Par Adnane Benchakroun
Depuis quelques années, le combat contre les fake news mobilise les rédactions, les plateformes numériques, les législateurs, et même l’intelligence artificielle. Fact-checking en série, cellules de veille, campagnes de sensibilisation : les moyens déployés sont nombreux… mais les résultats restent décevants. Car pendant qu’on s’épuise à éteindre les incendies de la rumeur, un autre feu couve en silence : celui de la perte de confiance dans les médias eux-mêmes.
Les fake news ont cette capacité déconcertante à muter, rebondir, séduire. Leur logique n’est pas celle de la véracité, mais de l’émotion, du choc, du partage viral. Et à ce jeu-là, les true news, sobres, vérifiées et responsables, semblent souvent condamnées à l’ennui. Face à un faux scoop qui fait 100.000 vues, un article sérieux plafonne à 300 partages.
Alors, faut-il continuer à jouer les pompiers de l’information ? Ou bien changer de logique ? Et si on réconciliait les citoyens avec leurs journalistes ?
Au lieu de construire des murs contre le mensonge, pourquoi ne pas bâtir des ponts vers la vérité ? Dans les rédactions marocaines, cette piste mérite d’être creusée. Car au fond, ce qui permet aux fake news de prospérer, ce n’est pas leur crédibilité… mais le vide de confiance laissé par les médias traditionnels.
Quand un citoyen doute de tout, même un fait vérifié devient suspect. Il ne suffit donc pas d’étiqueter les fausses informations : il faut restaurer l’appétit pour les vraies, revaloriser le travail journalistique, et surtout, rendre visibles les processus de fabrication de l’information.
Concrètement, cela passe par plus de transparence dans la rédaction : comment une information est-elle vérifiée ? Pourquoi certains sujets sont-ils traités et pas d’autres ? Il s’agit aussi de rapprocher les journalistes des citoyens : ouvrir les rédactions, organiser des rencontres, montrer les visages derrière les articles.
Et pourquoi ne pas co-construire certains contenus avec les lecteurs ? Les impliquer dans la recherche d’infos locales, les inviter à poser leurs questions, les aider à décrypter l’actualité. C’est une autre forme de journalisme, plus humble mais aussi plus humain.
Valoriser les true news, ce n’est pas une stratégie de repli. C’est un pari sur l’intelligence collective. Un média crédible, ce n’est pas un média parfait : c’est un média qui montre comment il doute, comment il vérifie, comment il rectifie.
À l’heure où les Marocains sont de plus en plus exposés à l’info en ligne, cette approche mérite d’être testée. Car on peut toujours faire autrement. Et peut-être même… mieux.












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