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Enquête sur les VTC : quelle incidence économique pour le marché marocain ?


Rédigé par Lycha Jaimssy MBELE le Mardi 2 Décembre 2025

L’ouverture d’une enquête par le Conseil de la concurrence sur les plateformes de VTC marque un tournant décisif pour le secteur. Dans un contexte où le retour de Uber et la domination de inDrive bouleversent les équilibres, les conséquences de cette enquête pourraient redéfinir le modèle économique du transport urbain au Maroc.



Un marché VTC en forte croissance et en profonde mutation

Le marché marocain des VTC connaît un regain d’intérêt, porté notamment par la montée en popularité d’inDrive, la plateforme la plus téléchargée en 2024. Cette popularité s’explique par son modèle de négociation directe des prix entre passagers et chauffeurs, qui offre une flexibilité tarifaire particulièrement adaptée au contexte marocain. Selon une enquête 2025 de Sunergia, 18 % des Marocains déclaraient avoir déjà utilisé une application de VTC, et parmi eux, 96 % privilégiaient inDrive . Ce modèle attire aussi les chauffeurs : environ 30 % des conducteurs ayant rejoint inDrive en 2024 étaient d’anciens chauffeurs de taxi traditionnel . Ces éléments confirment la dynamique de croissance du marché et la position dominante d’inDrive dans le paysage VTC marocain.
 

L’arrivée récente d’Uber à Casablanca et Marrakech après une interruption de plusieurs années renforce la pression concurrentielle. Cette relance s’opère via des transporteurs agréés, ce qui marque un effort d’intégration dans le cadre réglementaire national. 
 

Sur le plan de la demande, des études récentes montrent que l’usage des VTC reste concentré dans les grandes villes, parmi les populations jeunes et urbaines, même si la part globale d’utilisateurs reste limitée. Cela signifie que le potentiel de croissance reste important, surtout si le cadre réglementaire évolue.


Une régulation en suspens un risque pour l’équilibre du marché

Le principal défi du marché VTC au Maroc demeure l’absence d’un cadre légal clair. Même si le ministère chargé des transports a récemment rejeté certaines demandes de licences pour des services de ride‑hailing, estimant que le transport de personnes via des applications mobiles ne correspond pas aux catégories autorisées. 
 

Cette situation de « zone grise » juridique expose le secteur à des incertitudes : des plateformes qui opèrent dans un vide réglementaire, des chauffeurs dont le statut reste flou, et des utilisateurs confrontés à un service parfois hors cadre officiel.
 

C’est dans ce contexte que la plainte de Itechia TV  éditeur de l’application locale Taxi Sahbi a déclenché l’enquête du Conseil de la concurrence. La société accuse certaines plateformes de VTC de « pratiques susceptibles de fausser la concurrence ». 
 

Cette initiative arrive à un moment charnière, où les flux d’investissement, la structure du service, et le positionnement des acteurs pourraient être fortement redistribués.


Enjeux économiques de l’enquête : concentration, barrières à l’entrée, modèle de revenu

Concentration du marché et dominance d’un petit nombre d’acteurs

Selon des données récentes, inDrive, Uber/Careem et Yango concentreraient environ 99 % de l’activité VTC au Maroc. Une telle concentration réduit la concurrence réelle entre plateformes, ce qui pourrait conduire à une distorsion des prix, une réduction de l’innovation, ou des barrières élevées pour les nouveaux entrants.
 

L’enquête du Conseil pourrait donc s’intéresser aux mécanismes de recrutement des chauffeurs, aux conditions d’adhésion, et au niveau des commissions pratiquées des éléments cruciaux pour juger de la santé concurrentielle du marché. 
 

Barrières à l’entrée et asymétries réglementaires

Le fait que le cadre légal reste flou pour les VTC crée un avantage pour les plateformes déjà en place au détriment de nouveaux entrants potentiels. Sans un cadre clair, les coûts d’entrée (licences, conformité, sécurité) restent imprévisibles ou élevés  ce qui freine l’émergence de concurrents, notamment des acteurs locaux.
 

De plus, le retour d’acteurs internationaux comme Uber, soutenus par des ressources conséquentes, peut accentuer les déséquilibres dans un marché encore immature.
 

Modèle économique et répartition des revenus

Un autre aspect sensible concerne le partage des revenus entre plateformes et chauffeurs. Pour inDrive, une part importante des conducteurs sont d’anciens chauffeurs de taxi, ce qui illustre la mutation du modèle de transport au Maroc.
 

La question de la commission prélevée par les plateformes et des marges réalisées sera au cœur de l’enquête. Si la commission est trop élevée, ou que le modèle désavantage les chauffeurs, cela pourrait poser des risques de précarisation et fragiliser l’offre à long terme.


Scénarios possibles et impact sur l’économie du transport urbain

  • Réglementation stricte et égalité des chances : Si l’enquête aboutit à des recommandations favorisant la transparence des conditions d’accès, l’obligation de licence et la limitation des marges, cela pourrait ouvrir le marché et encourager la concurrence, donnant naissance à de nouveaux acteurs y compris locaux et rationnaliser les prix.
     

  • Consolidation du marché existant : À l’inverse, si les grandes plateformes sortent renforcées, avec des conditions qui les avantagent, le risque est une quasi‑monopolisation, des pratiques fermées aux entrants, et peu d’incitation à l’innovation ou à l’amélioration du service.
     

  • Instabilité et retrait partiel : Un scénario plus pessimiste si la régulation reste floue, ou si les contrôles sont trop stricts pourrait décourager les plateformes d’investir ou les chauffeurs de rester, ce qui fragiliserait l’offre de mobilité dans les grandes villes.


Un enjeu stratégique pour l’économie marocaine

L’enquête ouverte par le Conseil de la concurrence ne concerne pas seulement un secteur de services, mais elle pourrait également redéfinir l’équilibre du transport urbain, l’investissement dans la mobilité, et le modèle économique des VTC au Maroc.
 

Dans un contexte de croissance urbaine, de demande accrue en transport flexible et d’essor des technologies numériques, le bon fonctionnement du marché VTC est devenu un enjeu macroéconomique. L’enquête pourrait favoriser la transparence, la concurrence loyale et l’émergence d’un cadre durable.
 

Pour les acteurs économiques, les investisseurs, les chauffeurs comme pour les usagers, l’évolution de ce dossier sera déterminante  non seulement pour l’offre de transport, mais pour l’ensemble de l’écosystème urbain marocain.






Mardi 2 Décembre 2025

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