Premier enseignement du bulletin : l’État encaisse mieux. À fin novembre, les recettes ordinaires brutes atteignent 366,1 MMDH, en hausse de 15,8 % par rapport à 2024. Cette dynamique repose essentiellement sur la vigueur des recettes fiscales, qui progressent de 15,7 % pour s’établir à 319,1 MMDH.
Les impôts directs enregistrent la plus forte croissance. L’impôt sur les sociétés affiche une hausse spectaculaire, portée par les régularisations et l’amélioration des résultats des entreprises. L’impôt sur le revenu progresse également, soutenu par l’évolution des salaires et par la hausse des profits immobiliers, renforcée par l’opération de régularisation volontaire prévue dans la loi de finances 2024. La TVA reste le pilier des recettes, avec près de 88 MMDH en net, tirée aussi bien par l’importation que par la consommation intérieure. Les taxes intérieures de consommation, notamment sur les produits énergétiques et le tabac, contribuent également à cette progression.
Les recettes non fiscales en renfort
Autre moteur de la hausse : les recettes non fiscales, qui atteignent près de 47 MMDH, en augmentation de 16,3 %. Les versements des comptes spéciaux du Trésor et les recettes issues des monopoles publics jouent un rôle central. OCP, Bank Al-Maghrib et l’Agence de la conservation foncière figurent parmi les principaux contributeurs. En revanche, aucune recette de privatisation n’a été enregistrée sur la période, contrairement à l’année précédente. Un signal qui rappelle que la dynamique actuelle repose davantage sur les flux récurrents que sur des ressources exceptionnelles.
Des dépenses sous pression constante
Face à cette montée des recettes, les dépenses ordinaires atteignent 340,1 MMDH, en hausse de 15,5 %. Un rythme élevé, proche de celui des recettes, mais insuffisant pour contenir le déséquilibre global.
Les dépenses de personnel continuent de progresser, reflet d’une masse salariale structurellement lourde. Les dépenses de matériel connaissent une hausse marquée, notamment en raison des transferts vers les établissements publics et les comptes spéciaux. Les charges d’intérêts de la dette augmentent également, tirées par la dette intérieure, tandis que celles liées à la dette extérieure reculent. Seule note de modération : les dépenses de compensation, qui diminuent dans un contexte de baisse des charges liées aux produits subventionnés.
L’investissement public accentue le besoin de financement
Le véritable point de tension se situe du côté de l’investissement public. Les dépenses d’investissement atteignent 105,4 MMDH, en hausse de près de 20 %. Les charges communes et les transferts vers les comptes spéciaux expliquent l’essentiel de cette progression. Ce choix budgétaire confirme une orientation assumée : soutenir l’activité économique par l’investissement, quitte à creuser le déficit à court terme. Une stratégie cohérente avec les grands chantiers en cours, mais coûteuse en trésorerie.
Un déficit qui se finance autrement
Résultat mécanique : le besoin de financement grimpe à 89,6 MMDH. La nouveauté réside dans le retour en force du financement extérieur, qui contribue positivement, contrairement à 2024. Les tirages sur les marchés internationaux et auprès de la Banque mondiale allègent partiellement la pression sur le marché intérieur. Cela n’empêche pas la dette intérieure de continuer à augmenter, atteignant près de 800 MMDH, portée par des émissions sur les maturités longues.
À fin novembre, l’exécution budgétaire montre une collecte de recettes quasi conforme aux prévisions, mais une dynamique de dépenses plus difficile à contenir. L’année 2025 illustre ainsi une réalité claire : la performance fiscale ne suffit plus, à elle seule, à absorber la montée des charges et l’effort d’investissement. La trajectoire budgétaire reste sous tension, et les arbitrages de 2026 seront scrutés de près.












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