% restent silencieux, signe d’un débat encore fragile dans l’espace public.
Concernant la contraception, le soutien demeure minoritaire :
– 21% approuvent l’accès indépendamment du statut marital.
– 11% indépendamment de l’âge.
Le rapport insiste : ce n’est pas un rejet massif, mais plutôt une attitude prudente, liée à la sensibilité culturelle et religieuse du thème.
Sur l’interruption volontaire de grossesse, l’écart entre perception et réalité est flagrant. Alors que plusieurs pays estiment l’IVG « courante », seuls 2% des Marocains affirment qu’elle est fréquente dans leur communauté. Une fois encore, 49% refusent de répondre, ce qui en fait l’un des taux d’hésitation les plus élevés d’Afrique.
Pour Afrobarometer, cette prudence s’explique par un contexte social en mutation : nouvelles générations plus informées, influence croissante des militantes féministes, et accès facilité à l’information en ligne. L’étude montre une idée claire : l’autonomisation des femmes ne progresse pas uniformément, mais elle progresse.
Les auteurs estiment enfin que les États africains disposent d’une fenêtre d’action importante : soutien public croissant pour la planification familiale, santé maternelle et lutte contre les pratiques néfastes. Pour le Maroc, cette enquête révèle un pays encore hésitant sur certains sujets, mais déjà engagé dans une lente transformation des mentalités.












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