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HASSAN II et la bonne foi face à la mauvaise


L’Association Marocaine des Droits des Victimes (AMDV) que préside avec beaucoup d’entregent Aïcha Guelaa, une avocate à la barre et au moulin, a ce mérite d’occuper un espace déserté par la plupart de nos intellectuels à l’exception de quelques francs-tireurs que la bien-pensance globalisée et le politiquement correct labélisé made in Occident n’intimident pas.



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Par Naim Kamal

C’est que, semble-t-il, il serait plus fun, par exemple, de se faire l’avocat de Taoufiq Bouachrine que de prendre la défense de ses victimes. 

Avant d’aller plus loin, une mise au point s’impose : Ce n’est pas une absurdité de subodorer que les journalistes Bouachrine, Raissouni ou Radi aient été ciblés pour leur critique sans nuance et sans finesse du pouvoir. Il n’en reste pas moins que les faits retenus contre eux sont avérés. Et quand on épouse les postures qui sont les leurs, la moindre intelligence, la moindre congruence est de s’immuniser de toute part.

C’est qu’il est inadmissible qu’on se fasse les chantres de l’éthique et les parangons de la libre parole, dénoncer les abus vrais ou supposés du pouvoir et contrevenir par ailleurs aux fondements mêmes de la liberté et de la dignité en contraignant au sexe de jeunes femmes (ou garçon), qui plus est depuis une position de pouvoir. Un abus qui n’a pour synonyme que l’ignominie. 

Contre vents et marais 
Après le premier courage, donc, de s’être portée partie civile contre l’ancien patron de Akhbar Al Youm, l’AMDV s’est engagée dans la défense des victimes du vieux français Jacques Bouthier, sinistre héros du scandale de Tanger, une affaire de perversité et de prédation sexuelle où l’on n’entend pas beaucoup, ou même pas du tout, les mouvements féministes de l’autre rive méditerranéenne. Ni d’ailleurs Human Rights Watch qui a en revanche estimé plus judicieux dans son dernier rapport sur le Maroc de réduire sans vergogne les victimes de la prédation sexuelle de certains journalistes marocains à de simples instruments utilisés par le pouvoir pour réprimer la liberté d’expression et dissuader toute velléité de contestation. 

Mais il en faut beaucoup plus que Human Rights pour terroriser Me Aïcha Guellaa, les avocates et les avocats qui l’accompagnent dans cette aventure humaine, ou encore Me Fatima Chaoui, présidente de l’Association de la Lutte contre la Violence à l’égard des Femmes (AMVEF).

Leur réplique est venue mercredi dernier à Rabat par l’organisation d’une conférence de presse où Mustapha Sehimi a déployé tout son talent de professeur de droit, d’avocat et de politologue pour documenter les vices de fond et de forme qui entachent de bout en bout le rapport, réchauffé, intentionnellement partial et délibérément tendancieux de Human Rights.     

Une simple et mauvaise raison
Pourtant, chaque fois que semblables saines réactions sont organisées, on hésite à y prendre part. Pour la simple et mauvaise raison que leur utilité pose question : à quoi bon répondre à des ONGs, pompeusement qualifiées de Non Gouvernementales, pour suggérer une prétendue indépendance par rapport aux gouvernements de leurs pays ou de groupements d’intérêts, dès lors que quoi que l’on dise et quoi que l’on fasse, ce sera toujours du même au pareille, leur intention de base étant de chercher, et de vous trouver des poux dans la tête. 

Feu Hassan II qui savait de quoi il parlait, aimait rappeler « qu’Il ne faut pas perdre de temps à avancer des arguments de bonne foi face à des gens de mauvaise foi.»

Le géopoliticien Gabriel Banon, parlant de Human Rights, souligne que ‘’cette ONG devrait se pencher sur ce qui se passe dans son propre pays : discriminations, violences policières jusqu'au meurtre. Elle devrait également proposer au Sénat d’abroger les textes répressifs concernant l'atteinte à la sécurité du pays pour intelligence avec un gouvernement étranger. Mais HRW fonctionne comme GREENPEACE, ces deux ONG ne s'attaquant jamais aux organismes et installations américaines’’

Des outils de tutelle 
Ce qu’il faut retenir en définitive c’est que ces ONGs sont les missionnaires et les explorateurs des temps modernes. Les moyens ont changé, les techniques sont plus sophistiqués, mais l’objectif est toujours le même : Soumettre à l’ordre mondial établi tout ce qui lui est périphérique.  

Qu’il s’agisse de Human Rights, de Forbiden machin rendu célèbre par ses fumeuses révélations sur Pegasus ou encore du consortium des journalistes d’investigation, propagateurs des Panma papers - devenus par enchantement de fins limiers et de gentlemen cambrioleurs des secrets des banques et des officines les mieux gardés, on est en présence  d’outils, parmi tant d’autres, entre les mains de ceux qui décident pour le monde. Leur dessein à peine inavoué est de garder les Etats et leurs gouvernements sous tutelle, indépendamment des liens - ‘’partenariat stratégique’’, ‘’association avancée’’… - que tel ou tel pays du tiers monde peut entretenir avec ces ‘’alliés’’ bien plus qu’indélicats. 

