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Faut-il avoir peur des requins au Maroc


le Lundi 14 Décembre 2020



Article à écouter en podcast

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Des surfeurs et des plongeurs marocains ont à plusieurs reprises rencontré des requins dans les eaux côtières marocaines. Récit de quelques nez à nez à glacer le sang.

 

Depuis la sortie en 1975 du film «Les dents de la mer », la frayeur des requins hante les baigneurs dans les plages du monde entier. Beaucoup de scientifiques et écologistes accusent ce film d’avoir donné aux requins une image déformée et injuste. Les attaques de requins que subissent des baigneurs et des surfeurs dans plusieurs régions du monde –Australie et Afrique du Sud notamment- prouvent cependant que ces prédateurs ne sont pas complètement inoffensifs pour l’Homme et qu’ils peuvent dans certains cas et sous certaines latitudes s’avérer meurtriers. « Pour les surfeurs australiens, 2020 est une mauvaise année : le nombre d’attaques de requins est anormalement élevé. Il y a eu beaucoup de morts dont un jeune de quinze ans tué par un requin il y a quelques semaines », raconte Younes Fizazi qui pratique le surf au Maroc depuis trente ans.

Le requin du Sud marocain

Le plus impressionnant des squales est incontestablement le grand requin blanc. Devenu cauchemardesque malgré lui à cause du film « Les dents de la mer », le grand requin blanc doit en plus sa sulfureuse réputation à une physiologie de colosse si parfaite qu’elle n’a quasiment pas changé depuis des millions d’années. « Un surfeur australien a raconté dans un blog pour surfeurs qu’il était persuadé d’avoir observé un grand blanc en surfant à Tifnit », confie Younes Fizazi. En parcourant le site « wanasurf.com » dédié aux amateurs de surf, la fiche de Tifnit indique effectivement que le « spot » peut être éventuellement fréquenté par des requins. « Dans la région de Tantan, il y a un certain nombre de surfeurs qui ont rapporté des rencontres avec des requins tigres. Mais, à ce jour, il n’y a jamais eu aucun baigneur ou surfeur tué, blessé ou même attaqué par un requin. Malgré quelques rencontres, les face-à-face avec les requins au Maroc relèvent plus du mythe », nuance le surfeur.

Des rencontres déstabilisantes

Si les vagues de la façade méditerranéenne ne sont pas très propices au surf, les rencontres avec des requins n’en sont pas moins rapportées régulièrement, cette fois, par la communauté de plongeurs. « Les membres de notre association ont nagé à proximité de requins, à diverses occasions, notamment avec des requins-pèlerins –complètement inoffensifs- de très grandes tailles. Les rencontres les plus impressionnantes sont celles avec les grands requins blancs », confie Younes Baghdidi, président de l’association de plongée sous-marine et de protection de l’environnement de Fnideq. « C’était le cas pendant une séance de plongée dans le large d’Al Hoceima. Les plongeurs qui ont vécu cette rencontre avec le grand blanc nous ont raconté qu’ils ne sentaient plus leurs pieds tellement ils avaient eu peur. Heureusement, le prédateur a passé son chemin sans leur prêter aucune attention», poursuit Youness Baghdidi. Les plongeurs de Fnideq ont vécu trois autres nez à nez avec le grand blanc au large de Belyounech. Le super prédateur se contentait à chaque fois –heureusement pour eux- de les ignorer royalement.

Menace « presque » insignifiante

« La seule fois où un requin a rodé autour d’un de nos plongeurs, il était plus intéressé par les poissons accrochés à une bouée de plongée qu’au plongeur lui-même. Le requin avait alors tourné autour du plongeur puis a mordu et enlevé les poissons de la bouée pour s’éloigner juste après », raconte le président de l’association des plongeurs de Fnideq. Les requins n’auraient donc jamais attaqué personne au Maroc ? Pas si sûr. « Dans les années 70, je me rappelle qu’on avait rapporté des cas d’attaques de requins sur des baigneurs dans la façade méditerranéenne. Il y avait à l’époque une vraie peur de nager loin de la côte. Les requins étaient alors beaucoup plus abondants. Aujourd’hui, les espèces de requins sont rares et quasiment toutes menacées », souligne le Pr Mustapha Aksissou, enseignant de biologie marine à l’université Abdelmalek Essaâdi de Tétouan.

« De nos jours, la probabilité d’une attaque de requin au Maroc n’est pas égale à zéro. La menace, aussi infime soit-elle, n’est pas à exclure complètement », conclut le Pr Aksissou. La vigilance est de rigueur.


Rédigé par Oussama ABAOUSS le Dimanche 16 Août 2020 sur www.lopinion.ma  






Lundi 14 Décembre 2020

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