L'ODJ Média

lodj





France : quand la crise politique alimente la tempête financière


Rédigé par le Dimanche 21 Septembre 2025

La France traverse une zone de turbulences dont l’intensité surprend même les observateurs aguerris de sa vie publique. L’histoire retiendra peut-être que les avertissements de Charles de Gaulle, lorsqu’il se plaignait déjà de la difficulté à gouverner un pays aux multiples fractures, trouvent aujourd’hui un écho brutal. En moins de deux ans, quatre gouvernements sont tombés, incapables de contenir à la fois la colère sociale et l’instabilité parlementaire. Cette fragilité institutionnelle est venue se superposer à une crise financière aux répercussions profondes, posant la question de savoir si la cinquième puissance mondiale conserve encore les moyens de sa stature.



Paris en déséquilibre : la République face à ses fractures

L’un des déclencheurs de cette spirale se trouve dans les réformes fiscales impulsées par Emmanuel Macron. Le président, arrivé au pouvoir avec une promesse de modernisation, avait tenté dès 2018 une vaste réduction d’impôts, l’une des plus importantes depuis une décennie. L’objectif était double : redonner du souffle aux entreprises et renforcer l’attractivité de la France en Europe. Mais l’effet escompté s’est heurté à une conjoncture défavorable et à une opinion publique méfiante. La popularité de Macron a décliné de façon vertigineuse, transformant ses initiatives en symboles d’injustice sociale pour une partie des citoyens.

La pandémie de Covid-19 puis la guerre en Ukraine sont venues accentuer les déséquilibres. La flambée des prix de l’énergie, malgré les boucliers tarifaires mis en place, a épuisé les finances publiques et accentué le sentiment de précarité. Si la France a résisté mieux que certains voisins européens, le coût budgétaire s’est avéré exorbitant.

Les chiffres sont implacables. Le déficit budgétaire devrait atteindre 5,1 % du PIB en 2024, soit bien au-delà du plafond de 3 % fixé par Bruxelles. Quant à la dette publique, elle frôle désormais les 116 % du PIB, presque le double de la limite de 60 % imposée par l’Union européenne. La note de crédit de la France a été dégradée par Standard & Poor’s, signe que les marchés doutent de sa capacité à redresser la barre.

Un groupe d’experts a été mandaté pour dégager 10,2 milliards d’euros d’économies, mais la somme reste dérisoire au regard des besoins. La question des retraites, éternel serpent de mer de la politique française, cristallise toujours les tensions. Faute de consensus, les réformes se succèdent sans jamais parvenir à stabiliser un système devenu un gouffre budgétaire.

Instabilité et dettes : la double peine française

Sur le plan institutionnel, la décision d’Emmanuel Macron de convoquer des élections anticipées a plongé le pays dans une impasse parlementaire. Le scrutin de juillet a consacré un parlement éclaté en trois blocs – gauche, centre et droite – aucun n’ayant la majorité. Résultat : un pays privé d’une direction claire, où chaque tentative de compromis se heurte à une opposition frontale.

Dans ce contexte chaotique, Michel Barnier puis François Bayrou ont été successivement appelés à Matignon. Ni l’un ni l’autre n’ont réussi à imprimer une trajectoire cohérente, tant la machine politique paraît grippée. Chaque nomination ressemble davantage à un pansement posé à la hâte qu’à une véritable stratégie de sortie de crise.

Au-delà de la scène nationale, la situation française met en lumière un autre paradoxe. Membre fondateur de l’Union européenne, la France se retrouve aujourd’hui en porte-à-faux avec les normes budgétaires de Bruxelles. Les dépenses sociales représentent 31 % du PIB, un record mondial qui souligne à la fois le rôle protecteur de l’État et son incapacité à maîtriser les équilibres financiers.

Ce décalage alimente les critiques de ceux qui estiment que la France vit au-dessus de ses moyens et reporte sans cesse les ajustements nécessaires. Mais il nourrit aussi le discours de ceux qui jugent les règles européennes trop rigides, incapables de prendre en compte les réalités sociales d’un pays où la cohésion nationale repose sur un modèle redistributif ancien.

La crise actuelle dépasse largement les chiffres et les calculs budgétaires. Elle traduit un malaise démocratique profond, où les citoyens doutent de la capacité de leurs dirigeants à gouverner autrement qu’en réaction. L’instabilité ministérielle, les manifestations récurrentes et la méfiance vis-à-vis des institutions révèlent une érosion de la confiance civique.

La France, qui aime se penser comme phare politique et social, se retrouve dans la situation paradoxale d’un pays riche mais fragilisé, influent mais contesté, stratégiquement central mais en panne d’unité nationale. La crise qui secoue aujourd’hui Paris interroge non seulement l’avenir de la présidence Macron, mais aussi la place de la France dans l’équilibre européen.

Si les réformes échouent à rétablir la confiance et la stabilité, le risque est celui d’une marginalisation progressive, où l’Hexagone deviendrait plus spectateur qu’acteur de la scène mondiale.

Crise politique – déficit budgétaire – dette publique – instabilité gouvernementale – réformes fiscales – Union européenne – Emmanuel Macron – France – crise sociale – économie européenne






Mohamed Ait Bellahcen
Un ingénieur passionné par la technique, mordu de mécanique et avide d'une liberté que seuls l'auto... En savoir plus sur cet auteur
Dimanche 21 Septembre 2025

Breaking news | Analyses & Finance & Bourse | Gaming | Communiqué de presse | Eco Business | Digital & Tech | Santé & Bien être | Lifestyle | Culture & Musique & Loisir | Sport | Auto-moto | Room | L'ODJ Podcasts - 8éme jour | Les dernières émissions de L'ODJ TV | Last Conférences & Reportages | Bookcase | LODJ Média | Avatar IA Live


Bannière Réseaux Sociaux


Bannière Lodj DJ







LODJ24 TV
آخر الأخبار
جاري تحميل الأخبار...
BREAKING NEWS
📰 Chargement des actualités...

Inscription à la newsletter

Plus d'informations sur cette page : https://www.lodj.ma/CGU_a46.html
















Vos contributions
LODJ Vidéo