La preuve par Snowden
L’affaire Pegasus en est une illustration édifiante. La NSA américaine, ses homologues chinoise, russe, française et autre britannique peuvent tel le Big Brother de Georges Orwell épier, surveiller, écouter, dispatcher, conserver impunément dans de gigantesques serveurs la respiration et le souffle du monde. Pour eux, ces opérations rentrent dans ‘’l’ordre naturel des choses’’. Pas si elles sont menées, ou supposées telles, dans le sens inverse. 

Ceux qui auraient un soupçon de doute sur l’ampleur des infractions au droit international et du viol généralisé de l’intimité des gens auxquels ils se livrent, n’auront qu’à lire Mémoires Vives d’Edward Snowden, ancien agent de la CIA et de la NSA devenu lanceur d’alerte.   

De tout temps, les puissances, quelles qu’elles soient, se valent. Elles édictent les normes, qui de ce fait deviennent universelles, imposables à tous. Et les remodèlent à volonté selon leur besoin du moment sans s’embarrasser de leurs contradictions. 

En Syrie, par exemple, pour camoufler la mosaïque islamiste activée contre Bachar El Assad, on l’a rebaptisée Armée de libération de la Syrie, la seule armée au monde sans commandement unifié. On leur adjoint des officiers de l’armée syrienne déserteurs ou retournés, pour dissimuler grossièrement une jonction suspecte avec des mouvances que les puissances occidentales combattaient par ailleurs en Afghanistan ou dans l’Irak voisin. En Tunisie, pour rendre fréquentable le parti islamiste Annahda, membre notoire de l’international des frères musulmans, on le qualifiera par glissement sémantique de formation ‘’d’inspiration islamiste’’.

Procès Lakoum
Dans cet art et cette manière de décourager les velléités d’indépendance des petits pays, si Human Rights occupe le créneau des droits de l’homme, d’autres ONGs sont dédiées, dans une parfaite répartition des missions, à d’autres besognes. Une telle est spécialisée dans l’initiation des ‘’autochtones’’ à l’utilisation optimale des possibilités qu’offre l’Internet pour les campagnes tendant à fragiliser les pouvoirs en place, non pas nécessairement pour les faire tomber, mais seulement et souvent pour les rendre malléables et coopératifs.

Une autre se consacrera à la formation à la démocratie et à l’usage de toutes les ‘’libertés’’ telles qu’exclusivement définies par les valeurs mouvantes de l’Occident, tandis que le travail d’une énième ONG consistera en le financement d’associations uniquement radicales et de supports papiers ou électroniques se réclamant d’une opposition sans concessions, mais aussi sans souci aucun pour l’éthique de la profession. 

L’exemple le plus patent de ce dernier cas au Maroc est celui du site Lakoum qui a fait de la provocation du pouvoir son unique raison d’être. En plein milieu de l’instruction judiciaire avec son directeur Ali Anouzla pour apologie du terrorisme, des soutiens du site ont jugé nécessaire de tenir dans l’urgence une conférence de presse pour reconnaitre, parce qu’ils ne pouvaient plus faire autrement, son financement par une ONG norvégienne.  

Sans rentrer dans le labyrinthe sans fin des sociétés écrans du financement et des ressources de ces ONG, une question s’impose : Pourquoi une ONG d’un pays de la lointaine Scandinavie financerait-elle un média comme Lakoum et pas un support comme le Quid.ma par exemple ? 

Terrorisme intellectuel
On laissera la réponse au libre arbitre de chacun et certainement qu’on nous taxera, pour nous réduire au silence, de ‘’conspirationnisme’’. Exactement comme autrefois, quand l’Union soviétique dominait la moitié du monde et exerçait son magistère idéologique sur la gauche et l’intelligentsia internationales, à une époque où l’on disait qu’il vaut mieux avoir tort avec Jean-Paul Sartre que raison avec Raymond Aaron, on taxait ‘’d’anticommunisme primaire’’, de ‘’valet de l’impérialisme’’ ou ‘’d’agent du sionisme’’ tout contestataire de l’usage que les Etats socialistes avaient fait du marxisme.

La triste vérité est que les puissances, aujourd’hui comme au temps de la Rome antique, fixent aux ‘’zones soumises’’ ou à soumettre un plafond de verre à ne pas dépasser en termes d’indépendance, de développement politique et économique, d’innovation scientifique et technologique. Sous peine de ! Les techniques évoluent, s’affinent, mais au fond restent les mêmes : exploitation des ressources, siphonage des cadres, phagocytage des compétences, et si nécessaire sanctions et embargo. Voire guerre ouverte et destruction totale. Même des pays de la puissance nucléaire de la Russie et de la force économique et technologique de la Chine n’échappent pas à cette règle de mise à l’index permanente. Que disent les occidentaux pour justifier leur hostilité à ces Etats ? Qu’ils représentent ‘’une menace’’ à leur ‘’civilisation’’. Traduisez : domination. 

Rédigé par Naim Kamal sur Quid 



Samedi 6 Août 2022


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