Près de deux décennies auparavant, Zbigniew Brzezinski, un géopoliticien expérimenté, avait prédit avec précision la direction autodestructrice de la politique étrangère américaine, un avertissement que les États-Unis ont ignoré. Aujourd'hui, ses analyses sur la situation en Palestine, l'attitude d'Israël et des États-Unis, ainsi que leur désir de guerre contre l'Iran semblent se concrétiser, comme si les prédictions de Brzezinski prenaient vie.

Chaque jour, les médias mondiaux, principalement occidentaux, attribuent la responsabilité des événements actuels au Moyen-Orient aux Palestiniens.

Selon eux, le 7 octobre, les Palestiniens ont attaqué un Israël paisible, forçant ce dernier à se défendre. Ces médias dépeignent souvent les Palestiniens comme des terroristes, une étiquette que seule l'AFP évite d'utiliser.

Les événements du 7 octobre 2023 ne sont donc pas le début de la guerre à Gaza, mais plutôt un nouveau chapitre dans une longue série de conflits. Cette date marque une escalade significative dans la violence, mais elle s'inscrit dans un contexte historique et politique bien plus large.

Comprendre le conflit à Gaza nécessite une perspective historique. Les événements du 7 octobre 2023 ne sont pas isolés ; ils font partie d'une longue et douloureuse histoire de lutte anticoloniale. Pour avancer vers la paix, il est essentiel de reconnaître et de comprendre cette histoire complexe.

Il y a environ 18 ans, Brzezinski avait averti les autorités américaines qu'elles prenaient un mauvais chemin. Depuis, les dirigeants américains n'ont fait qu'empirer les erreurs, menant ce qu'ils appellent le "poste avancé de la démocratie occidentale" au Moyen-Orient vers un désastre.

Dans une interview avec le Financial Times, Brzezinski avait mis en garde contre une catastrophe imminente.

Il avait souligné que l'absence d'une solution juste au conflit israélo-palestinien pourrait mener à une situation d'apartheid, avec deux communautés séparées par la répression. Il avait aussi exprimé son inquiétude quant à une potentielle guerre contre l'Iran, soulignant les conséquences désastreuses pour les États-Unis, Israël et l'économie mondiale.

Selon Zbigniew Brzezinski, les terroristes ne naissent pas, mais le deviennent – ​​sous l’influence d’événements spécifiques, d’expériences personnelles, d’idées, de phobies, de mythes nationaux, de mémoire historique, de fanatisme religieux et de lavage de cerveau délibéré. Ils le deviennent sous l’influence de l’image télévisée, en particulier de l’indignation qui s’empare des gens lorsqu’ils voient que des étrangers armés jusqu’aux dents, à leur avis, piétinent grossièrement la dignité de leurs coreligionnaires. 

Dans un entretien au Spiegel, il faisait la remarque suivante : «Pendant la guerre froide, notre politique visait à unir nos amis et à diviser nos ennemis. Malheureusement, nos tactiques actuelles, y compris le langage islamophobe occasionnel, ont tendance à unifier nos ennemis et à aliéner nos amis».  

Il soulignait également un sentiment d'hostilité politique croissant envers les États-Unis, le Royaume-Uni et Israël, non seulement au Moyen-Orient mais aussi dans d'autres régions du monde qu’on désigne désormais de Sud Global

Zbigniew Brzezinski était un géopoliticien renommé, reconnu pour sa compréhension profonde des dynamiques internationales. Sa capacité à analyser et à prédire les tendances géopolitiques était largement respectée.

En tant que conseiller de sécurité nationale sous la présidence de Jimmy Carter, Brzezinski a joué un rôle clé dans la navigation des États-Unis à travers une période complexe de la Guerre Froide, y compris la normalisation des relations avec la Chine et les accords de Camp David.

Ses prédictions sur l'évolution de la politique étrangère, notamment concernant les relations américano-soviétiques et le Moyen-Orient, ont souvent été validées par le temps, démontrant sa capacité à anticiper les changements géopolitiques.

Brzezinski a eu une carrière distinguée en tant qu'académicien, auteur et conseiller politique, influençant la pensée stratégique et la politique étrangère américaine.

Certaines de ses politiques, notamment son soutien aux moudjahidines en Afghanistan dans les années 1980, ont été critiquées pour avoir contribué à des conflits de longue durée et à l'émergence de groupes extrémistes.

Brzezinski a été parfois perçu comme un symbole de l'impérialisme américain, en particulier par ceux qui s'opposent à l'influence des États-Unis dans les affaires mondiales.

Sa gestion de la crise des otages en Iran a été critiquée pour avoir potentiellement aggravé la situation, contribuant à une détérioration des relations américano-iraniennes.

Ses opinions et stratégies, bien que visionnaires pour certains, étaient souvent source de division, avec des critiques soulignant une approche parfois trop agressive ou unilatérale dans la politique étrangère.